Tech flop : les six loupés technologiques de 2015 selon le MIT Technology Review
La revue du MIT, le MIT Technology Review liste six technologies qui ont marqué l’année 2015 par leur échec ou la menace qu'ils représentent.
Le Hoverboard tout feu tout flamme
Le mot Hoverboard évoque naturellement la planche volante présente dans le film Retour vers le futur. Depuis quelques années déjà, plusieurs projets de cette planche ont été mis sur le devant de la scène . Mais avant que cette technologie ne se démocratise, le Hoverboard désigne aussi un nouveau Segway sans manche – abusivement affublé du terme Hover (planer) car bel et bien doté de deux roues. L’utilisateur garde l’équilibre grâce à un phénomène appelé "pendule inversé" utilisant un gyroscope. Commercialisé à près de 380 euros, l’engin a connu un véritable succès. Mais le Hoverboard a un inconvénient : ses batteries ont une tendance marquée à s’enflammer, voire à exploser en utilisation, entraînant des accidents plus ou moins graves. Tant et si bien qu’Amazon l’a retiré de ses ventes ! Selon une interview de Jay Whitacre pour Wired, professeur en Science des Matériaux et Ingénierie à l’Université de Carnegie Mellon, ce qui est en cause serait la qualité des batteries elles-mêmes, dont les coûts sont tirés vers le bas pour produire une machine à un prix attractif, mais pas très sécurisée.
Le "nano-diagnostic" doit encore faire ses preuves
Theranos est peu connue en France, mais bien plus aux Etats-Unis. L’entreprise fondée en 2003 par Elizabeth Holmes a développé une technologie permettant de réaliser des tests sanguins peu coûteux. Elle était valorisée début 2015 à plus de 9 milliards de dollars. L’idée d’Elizabeth Holmes est simple : une seule goutte de sang prélevée sur un patient, en pharmacie par exemple, doit permettre de réaliser tous les tests qui nécessitent traditionnellement plusieurs fioles de sang prélevées. Les méthodes traditionnelles de prélèvement n’ont en effet que peu évolué depuis les années 1960. Elles nécessitent le déplacement dans un hôpital, chez le médecin, ou dans un laboratoire, et constituent toujours une véritable épreuve pour ceux qui n’aiment pas les piqûres. L’approche de Theranos permettrait d’effectuer les tests sans médecin en seulement quelques heures et d’en réduire significativement les coûts. Une procédure révolutionnaire, protégée par plus d’une douzaine de brevets, mais qui restait très obscure. Jusqu’à ce qu’en octobre 2015, une enquête du Wall Street Journal révèle que Theranos n’utilise pas sa propre technologie pour effectuer les tests, tout en en masquant les incohérences ! La révolution attendue n’était donc encore que de la fumée, même si l’enquête du Wall Street Journal n’enterre pas définitivement l’idée originale de Elizabeth Holmes, qui n’est pas impossible en soi à réaliser, avec encore un peu de temps.
Le charbon toujours omniprésent …
Coté ressources énergétiques, la revue américaine est bien pessimiste. Certes, admet-elle, la part du charbon dans la production d’électricité américaine a chuté de 12 % cette année, principalement grâce à l’essor des huiles et gaz de schiste. Pourtant, du chemin reste encore à parcourir. Au niveau mondial, le charbon reste le premier fournisseur d’électricité, à hauteur de 40,4 %, contre 22,5 % pour le gaz naturel, qui rejette pourtant près de deux fois moins de CO2 pour la même quantité d'énergie produite. Le charbon est également le deuxième fournisseur mondial d’énergie. Et des pays comme l’Inde investissent massivement dans cette énergie peu chère, qui fournit près de 70 % de leur électricité. Un tableau bien noir pour le climat donc que l’on pourrait cependant nuancer par l’engagement de nombreuses banques, fonds d’investissement ou encore énergéticiens à désinvestir dans le secteur, à l’occasion de la COP21 (21e conférence des parties pour le climat) qui s’est déroulée en décembre en France.
CRISPR-Cas9 : l’inquiétant pouvoir de modifier le génome
En avril, des scientifiques chinois publiaient un rapport selon lequel ils étaient parvenus à modifier l’ADN d’embryons humains en utilisant la technique de modification du génome CRISPR. Cette nouvelle méthode permet de modifier très précisément le génome de cellules vivantes, grâce à des ciseaux moléculaires capables de cibler spécifiquement le gène d'une cellule. Si cette technologie est très prometteuse en thérapie génique, elle pourrait aussi trouver des applications plus délicates sur le plan éthique. Certaines équipes aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Chine ont ainsi déjà expérimenté la technique sur les cellules germinales : les cellules sexuelles, spermatozoïdes ou ovules. A la différence des cellules somatiques, les cellules germinales affectent la descendance, d’où le questionnement éthique : n'ouvre-t-on pas la boîte de Pandore, vers une amélioration eugénique de l’humanité ?
Les téléphones toujours sur écoute
Suite à une loi votée par le Congrès américain, l’agence de renseignement (NSA) a mis fin à ses écoutes téléphoniques depuis novembre 2015. Mais elles sont remplacées par un autre programme de surveillance, le Freedom Act. Celui-ci se substitue au Patriot Act mis en place après les attentats du 11 septembre 2001. Désormais, les agents de la NSA devront avoir l'accord de la justice avant de demander aux compagnies de télécommunications la possibilité de contrôler les données téléphoniques de certaines personnes ou de certains groupes pendant six mois. Il leur faudra pour cela avoir un soupçon raisonnable de lien avec une activité terroriste. Avant l'entrée en vigueur de cette loi, la NSA collectait sans aucun frein des données relatives aux appels téléphoniques passés aux Etats-Unis. En attendant, les données collectées depuis les cinq dernières années seront conservées jusqu’au mois de février 2016 avant d’être effacées.
Yahoo! toujours en peine
Après Google et Facebook, Yahoo! reste le troisième domaine le plus visité sur le web. Pourtant, Yahoo! souffre d’un problème, selon le MIT, bien conscient que c’est un déficit en investissements dans les technologies qui laisse Yahoo! à la traîne. Selon le magazine, c’est avant tout son incapacité à s’adapter à l’ère du mobile : seul 20 % de ses revenus publicitaires sont issus de l’univers du mobile, contre 74 % pour Facebook.