[Tribune] Les technologies numériques, carburants essentiels pour passer à une économie verte

Après la crise, les crises. Alors que la pandémie du Covid-19 a des répercussions importantes sur les économies, elle nous exhorte plus que jamais à réévaluer nos modes de pensées. A cet égard, les technologies constituent de puissants leviers de transformation du monde. A l’avant-garde de la construction de la société de demain, elles permettent d’échafauder les piliers d’un modèle plus résilient sur le plan environnemental, estiment Aurélie Jean et Romain Mouton.

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[Tribune] Les technologies numériques, carburants essentiels pour passer à une économie verte
Aurélie Jean, docteure en sciences et entrepreneure, et Romain Mouton, président du Cercle de Giverny.

Qu’est-ce que la résilience sinon le fait d’opérer un changement suite à un choc ou une crise ? Au fil du temps, les sociétés sont traversées par différents cycles de transformation, modifiant progressivement le visage de notre monde. Et les technologies constituent un puissant catalyseur de ces changements. Alors que les risques écologiques et sociaux corrélés à la crise restent immenses, nous n’avons pas encore mesuré le potentiel que représentent les technologies.

Pourtant, la méfiance à leur égard est légitime. Le concept de "Green IT", visant à oblitérer leurs conséquences sur notre planète, a d’ailleurs réintroduit la notion de limites liées au progrès technologique. Seules des mesures d’impact efficaces seraient à même de mieux identifier les technologies néfastes pour l’environnement. En revanche, jeter le discrédit sur elles sans percevoir leurs externalités positives est une démarche vide de sens. Pire, elle occulte leur potentiel à résoudre les problèmes écologiques de notre temps : c’est grâce aux technologies que nous pourrons accélérer la transition énergétique et bâtir, enfin, un monde plus responsable.

Concrètement, la "Tech For Good", lorsqu’elle est effectivement positive pour l’environnement, se donne pour mission d’utiliser les nouvelles technologies pour répondre à des objectifs de développement durable, tels qu’ils sont définis par l’Onu. Et, en un laps de temps très réduit, elle a permis notamment de démultiplier le pouvoir d’agir des citoyens ainsi que leurs modes de consommation.

Opérer une révolution verte est plus que jamais indispensable pour incarner une réelle alternative à l’économie basée sur l’épuisement de nos ressources naturelles et sur le creusement des inégalités sociales. A cet égard, l’un des pans de la relance concerne la rénovation de bâtiments dits "verts". Lutter contre les passoires thermiques ou favoriser une gestion optimisée des ressources : autant d’actions cruciales qui ne peuvent se réaliser sans l’appui des technologies. Ce sont elles qui permettent de prioriser les zones à rénover, d’opérer des modélisations ou encore de repenser l’architecture des bâtiments.

Tantôt adulées, tantôt décriées, les technologies ont pourtant le mérite d’être un jalon central dans la transformation du modèle de nos sociétés, puisqu’elles permettent d’appréhender l’état de notre planète. Si, dans certains cas, elles engendrent une consommation énergétique importante, elles peuvent également être la solution à ce problème.

Au commencement étaient les algorithmes et la data. Grâce à leurs facultés prédictives, ces derniers sont essentiels pour mesurer l’état de l’environnement, tester des dispositifs voire les déployer à grande échelle. Ainsi, l’analyse des données et des résultats issus de modèles permettent de prendre des décisions motivées grâce à une analyse fine de l’existant et à des éléments d’anticipation, essentiels pour résoudre les crises écologiques. Les membres du GIEC se fient, à titre d’exemple, aux données fournies par le DDC (Data Distribution Centre).

Les technologies permettant d’appréhender l’évolution de notre environnement convergent vers les mêmes objectifs : réduire les effets du réchauffement climatique et aborder la crise écologique avec résilience. Affirmer que nous pourrons faire fi des technologies pour anticiper le futur de notre planète est aussi illusoire qu’irresponsable. Penser la transition écologique comme antinomique des innovations technologiques est donc préjudiciable pour l’évolution de notre civilisation.

Si les technologies ont un rôle crucial à jouer dans l’accélération de la relance verte, il n’en demeure pas moins que les gouvernements doivent se saisir de ce potentiel immense. Sous peine qu’il reste lettre morte. Seule une politique clairvoyante et ambitieuse, valorisant le lien étroit entre les objectifs de développement durable et le numérique, permettra de capitaliser sur les technologies à plus long-terme. Investir de l’argent public vers des dispositifs "Tech For Good", validés à travers des mesures d’impact, pourrait asseoir plus largement la corrélation entre numérique et environnement. La recherche académique et la R&D constituent également de puissants leviers permettant d’accélérer le déploiement de solutions technologiques et scientifiques grâce à une meilleure maîtrise des mécanismes physiques, chimiques ou encore biologiques, inhérents aux changements climatiques.

Ainsi, le rôle essentiel des technologies dans la construction d’un monde durable et inclusif doit être mesuré au niveau des États, périmètre indispensable pour accélérer le passage à une économie verte. Face à l’urgence de la situation, la réponse à apporter aux défis de notre monde requiert un changement de paradigme profond vis-à-vis des technologies.

Pour concrétiser son effet sur l’environnement, le numérique doit donc accompagner les transformations sociales et écologiques existantes et à venir, voire en devenir le tuteur. Entrevoir un lendemain différent, c’est admettre que les technologies contribuent directement à façonner une société plus résiliente. Il s’agit là du premier pas à franchir pour exploiter toute l’étendue de leur potentiel.

Aurélie Jean, docteure en sciences et entrepreneure, et Romain Mouton, président du Cercle de Giverny

Les avis d'experts sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs et n'engagent en rien la rédaction de L'Usine nouvelle.

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