On pourrait penser que sciences et technologies n’ont jamais été plus nécessaires qu’aujourd’hui. Et pourtant, à l’enthousiasme des avancées s’oppose une méfiance croissante de la société. Pour contrer la montée d’un obscurantisme 2.0 relayé par ces mêmes technologies, il est temps de replacer la raison au centre. C'est tout l'objet de la réflexion Sciences & Société lancée par la Joint European Disruptive Initiative et Les Napoleons, rejoints par Hello Tomorrow et Sciences & Avenir, pour une innovation éthique, humaine et inclusive.
Sciences et technologies seraient-elles devenues anxiogènes ? L’attitude quelque peu ambigüe de nos concitoyens à leur endroit nous le laisse penser : ils oscillent entre espérance et méfiance. C’est cette méfiance qui nous inquiète et que nous attribuons entre autres à une tendance à mélanger connaissances scientifiques – factuelles – et convictions politiques et morales – légitimes.
66 millions d'épidémiologistes
Cette confusion vient décrédibiliser les faits scientifiques et parfois escamoter le légitime débat sur les conséquences sociétales des sciences et des technologies. S’y substitue trop souvent un vacarme d’experts et de spécialistes « autoproclamés » qui asphyxie l’espace public. A croire que notre pays serait peuplé de 66 millions de sélectionneurs pendant les Coupes du Monde, et de 66 millions d'épidémiologistes en temps de crise sanitaire – en plus des ‘66 millions de procureurs’. Difficile de se faire un avis éclairé sur des sujets qui nécessitent des connaissances que la majorité d’entre nous ne possède pas, alors même qu’ils impactent notre quotidien et notre avenir. Et pourtant, épidémiologistes ou non, nos concitoyens ont tous leurs interrogations et leurs espoirs.
L'anxiété et la radicalisation des opinions naissent de là : de la méconnaissance et de cette confusion entre faits et opinions. Comment y remédier ? D’abord en identifiant les inquiétudes de l’opinion : qu’elles viennent d’une mauvaise ou fausse information, d’une opinion toute faite, d’un préjugé culturel, il faut les entendre pour connaître les points de crispation de la société face à la science et aux technologies. C’est ce que nous avons fait, en réalisant la première grande étude sur les vaccins (1), qui sera suivi d’études régulières et sur d'autres technologies qui ont un impact sociétal majeur comme la 5G, les OGM, la reconnaissance faciale et bien d’autres.
Ecouter les sceptiques
Sur les vaccins, les premières données sont des résultats d'espoir : ainsi, une écrasante majorité des Français (84%) trouvent que les avancées scientifiques ont un impact positif sur notre société. La France, qui serait la terre des « antivax », voit sa population globalement favorable aux vaccins (72 %) – mais sur le vaccin contre la Covid19 , ils sont 71% à exprimer -des craintes. Et leurs doutes sont bien moins complotistes que l'on ne le croit : ce ne sont pas des pseudo nanoparticules 5G qui effraient les Français (seuls 3% y croient), mais plutôt la période des tests cliniques, qu’ils jugent trop courte.
Ces chiffres renforcent notre intime conviction : rien ne sert de balayer d'un revers de main le scepticisme. C'est en entendant les hésitations de nos citoyens sur la vaccination, que nous saurons comment les convaincre. Nous sommes le pays de Pasteur, mais nous sommes aussi celui de Condorcet ! C’est le deuxième volet de notre réflexion, plus large, sur « Sciences et Société ».
Au-délà des crispations
Notre approche est simple : Connaître la réalité en interrogeant nos concitoyens – ce que nous avons fait avec cette enquête, Remettre la raison au centre grâce à un cadrage scientifique qui aboutit à des bases communes saines, et enfin Ouvrir la discussion aux contributions de la société civile pour enrichir le débat et permettre l’appropriation complète de ces sujets. Il importe en effet qu’une société démocratique s’empare de ces sujets, se les approprie et décide en conscience (c'est-à-dire avec un avis éclairé) de s’engager ou non dans cette voie et selon quelles modalités au travers d’une conversation démocratique, à l’instar des conventions citoyennes.
Nous sommes persuadés que c’est en partageant les idées que l’on peut changer les choses. En dépassant les crispations et les inquiétudes face à un monde qui ne cesse d’accélérer. Pour que sciences et société avancent au même rythme.
André Loesekrug-Pietri, Président de la Joint European Disruptive Initiative (JEDI) Mondher Abdennadher et Olivier Moulierac, cofondateurs des Napoleons, Dominique Leglu, Directrice de la Rédaction de Sciences & Avenir
Les avis d'experts sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs et n'engagent en rien la rédaction de L'Usine Nouvelle.
(1) Baromètre Sciences & Société réalisé par l’institut Occurrence – 8 janvier 2021
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