"Le gaz est toujours dangereux dans un environnement industriel"
Frank Haeseler, chef du département géochimie à l’Institut Français du pétrole, confirme qu’il existe un risque d’explosion sur la plateforme Elgin de Total en Mer du Nord. Si Total devait creuser un puits de dérivation, plusieurs mois pourraient être nécessaires pour stopper la fuite.
L'Usine Nouvelle - Quelle est la situation sur la plateforme Elgin de Total en Mer du Nord ?
Frank Haeseler - Nous n’avons pas d’accès à des informations particulières. Nous savons que la plateforme a été évacuée et qu’il n’y a eu aucun blessé ou mort, ce qui est le plus important dans l’immédiat. Il y a par ailleurs une alerte à l’émission de gaz, mais nous ne savons pas encore d’où ce gaz provient exactement. Trouver l’origine de cette fuite est difficile pour Total puisque le personnel compétent n’est plus sur le site. Enfin, il y a eu également un rejet d’hydrocarbures liquides dans la mer.
Avec cette fuite de gaz, y a-t-il un réel danger d’explosion ?
Le gaz est toujours dangereux dans un environnement industriel. Il y a un risque d’explosion si la concentration de méthane se situe entre 5 et 15 % dans l’air. Quand il y a une fuite, la concentration est de 100 % au niveau de l’origine. Puis en s’éloignant, cette concentration diminue jusqu’à atteindre la zone à risque où une explosion est possible.
Le puits d’Elgin-Franklin était un exploit technologique lors de sa construction. Est-ce que la complexité de ce puits est à mettre en cause ?
Il y a vingt ans, les réservoirs dits "Haute température, haute pression" étaient des objets que l’on commençait à peine à approcher et qui étaient largement inconnus. Aujourd’hui, l’industrie pétrolière a l’habitude de produire ce type de réserves.
Combien de temps faudra-t-il à Total pour stopper cette fuite ?
Difficile à dire. Il faut déjà que le pétrolier comprenne ce qu’il se passe avant de définir les solutions techniques à employer. L’explosion de la plateforme Deepwater Horizon de BP, sur le champ Macondo, dans le golfe du Mexique, avait eu lieu fin avril 2010. Les puits de dérivation ont été finalisés le 15 août suivant. Il a donc fallu environ trois mois. Si Total opte pour cette méthode, cette durée est un bon ordre de grandeur. Toutefois, dans le cas d’Elgin, il n’y a que 93 mètres d’eau à traverser contre 2000 dans le cas de l’accident de la plateforme de BP, ce qui simplifierait les opérations. Mais si le pétrolier a la possibilité d’agir au niveau de la surface, cela pourrait être beaucoup plus rapide.
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