Solvay parie 1 milliard sur l'Oil et Gas
Sur le papier, Chemlogics n'est qu'un acteur de taille intermédiaire : 500 millions de dollars de chiffre d'affaires, employant 277 personnes, avec des actifs « assez légers ». La société n'est présente que sur le territoire américain avec trois unités de production d'une capacité annuelle supérieure à 300 000 tonnes, huit centres de formulation et trois centres de R&D. Mais depuis sa création en 2002, elle a crû très fortement, affichant désormais un Ebitda de 125 M$, soit une marge de 25 %. Solvay estime en outre que l'opération aura un impact positif sur le niveau de liquidités et le bénéfice net par action dès la première année.
L'atout de Chemlogics est d'offrir des produits chimiques et surtout des formulations pour faciliter l'exploitation du gaz et du pétrole, en particulier lors de l'utilisation de la technologie de forage horizontal, qui a facilité l'accès aux gaz et surtout aux pétroles de schiste aux États-Unis. La société délivre des solutions sur mesure, au plus près des puits de forage. Ses points forts se situent dans les lubrifiants et les non-émulsifiants utilisés en stimulation et les émulsifiants pour le traitement des hydrocarbures après extraction, explique Emmanuel Butstraen, président de Solvay Novecare. Cette business unit (1,7 Mrd € de CA), déjà présente sur ce créneau de l'exploitation pétrolière et gazière, va naturellement intégrer Chemlogics, sans pour autant la « digérer » pour conserver la dynamique et l'agilité de la société. Solvay Novecare propose notamment des dérivés du guar qui participent à l'étape de fracturation hydraulique en tant qu'agents gélifiants, ainsi que des biocides. Les deux portefeuilles vont donc pouvoir se compléter et s'arroger 10 % du marché américain des produits chimiques pour l'Oil et Gas, estimé à 8 Mrds $, en croissance de 6 % par an et qui se segmente en plusieurs domaines : la stimulation, la cimentation, la production ou encore la gestion de l'eau. Puis Solvay Novecare, épaulé par Chemlogics, partira à l'assaut du marché mondial, évalué entre 13 et 14 Mrds $, avec des perspectives en Australie, en Chine, en Argentine, en Russie et peut-être un jour en Europe, selon Jean-Pierre Clamadieu, p-dg de Solvay.
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Cette acquisition s'inscrit parfaitement dans le cadre de la transformation du groupe belge qui a amorcé son retrait du domaine du chlore et du PVC dans un partenariat avec Ineos. Solvay cherche surtout à se développer aujourd'hui vers des métiers de spécialités à forte croissance, avec des marges élevées, où il faut livrer des solutions clés en main à un client final. Le modèle de développement de Chemlogics est, en ce sens, différent de celui de Solvay Novecare qui développe surtout de nouveaux produits pour le compte de clients aval qui s'occupent ensuite de la formulation puis de la mise en œuvre, souligne Emmanuel Butstraen. A ce titre, Solvay se positionnera davantage comme un fournisseur de produits chimiques pour Chemlogics. D'ailleurs, le groupe en profitera pour faire une revue de détail de son portefeuille pour voir s'il peut bâtir une offre complète de produits et de technologies innovants qui permettront aux grands acteurs pétroliers d'extraire le pétrole et le gaz de manière plus compétitive et plus durable tout en assurant une meilleure gestion de l'eau. Répondant ainsi aux enjeux d'un secteur dont la réglementation ne manquera pas de se renforcer.