Les dirigeants d’entreprises prêts à agir pour l’environnement, la population française beaucoup moins
Selon la synthèse des études publiée par l’Ademe, les Français sont inquiets mais pas toujours disposés à accepter des mesures de politiques publiques en faveur du climat et de l’environnement. Et c’était avant le mouvement des gilets jaunes.
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a compilé plusieurs études dont un baromètre établi à l’été 2018 auprès de 1500 personnes et un autre auprès de 505 dirigeants d’entreprises. "L’avantage est d’avoir des séries longues (depuis 2000), cela change généralement très peu d’une année sur l’autre, ce qui immunise contre les effets de mode. Et quand cela change, c’est d’autant plus significatif", explique Solange Martin, sociologue de l’Ademe qui a mené l’enquête.
L’intérêt est notamment de voir une réelle fracture entre la moyenne des Français et les décideurs économiques. L’exemple de la taxe carbone est significatif. Les dirigeants d’entreprises sont favorables à son augmentation (69%), alors que l’avis est très partagé dans la population française (48% pour et 46 % contre). Et c’était avant le mouvement des gilets jaunes.
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Les décideurs économiques sont 79% à souhaiter une augmentation de la taxation des véhicules les plus polluants, contre 59% pour la moyenne des Français, 66% pour une taxation plus forte du transport aérien, contre 55%. Les dirigeants d’entreprises sont favorables à 85% à la généralisation des obligations de reporting environnemental.
Un contexte peu favorable pour l’environnement
"La défiance vis-à-vis des pouvoirs publics et des élites engendre un risque important de désengagement de la population française en faveur de la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique", prévient Solange Martin. En un an, on note une forte baisse des engagements. 51% (-9 points) des Français privilégient un changement important de leur mode de vie pour lutter contre le changement climatique.
Si les mesures suivantes restent largement majoritaires dans l’opinion, le taux d'adhésion des personnes interrogées a fortement baissé : installer dans les foyers des compteurs qui collectent les données de consommations pour permettre aux gens de faire des économies d’énergie (-15 points), taxer les véhicules les plus émetteurs de gaz à effet de serre (-10 pts), favoriser l’usage (voies de circulation, place de stationnement réservées, etc.) des véhicules peu polluants ou partagés (covoiturage) (-10 pts), obliger les propriétaires à rénover et à isoler les logements lors d’une vente ou d’une location (-9 pts),…
Et quand on touche à la voiture, la prise de conscience est minoritaire et en forte baisse : abaisser la vitesse limite sur autoroute à 110 km/h ne recueille que 37% d’avis favorable (en baisse de 8 pts) et seules 24% des personnes sondées sont favorables aux péages urbains,… en hausse de trois points.
Les Français sont prêts à faire des efforts s’ils sont justes. 77% d’entre eux veulent qu’ils soient partagés de façon juste entre tous les membres de notre société.
En fait, "l’environnement fait les frais d’un contexte peu favorable, analyse Solange Martin. La prise de conscience sur le changement climatique devient plus forte quand elle est portée par les politiques comme au moment de la COP21 ou en réaction à des déclarations choquantes comme celles de Donald Trump. Si les politiques ne s’emparent pas suffisamment du sujet, elle redescend dans l’opinion. Enfin, il n’y aura de transition acceptée que si elle est solidaire. La taxe carbone ne pourra revenir qu’avec une redistribution auprès des ménages les plus contraints." Mais après le mouvement des gilets jaunes, il faudra beaucoup de pédagogie pour convaincre les Français. Pourtant, ils sont encore 63% à penser que faute de mesures, les conditions de vie deviendront très difficiles !
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