Une journée marquée par des tensions entre "gilets jaunes" et automobilistes
Plus de 2 000 rassemblements de "gilets jaunes" se sont tenus partout en France ce samedi 17 novembre, pour protester contre la hausse des prix des carburants. Une femme est morte en Savoie, renversée par une automobiliste sur un barrage, et plus de 200 personnes ont été blessées.
Mis à jour
17 novembre 2018
En fin de journée, samedi 17 novembre, le ministère de l’Intérieur a estimé à 282 000 le nombre de "gilets jaunes" ayant participé à plus de 2 000 rassemblements à travers la France. Ce chiffre ne sera pas démenti par les organisateurs, il n’y en a pas... C'est la caractéristique la plus frappante de cette journée inédite de rassemblements initiés sur les réseaux sociaux: un mouvement protéiforme, sans porte-parole, avec des manifestants livrés à eux-mêmes, soulevant de nombreux problèmes de sécurité.
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Protestant essentiellement contre la hausse des prix des carburants, les manifestants ont organisé des barrages filtrants au niveau de ronds-points ou d’accès aux centres villes ou aux viaducs, ont ouvert les péages autoroutiers, ont ralenti la circulation sur les rocades et routes nationales en y organisant des opérations escargot, au volant de leurs voitures. D’autres ont défilé, comme les quelque 200 ou 300 manifestants qui ont descendu les Champs-Elysées, à Paris, où la mobilisation était faible - on a compté 1 200 manifestants au plus fort du mouvement. Beaucoup de "gilets jaunes" n'avaient jamais manifesté jusqu'ici...
Des blessés parmi les manifestants, percutés par des automobilistes excédés face aux barrages
La journée a commencé par un drame, à Pont-de-Beauvoisin, en Savoie. Une femme d’une soixantaine d’années a été tuée, renversée par une automobiliste qui, paniquée, a foncé dans les manifestants qui l’empêchaient de passer. D’autres manifestants ont été blessés par des automobilistes qui tentaient de forcer les barrages, à Arras (Pas-de-Calais), Arcachon (Gironde), Sarlat (Dordogne)…
Plusieurs policiers ont également été blessés par des automobilistes tentant de forcer les barrages. Là où les manifestations avaient été déclarées en préfecture et bien organisées, les "gilets jaunes" ne bloquaient pas le passage, mais laissaient passer les voitures au compte-gouttes ou les ralentissaient en occupant une ou deux voies de rocades. Le gouvernement avait prévenu qu’il ne tolérerait pas les entraves à la circulation. Vers 19 heures, le ministère de l’Intérieur dénombrait 227 blessés.
Des interpellations par la police
Faute d’organisateurs et de déclarations en préfecture, plusieurs rassemblements ont été démantelés par les policiers. A Dijon, où la mobilisation était forte, les policiers ont dû intervenir pour empêcher des manifestants de se rendre au centre-ville. Les organisateurs se sont fait déborder par des manifestants qui ont choisi un autre parcours que celui prévu. Près de Valenciennes, les CRS ont débloqué l’autoroute A2. En fin de journée, plusieurs manifestations se tendaient, notamment à Paris, où les manifestants ont tenté d’approcher de l’Elysée et où les policiers ont fait usage de gaz lacrymogène, comme à Quimper (Finistère). Le ministère de l’Intérieur a annoncé en fin de journée 117 interpellations, dont 73 ont débouché sur une garde à vue.
Les politiques font profil bas
Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), qui soutient le mouvement, a twitté à plusieurs reprises pour prendre la défense des manifestants.
#Macron avait dit : « qu’ils viennent me chercher ».
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 17 novembre 2018
C’est fait.#17Novembre #GiletsJaunes
Au sein de l'extrême-droite aussi, les leaders ne se sont pas montrés, mais ont laissé leurs troupes manifester leur ras-le-bol. Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, lui, n’a pas hésité à se montrer et à venir soutenir les "gilets jaunes" du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Les grandes centrales syndicales avaient décidé de ne pas se mêler du mouvement, même si leurs adhérents devaient être nombreux dans les rangs des "gilets jaunes". Philippe Martinez (CGT) appelant le gouvernement à revaloriser le SMIC pour répondre au désarroi des Français qui manifestaient ce samedi et Laurent Berger (CFDT) déclarant au Monde qu’il laissait le gouvernement "se débrouiller".
Dans la soirée, tirant les conséquences de la mobilisation, le secrétaire général de la CFDT a demandé à l'exécutif de réunir syndicats et associations pour "construire un pacte social de la conversion écologique".
J’appelle @EmmanuelMacron et @EPhilippePM à réunir très rapidement les syndicats, les organisations patronales, les associations pour construire un pacte social de la conversion écologique.
— Laurent Berger (@CfdtBerger) 17 novembre 2018
Justice sociale et écologie sont compatibles ! Il y a urgence.
Côté gouvernemental, c’est le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner qui est monté au créneau, présent toute la journée devant les télévisions et dressant régulièrement un bilan de la situation. On n’a vu ni entendu ni Edouard Philippe ni Emmanuel Macron. Le gouvernement ayant déjà lâché quelques mesures avant la journée de mobilisation des "gilets jaunes", difficile pour l'instant de savoir comment il va répondre à la colère qui s'est manifestée ce samedi. Surtout si elle dure.
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