Tiens, l’UMP a des idées … sur l’industrie
Certains à l’UMP, lassés des querelles de chefs, ont décidé de se retrousser les manches et de produire des idées pour la France. Le think tank de l’UMP, la Boîte à idée, livre un diagnostic intéressant sur l’industrie et 5 propositions pour redresser ses marges et la sortir d’une spirale de déclin.
A force de batailles de chefs, de discordes autour de millions perdus, de discours d’initiés sur la réorganisation interne, le premier parti de l’opposition donne le sentiment d’une machine qui se dédie plus aux querelles d’ego qu’à la production d’idées pour le pays. Mais un groupe de trentenaires de l’UMP est bien décidé à sortir l’organisation de son marasme.
La Boîte à idée, un think tank animé par Maël de Calan, Enguerrand Delannoy et Matthieu Schlesinger produit depuis deux ans des notes argumentées et des propositions sur toutes sortes de thèmes pour "un programme de redressement national". Leur dernière livraison porte sur l’industrie et s’intitule "Des marges pour investir." Le rapport vise à trouver des solutions pour enrayer le cercle vicieux du sous-investissement des entreprises françaises.
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3 mesures électrochocs, 2 objectifs
Les auteurs font cinq propositions pour s’attaquer, au moins sur le plan symbolique, aux différents maux identifiés de l’industrie française. La régionalisation du Smic, la dépénalisation du code du travail, la fin des corporations avec l’abrogation progressive de toutes les professions a numerus clausus, la stimulation d’un Hinterland en Afrique du Nord pour produire des biens intermédiaires, une réorientation de la fiscalité pour diminuer de 20 % les impôts pesant sur la production.
Un diagnostic qui sort des sentiers rebattus
Plus que les mesures, dont on pourra discuter, c’est leur diagnostic et sa démonstration qui renouvelle en partie la réflexion sur le déclin de l’industrie française. Les auteurs soulèvent ainsi sur l’érosion des marges depuis 2008 des questions bien souvent mises sous le tapis par les parties prenantes du débat, tant le patronat que les politiques. Pour eux, les 35 heures ne sont pas l’alpha et l’oméga des problèmes de l’industrie française. Le rapport affirme aussi que la hausse du coût du travail est bien plus due au Smic et à la politique de rémunération des entreprises qu’à la hausse des cotisations sociales qui n’en est que la 4eme cause. "La politique salariale décidée librement par les entreprises et leurs dirigeants porte aussi une lourde responsabilité", écrivent les auteurs.
De même, ils estiment que la question du coût du travail est loin d’épuiser ce sujet de la chute des marges. Les entreprises pâtissent selon eux d’une productivité en recul à cause d’un marché du travail trop rigide et d’un prix des consommations intermédiaires qui augmentent plus vite que celui de la valeur ajoutée finale. L’ensemble crée cet effet de ciseau qui obère la possibilité d’une stratégie ambitieuse pour la base industrielle française. Ils en tirent la conclusion que pour que l’industrie française soit plus compétitive, il faut aussi que les services soient plus compétitifs. "Toute décision politique relative au soutien à l’industrie française devra nécessairement prendre en compte une remise en cause des frontières entre l’industrie et les services" expliquent les auteurs. Il faut libéraliser les services pour remuscler l’industrie.
Alléger le fardeau de la fiscalité
Toujours dans l’objectif de faire baisser le prix des consommations intermédiaires, il faut accepter d’externaliser une partie de la chaîne de valeur dans des pays low cost comme ont si bien su le faire nos amis Allemands ou la part des biens intermédiaires dans les biens manufacturés importés était ainsi déjà en 2010 de 51 % contre 44 % en France. Une idée avec laquelle les politiques de droite comme de gauche sont souvent mal à l’aise. Les Allemands ont leur Europe de l’Est. Avec une Afrique francophone à nos portes, ou plutôt à nos ports, le terrain de jeu est tout trouvé pour la France.
Leur dernier constat est plus classique, la fiscalité qui pèse sur la production est trop lourde en France. Les auteurs estiment qu’elle grève les coûts de production de 2,15 points de PIB. Pour alléger le fardeau, il faudrait réduire la dépense publique et rebasculer une partie de cette fiscalité sur la consommation. Les propositions sont sur la table à disposition de tous les leaders de la droite. Dans le comité politique de la Boîte à idées (associé aux travaux mais non lié aux prises de positions) on trouve tous les candidats à la présidence de l’UMP ou aux primaires de droite : Alain Juppé, Hervé Mariton, Bruno Le Maire, Xavier Bertrand. Tous, sauf Nicolas Sarkozy.
Anne-Sophie Bellaiche
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