Tanger, Casablanca, Rabat : la campagne du Maroc de Pierre Gattaz et du Medef
Une bonne centaine. C’est le nombre de patrons de grandes entreprises, ETI et autres PME qui vont former la délégation du Medef au Maroc les 10 et 11 mars avec à sa tête son président Pierre Gattaz (un avion spécial sera même affrété pour l’occasion).
Autres têtes d’affiche, les deux coprésidents français du Conseil des chefs d’entreprises France — Maroc, à savoir Xavier Beulin, patron de la FNSEA et du groupe agroalimentaire Avril présent au Maroc via sa filiale Lesieur Cristal ainsi que Jean-Paul Herteman, l’ancien numéro 1 de Safran et président du conseil d’administration du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).
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L’objectif est clair redynamiser les échanges : "la France a connu avec le Maroc une période de fragilité politique mais ce temps est révolu. Notre pays se doit désormais de retrouver la première place en termes de flux commerciaux avec le Maroc" a indiqué en préambule à ce voyage Pierre Gattaz.
Pour le patron des patrons français, "la France doit exporter plus pour retrouver la croissance, il faut qu’elle aille la chercher et non l’attendre".
Plus dynamiques, moins chères, les entreprises espagnoles ont damé le pion aux françaises depuis trois ans. Madrid est ainsi devenu le premier partenaire commercial du Maroc qui monte, par ailleurs, en gamme notamment dans l’automobile.
Selon Xavier Beulin, la France est ainsi passée de 20% de parts de marché dans les années 2000 à environ 13 à 14% désormais. Au premier semestre 2015, la France a même affiché un déficit commercial avec le Maroc, une première.
L'Hexagone reste néanmoins de loin le partenaire principal du Maroc en matière d’investissements directs étrangers (IDE) avec un stock de l’ordre de 40% du volume total. Un record mondial pour Paris.
La France compte environ 750 filiales d’entreprises au Maroc. Et 36 des 40 groupes du CAC 40 (90%!) conduisent des activités directes au Maroc dont les plus en vue sont Danone, Lafarge, Safran, Airbus, Engie, Alstom ou bien sûr dans l’automobile Renault et PSA qui doit ouvrir une usine en 2019.
Le voyage organisé par le Medef (hormis la présence prévue de Bruno Lafont coprésident non exécutif de Lafarge Holcim) ne compte pourtant pas de grandes têtes d’affiche.
La campagne marocaine express de Pierre Gattaz se déroulera en trois escales : Tanger, Casablanca et Rabat. A Tanger seront développées notamment les thématiques de l’automobile avec le mega site Renault ouvert début 2012 ou encore les grands projets d’infrastructure de la cité du Détroit : le port Tanger Med ou encore l'aménagement de Tanger-Ville.
La délégation des patrons français fera ensuite une halte à Casablanca, capitale économique du royaume.
Après un passage par l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA) en partie le fruit d’une coopération avec l’UIMM et la zone franche aéronautique Midparc où va s'installer notamment Stelia Aerospace, la ville blanche sera hôte de la principale rencontre avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le patronat marocain présidé par Miriem Bensalah Chaqroun.
Parmi les thématiques importantes, les enjeux de la COP22 qui se déroulera à Marrakech en novembre et succèdera à la COP21 parisienne figurent au premier plan. Ce sera l’occasion de porter ensemble notamment auprès des gouvernements, l’idée de fixer un prix au carbone. "Une idée partagée par la CGEM dont nous espérons qu’elle l’appuie, comme nous, auprès des autres patronats d’Afrique de l’ouest, région où le Maroc est très actif", selon Pierre Gattaz qui avait notamment étrotement associé la CGEM aux débats de la COP21 dans le cadre du "Business dialogue".
Les idées de co-localisation et co-investissement vers l'Afrique de l'ouest font aussi partie des thématiques sous-tendant ce séjour marocain des patrons français. "Il faut donner de la substance à la verticale Europe - Méditerranée - Afrique. C'est bon pour les affaires et la stabilité régionale", a appuyé Xavier Beulin
susciter des relations d'affaires entre entreprises, PME surtout
En marge des exposés officiels, l'objectif est aussi de susciter des relations d'affaires entre entreprises, (PME surtout), des deux pays via des créneaux de networking, "une demande de la CGEM, avec qui nous avons un partenariat depuis près de 40 ans et de plus en plus étroit", selon Pierre Gattaz qui avait accueilli le patronat marocain à Paris fin mai 2015, à l’occasion de la 12e Rencontre de haut niveau franco-marocaine et la venue du chef de Gouvernement Abdelilah Benkirane.
Les thèmes mis en avant seront notamment le numérique, l'énergie, la ville et la mobilité durable. Plusieurs partenariats dans ces domaines devraient se nouer entre entreprises françaises et marocaines et être officialisés à l'occasion du passage de la délégation française.
La thématique de la coopération en matière de formation initiale ou continue, supérieure ou professionnelle sera également à l'ordre du jour de la visite de Pierre Gattaz. Ainsi, des représentants de l'AFPA, du CNAM, de la Conférence des présidents d'universités, de Sciences Po Paris, des IUT, de la Conférence des grandes écoles ou de l'INSA Rennes font partie de la délégation conduite par le Medef. Pour rappel, plusieurs établissements d'enseignement supérieur français se sont récemment déployés au Maroc comme l'INSA, Centrale Paris ou l'Essec.
Côté politique enfin, la délégation du patronat français doit échanger notamment avec Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'industrie et Mohamed Boussaid, ministre des finances du royaume.
Pour rappel, le Maroc, qui connaitra le 7 octobre la tenue de ses législatives à l’issue de la mandature du premier chef de Gouvernement islamiste qu’a connu le royaume, est côté croissance, en phase de décélération conjoncturelle.
Après un bond estimé à au moins 4,5% l’an dernier, la progression du PIB marocain devrait être inférieure en 2016 à 2% en raison d’une récolte agricole au mieux médiocre, du fait d’un net déficit pluviométrique ces derniers mois.
Pour rappel, l’agriculture compte au Maroc, pour près de 15% du PIB avec un fort effet d'entrainement sur le reste de l'économie.
Mais des pluies récentes ainsi que des chutes de neige sur l’Atlas permettent, semble-t-il, d’écarter un scénario catastrophe pour l’année. S’il pouvait encore pleuvoir pour le passage du Medef, ce serait de bonne augure pour les patrons français.
Mais Pierre Gattaz n'est pas François Hollande, cela se saurait.
N.D. et P-O.R
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