Un gilet intelligent à la rescousse des rats de laboratoire
De la recherche à l’industrie, une entreprise lyonnaise se lance dans la conception de gilets qui mesurent les rythmes cardiaque et respiratoire des rats de laboratoire.
Un rat en gilet est un rat heureux. Plus exactement : un rongeur moins souffreteux. Des chercheurs de l’Université de Grenoble ont développé un gilet intelligent qui mesure les rythmes cardiaque et respiratoire des petits animaux de laboratoire. Une première mondiale, puisque l’étude des variables physiologiques chez le rat avait jusqu'à présent toujours requis la chirurgie.
François Boucher, co-responsable de l’équipe de recherche, énonce le principe : “le gilet est traversé par un fil conducteur autour du thorax. Par un système d’inductance, il va capter en continu les variations de la surface entourée. Des algorithmes retraitent ce signal très complexe et le traduisent en mesures pertinentes des débits respiratoire et sanguin”.
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Le chercheur ajoute que la fiabilité du modèle a été validée en comparant les résultats à ceux de la méthode classique : celle-ci consiste à placer un dispositif sur l’aorte, une opération invasive et pénible pour le rongeur. La veste remplacerait cette technique dans les tests cliniques de nouvelles molécules thérapeutiques. “L’opinion publique est très sensibilisée sur les pratiques expérimentales faites à l’animal au profit de l’homme, explique François Boucher. L’idéal est de convaincre aussi les acteurs commerciaux concernés : les entreprises pharmaceutiques.”
Pour une science plus animal-friendly
L’instrument intelligent, breveté sous le nom Decro, est le fruit de la thèse de Timothé Flennet. En mars, ce dernier a monté la société Etisense. “Nos plus grands concurrents sont les techniques actuelles, souligne le jeune entrepreneur, l’accès au marché va se faire progressivement. Les phases d’essai des médicaments sur les animaux, avant d’en arriver à l’homme, sont réglementées, cadrées, et surtout résistantes au changement.”
Les méthodes actuelles de suivi cardiaque emploient des implants ; pour lui donner le temps de récupérer, l’animal manipulé est enfermé dans une cage qui limite son mouvement. Le directeur d’Etisense table sur les avantages éthiques et scientifiques que Decro est capable d’offrir : “cette innovation va au-delà de la technologie. En préservant les animaux, elle répondra à une demande de plus en plus forte et permettra de réaliser des expériences de plus en plus diversifiées.”
Pour sa jeune start-up, partenaire de l’Ecole des vétérinaires de Lyon et d’un laboratoire pharmaceutique, Timothé Flennet prévoit une levée de fonds de l’ordre de 800 000 euros à la première moitié de 2019, puis la commercialisation de Decro au troisième trimestre.
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