Trois usines de Sequana placées en redressement judiciaire, 906 emplois en jeu
Marché surcapacitaire, hausse des prix de la pâte à papier et de la facture énergétique… Le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) a placé en redressement judiciaire trois usines de Sequana qui emploient 906 salariés. Cette décision fait suite au renoncement du néerlandais Fineska, qui envisageait leur reprise.
EMMANUEL GUIMARD
Mis à jour
09 janvier 2019
Les mauvaises nouvelles se succèdent pour les salariés des usines Arjowiggins de Bessé-sur-Braye (578 salariés), du Bourray à Saint-Mars-la-Brière (262 salariés), dans la Sarthe, ainsi que pour ceux de Greenfield, à Château-Thierry dans l'Aisne (76 salariés). Les trois usines ont été placées en redressement judiciaire, le 8 janvier, par le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine), vingt-quatre heures après que le groupe papetier français Sequana a demandé l’ouverture de procédures de sauvegarde et de redressement judiciaire pour ses filiales Arjowiggins et ses entités Arjowiggins Papers et Arjowiggins Creative Papers administrant ces trois sites industriels.
Les usines sarthoises d'Arjowiggins sont spécialisées dans les papiers couchés recyclés pour l'impression et l'écriture, ainsi que dans les papiers spécifiques, ceux des cartes à jouer notamment. Quant à Greenfield, elle transforme en pâte à papier de vieux papiers, dont ceux des journaux notamment.
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A la recherche de repreneurs
La procédure doit permettre de "rechercher toutes les solutions favorisant la poursuite de l’activité des divisions graphique et papiers de création d’Arjowiggins dans le cadre d’un plan de reprise pérenne, en préservant les intérêts de ses salariés, clients, fournisseurs et partenaires", fait savoir Sequana. Le groupe se dit confiant dans sa capacité à trouver des repreneurs pour ces activités "qui disposent d’équipes de très grande qualité au savoir-faire et au professionnalisme reconnus sur leurs marchés, de marques renommées en papiers fins haut de gamme et en papiers graphiques recyclés, de fortes positions sur des marchés techniques et de spécialité et d’un outil industriel unique dans la production de pâte à papier 100 % recyclée".
Fineska BV renonce
Pourtant, cette annonce fait suite à l’arrêt, le 27 décembre, des négociations qui étaient menées depuis six mois en vue de céder ces divisions à Fineska BV, maison-mère du groupe Eska, acteur néerlandais du carton graphique contrôlé par l’investisseur Andlinger & Company. Ces discussions ont tourné court dans "un contexte extrêmement dégradé des conditions de marché", expliqua Sequana. Le manque de visibilité sur l’exercice 2019 a fini par décourager Fineska BV. L’arrêt des négociations a entraîné le 3 janvier, le dépôt d'une plainte de l'association d'actionnaires minoritaires Asamis contre Bpifrance, premier actionnaire de Sequana avec 15,4 % de son capital. Le périmètre de cession, englobant les trois usines soumises à procédure collective, exploitait au total 8 sites industriels en France, au Royaume-Uni, en Espagne et en Chine et emploient plus de 2 000 personnes pour un chiffre d’affaires de 528 millions d’euros en 2017.
Un contexte défavorable
Déjà, en 2014, le groupe avait mené une lourde restructuration de ses activités papiers d’impression et d’écriture. "Arjowiggins, recentré sur les papiers techniques et de spécialité, avait démontré sa capacité à générer un cash-flow positif, notamment en 2017", est-il expliqué. Mais depuis juillet 2017, la société doit faire face à "une augmentation inédite et continue de ses coûts exogènes, en particulier de la pâte à papier qui a atteint ces derniers mois son niveau historiquement le plus élevé, dans un contexte de baisse structurelle des volumes en papiers d’impression et d’écriture". Des augmentations significatives des prix de vente se sont avérées insuffisantes pour répercuter ces hausses de coûts, sur un marché surcapacitaire. Qui plus est, le litige qui oppose Sequana au groupe British American Tobacco (BAT) depuis 2013, a entraîné une forte défiance de la part des partenaires du groupe, en particulier des assureurs crédit qui ont réduit leur exposition sur Arjowiggins, entraînant des tensions sur le besoin en fonds de roulement.
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