La Banque de France teste un indicateur climat auprès des entreprises les plus polluantes
Plusieurs centaines de sociétés expérimentent cette année un prototype d’indicateur climat développé par la Banque de France. L’institution pourrait ainsi ajouter à terme une nouvelle dimension à son activité de notation de la santé financière des entreprises.
Après la chasse aux délais de paiement à rallonge, la Banque de France ajoute une nouvelle dimension, encore expérimentale, à son activité de notation du risque de crédit des entreprises. Place cette fois-ci à la question du climat. L’institution financière teste cette année un indicateur climat auprès de plusieurs centaines d’entreprises, parmi les plus émettrices des secteurs les plus polluants. Il s’agit en clair de grandes entreprises industrielles et de transport.
« Ce prototype d’indicateur climat évalue l’exposition de l’entreprise au risque climatique sur la base de trois piliers », a indiqué Émilie Quéma, la directrice de la division entreprises de la Banque de France, jeudi 29 juin lors d’un point presse. Le premier pilier renvoie au risque de transition, qui consiste à évaluer si le modèle économique de l’entreprise est adapté au monde de demain. Le risque lié à l’implantation des diverses entités de l’entreprise dans des zones soumises à des inondations ou des sécheresses, par exemple, correspond au deuxième pilier, tandis que la maturité de l’entreprise vis-à-vis de ces risques représente le troisième pilier.
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Approche sectorielle
Jusqu’ici, la dimension ESG (environnementale, sociale et de gouvernance) était prise en compte seulement de manière relative, dans les 40 000 entretiens qualitatifs réalisés chaque année avec des dirigeants, sur un total d’environ 308 000 entreprises non financières ayant bénéficié d’une cotation en 2022. Pour rappel, les cotations réalisées par la Banque servent à évaluer la capacité des entreprises à honorer leurs engagements financiers à un horizon de trois ans.
« Avec l’indicateur climat, l’idée est de savoir si une entreprise fait mieux ou moins bien que son secteur, en comparant la situation de l’entreprise à la trajectoire nécessaire du secteur pour respecter l’accord de Paris sur le climat », a ajouté Émilie Quéma. Pour ce faire, la Banque de France a signé un partenariat avec l’Agence de la transition écologique (Ademe) dès mars 2022 pour appliquer certains fondements de sa méthodologie ACT (pour assessing low-carbon transition, ou évaluer une transition bas carbone). Celle-ci permet aux entreprises d’évaluer la maturité de leur stratégie de décarbonation au regard de l’accord de Paris.
Un résultat encore confidentiel
Les données à fournir peuvent varier en fonction des secteurs et des chemins de décarbonation propres à ces secteurs. La Banque de France collecte entre autres auprès des entreprises des plans de transition écologique, les volumes d’émissions dans les années à venir, les volumes de production associés… « Avec la CSRD [nouvelle directive européenne de publication d’informations extra-financières, ndlr], nous allons récupérer plus facilement les informations dont nous avons besoin, en tout cas pour les 12 000 à 15 000 entreprises françaises concernées », a précisé la directrice. Mais la Banque de France prévoit aussi d’étendre le dispositif au-delà du seul périmètre des entreprises concernées par la CSRD.
Pour l’instant, le résultat fourni est seulement communiqué aux entreprises participantes à la phase de test. « Il faudra au moins deux ou trois années de recul avant d’envisager un partage de cet indicateur aux banques, comme c’est le cas avec la cotation classique », a estimé Émilie Quéma.
La proportion de PME et d’ETI avec des cotes parmi les moins bonnes a reculé entre 2021 et 2022. Selon la Banque de France, cela s’explique par une amélioration globale de la santé financière des entreprises en 2022, avec des chiffres d’affaires et des fonds propres en hausse, des taux de marges élevés et un endettement en baisse. L’impact du changement de modèle de cotation, survenu en janvier 2022, serait lui marginal.
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