[Tribune] Le temps de la collaboration entre start-up et hôpital est venu

Pour combler le déficit de relation entre les start-up et les établissements de santé, le fonds de la Fédération hospitalière de France vient de lancer un guide d’information et de bonnes pratiques. Indispensable pour comprendre le fonctionnement de deux entités, Hospi’Up doit être enrichi d’un lieu de collaboration entre les deux entités et de directions innovation, explique Mehdi Ben Abroug, le cofondateur et dirigeant d'Ambler, opérateur digital de transport sanitaire.

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[Tribune] Le temps de la collaboration entre start-up et hôpital est venu
il est temps de mettre en place les conditions d’une coopération efficace entre établissements de santé et start-up, affirme Mehdi Ben Abroug, le cofondateur d'Ambler.

Début février, le fonds Recherche & innovation de la Fédération hospitalière de France (FHF) lançait un guide dédié aux hôpitaux et aux start-up. Baptisé Hospi’Up, ce guide a pour objectif de connecter deux mondes opposés dans leur fonctionnement, mais affichant la même envie d’innover. L’absence de coopération entre hôpitaux et start-up n’est donc pas le résultat d’un conflit culturel, comme il l’est souvent dit et écrit, mais celui d’un conflit opérationnel.

Or, aujourd’hui et, au regard de toutes les failles de notre système de santé, révélées notamment par la pandémie, il est temps de mettre en place les conditions d’une coopération efficace entre établissements de santé et start-up afin que chacun puisse partager ses expériences, ses connaissances, ses compétences et ses idées.


Start-up et hôpitaux, un conflit opérationnel et non culturel

En préambule, saluons l’initiative de la FHF. En effet, en éditant ce guide, la Fédération acte non seulement une problématique cruciale, mais apporte aussi des éléments de compréhension sur le fonctionnement des établissements de santé et des start-up. Organisés de façon pyramidale, les premiers ont de longs processus de décisions et sont garants de la sécurité des patients et de leurs données de santé. Dotées d’une trésorerie limitée, les start-up sont, quant à elles, pressées par le temps et leurs processus de développement de solutions et/ou produits sont basés sur l’itération.

Des structures opérationnelles opposées qui entravent la collaboration de l’écosystème. Pourtant, tous les établissements de santé reconnaissent leur besoin d’innover et d’utiliser les performances des nouvelles technologies pour améliorer sans cesse la prévention et le traitement les pathologies. La crise du Covid-19 illustre à merveille cet impératif d’innovation, que ce soit pour se prémunir ou pour lutter contre la maladie.

Mais comment favoriser cette coopération ? Quels leviers utiliser ?

Le bac à sable, courroie de transmission indispensable

Si 75 % des établissements de santé interrogés par le fonds FHF n’éprouvent aucune crainte à collaborer avec une start-up, 72 % n’ont en revanche jamais travaillé avec elles. Leur manque d’expérience et leur mauvaise connaissance du terrain font partie des raisons invoquées pour expliquer cette absence de collaboration. Pourquoi alors ne pas donner aux start-up le moyen d’élaborer leurs produits et/ou solutions directement avec les équipes médicales ? Pourquoi ne pas créer, dans chaque établissement de santé, un lieu, ou bac à sable, leur permettant de travailler par itération, ou test and learn ?

Cette courroie de transmission leur donnerait toute latitude pour tester in situ leurs offres, tout en raccourcissant le délai de décision de contractualisation avec les hôpitaux, diminuant ainsi leur fragilité financière. Et un tel processus fournirait aux établissements publics les moyens d’expérimenter et d’améliorer de nouvelles solutions sans risquer de s’engager dans des investissements importants.

Des directions innovation au sein des GHT

Si les entreprises privées ont bien saisi les bénéfices de l’innovation externe et ont créé des postes dédiés, les groupements hospitaliers de territoire (GHT) n’ont aucune fonction de ce type. Ainsi, 80 % des établissements de santé n’ont pas de processus dédiés à l’accompagnement d’innovation externe.

Les seuls interlocuteurs des start-up sont soit les directions achat, soit les directions fonctionnelles concernées par l’usage de la solution proposée. Et si les directions achats ne prennent jamais le risque d’investir dans une solution inconnue et dont elles ne savent pas évaluer le bénéfice (ROI), les services n’ont pas les cordons de la bourse.

Pourquoi alors ne pas créer des directions Innovation dans les 136 GHT ? Ces professionnels pourraient non seulement vérifier que les start-up remplissent les conditions nécessaires à leur référencement (conformité avec les réglementations, santé financière, solidité des équipes, etc.) et pourraient aussi, en collaboration avec les services concernés, évaluer les solutions proposées.

Longtemps jalousé par de nombreux pays, notre système de santé est aujourd’hui sous tension. Pourtant, nous avons d’un côté de nombreuses start-up riches en innovations médicales et, de l’autre, des professionnels d’établissements hospitaliers disposés à favoriser l’émergence de nouvelles solutions. Il suffit de fluidifier la collaboration, de sorte à ce que l’offre et la demande se rencontrent. Hospi’Up est un excellent levier qui ne demande qu’à être enrichi d’une initiative de « production » !

Par Mehdi Ben Abroug, cofondateur et CEO de Ambler, service d'optimisation des transports sanitaires.


Les avis d'experts sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs et n'engagent en rien la rédaction de L'Usine Nouvelle.

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