Trêve dans le litige commercial entre Airbus et Boeing (et les complications qui allaient avec)
L'Union européenne et les Etats-Unis ont mis fin au contentieux commercial entre Airbus et Boeing sur les subventions au secteur aéronautique, a déclaré mardi 15 juin la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Un soulagement pour de nombreux secteurs industriels français, victimes collatérales de ce conflit.
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Mis à jour
15 juin 2021
Approcherait-on (enfin) de la fin du feuilleton dans la guerre commerciale qui oppose Boeing et Airbus? L'Union européenne et les Etats-Unis ont mis fin au contentieux commercial entre Airbus et Boeing sur les subventions au secteur aéronautique, a déclaré mardi 15 juin la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Ce pacte permettra de lever une partie des sanctions commerciales décidées pendant la présidence de Donald Trump.
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Les deux camps étaient en désaccord depuis 17 ans sur ce dossier et avaient étendu leur litige à de multiples secteurs allant du luxe à l'agriculture. Les entreprises concernées ont jusqu'à présent payé plus de 3,3 milliards de dollars de droits de douane. Les deux parties s'opposent depuis 2004 à coups de procédures devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) au sujet des subventions reçues par Boeing côté américain et Airbus côté européen, chaque camp les jugeant illégales.
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Un bon accord, selon Bruno Le Maire
Mais en février 2021, le président français Emmanuel Macron avait suggéré à son homologue américain Joe Biden que les Etats-Unis et la France cherchent à trouver une issue à ce désaccord, avait rapporté la chaîne de télévision américaine CNBC. En mars, l'Europe et les Etats-Unis se sont entendus pour suspendre pendant quatre mois les droits de douane punitifs sur 11,5 milliards de dollars de marchandises, allant des vins européens au tabac américain. Avec l'accord de mardi 15 juin, les sanctions seront levées pour une durée de cinq ans, et les discussions se poursuivront pour rechercher les conditions d'un accord global sur les subventions envisagées en mars.
"L'accord que nous avons trouvé ouvre réellement un nouveau chapitre dans nos relations", a souligné Ursula von der Leyen lors d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet UE-USA avec le président américain Joe Biden. Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a estimé que le compromis trouvé entre l'administration américaine et l'Union européenne était un bon accord. Il a ajouté avoir une pensée particulière pour les viticulteurs français qui en ont payé le prix fort. "Les Etats-Unis vont suspendre pendant cinq ans les droits de douanes additionnels sur 7,5 milliards de dollars de produits européens (dont 3 milliards de dollars environ de produits français)", peut-on lire dans le communiqué du gouvernement français. "Les droits de douanes additionnels que l’Union européenne imposait depuis le 10 novembre dernier sur 4 milliards de dollars de produits américains seront également suspendus pour cinq ans", poursuit le communiqué. Une décision autorisée par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui faisait elle-même écho au feu vert donné en octobre 2019 par l'OMC aux Etats-Unis pour appliquer des taxes douanières sur 7,5 milliards de dollars d'importations en provenance de l'UE en raison de subventions accordées à Airbus.
En réponse, l'administration de l'ancien président américain Donald Trump avait annoncé le 30 décembre, avant l'investiture de Joe Biden, que les Etats-Unis commenceraient à prélever des taxes supplémentaires sur des produits importés de France et d'Allemagne dans le cadre du litige Airbus-Boeing. Concrètement, ils avaient décidé de relever les surtaxes imposées à certains produits de l'Union européenne, parmi lesquels des pièces détachées liées à l'aéronautique et des vins français et allemands. Une décision déplorée par la France, l'Europe et le constructeur aéronautique européen Airbus.
Contrer la concurrence chinoise
La trêve décrétée le 15 juin va permettre aux deux blocs de se concentrer désormais sur "les pratiques non commerciales" du secteur aéronautique chinois. "De manière significative, nous avons également convenu de travailler ensemble pour contester et contrer les pratiques non commerciales de la Chine dans ce secteur, qui donnent aux entreprises chinoises un avantage déloyal", a déclaré Joe Biden dans un communiqué. Airbus et Boeing, qui possèdent tous deux des usines en Chine, accusent Pékin d'accorder d'importantes subventions publiques pour tenter de développer des avions de ligne concurrents, les C919.
La suppression des droits américains sur l'acier et l'aluminium de l'UE pourrait cependant se révéler compliquée car ces droits visent aussi d'autres pays, dont la Chine, et surtout parce qu'ils sont défendus par de nombreuses entreprises et syndicats du secteur américain de la sidérurgie.
avec Reuters (Avec Marine Strauss, Philip Blenkinsop; Will James à Londres, version française Marc Angrand, Claude Chendjou et Laetitia Volga, édité par Sophie Louet)
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