Solvay s'active pour sa rentabilité
Cela étant, à l'heure où tous les grands acteurs européens revoient leur rentabilité à la baisse, ce n'est peut-être pas si dramatique. Et à l'inverse de certains, comme AkzoNobel qui enchaîne les coupes, le chimiste belge n'a que peu versé dans les mesures de restructuration. Depuis le début de l'année, il s'est limité à remanier ses activités carbonate de soude en Europe, avec notamment la décision de fermer son usine au Portugal. Il a aussi annoncé son désengagement des activités chloro- vinyliques, lesquelles seront d'abord regroupées avec celles d'Ineos, avant de lui être probablement cédées sous quatre à six ans. Ce qui inquiète toutefois les salariés Solvay concernés, peu rassurés sur l'avenir de ces actifs une fois Ineos seul maître à bord. D'une part, car les conditions de marché de ces activités restent toujours difficiles. D'autre part, car Ineos n'est pas forcément l'employeur qui rassure. La partie de poker qu'il a joué pour l'avenir du vaste complexe pétrochimique écossais de Grangemouth cet été lui a taillé une réputation d'acteur assez intraitable et sans état d'âme.
« Solvay s'est plus illustré par des efforts de développement » En parallèle, et ce depuis la finalisation de l'intégration de Rhodia, Solvay s'est plus illustré par des efforts de développement. Rien qu'au cours de ces dernières semaines, sa filiale Solvay Novecare a multiplié les projets. De l'acquisition pour 1,3 Mrd $ de l'Américain Chemlogics à la construction d'une usine d'alcoxylation au Texas, jusqu'au rachat du Brésilien Erca Quimica dans les tensioactifs. De grandes extensions industrielles ont aussi été annoncées en Thaïlande dans le bicarbonate de soude ou en Arabie Saoudite dans le peroxyde d'hydrogène. Même en Europe, et notamment en France dans ses usines de Chalampé (Haut-Rhin) pour l'acide adipique ou de La Rochelle (Charente-Maritime) dans les terres rares, Solvay investit. Toutefois, les projets du groupe sont significativement moins nombreux et d'envergure moindre sur le Vieux continent qu'ailleurs dans le monde. « La divergence des scénarios macro-économiques entre les différentes régions du monde et les écarts de compétitivité liés au coût d'accès à l'énergie favorisent les décisions d'investissements en Amérique du Nord et en Asie », ne cache d'ailleurs pas Jean-Pierre Clamadieu. Si les cibles géographiques sont claires, il en est de même pour les segments phares. Les divisions Consumer Chemicals et Advanced Materials, qui s'adressent respectivement aux marchés des biens de consommation et à ceux de haute technologie et de la mobilité, sont clairement identifiées comme machines à cash. Elles devraient compter pour 60 % du Rebitda à l'horizon 2016, contre 50 % en 2012. En conséquence, Solvay met le paquet. Sur les 700 à 800 M€ que le groupe compte investir chaque année jusqu'en 2016, les deux tiers seront dévolus à ces deux divisions.