Le CFE-CGC organisait une table-ronde lundi 25 septembre sur le thème de l’intelligence artificielle et la robotique dans l'industrie. Pour tous les experts réunis, l’enjeu est celui des compétences mais la question de savoir comment et vers quoi adapter nos formations est restée en suspens.
"Face à l’arrivée de l’intelligence artificielle et de la robotique dans l’industrie, il n’y a qu’une seule solution pour nous : formez-vous, formez-vous, formez-vous." Voilà la prescription faite par Alain Giffard, secrétaire général de la CFE-CGC, lors d’une table-ronde organisée par l’organisation syndicale lundi 25 septembre sur le thème de ces deux révolutions technologiques en cours. "Nous avons besoin d’une culture générale et nous avons besoin de nous former pour savoir comment on va intégrer ces nouvelles technologies", a ajouté Alain Giffard, qui s’arrêtera là pour sa seule intervention de la soirée, préférant laisser la parole aux quatre experts réunis devant une centaine d’adhérents, mais peut-être aussi séchant sur un possible déroulé. C’est en tout cas l’impression donnée lors de cette soirée : si tous les experts se sont accordés sur l’importance de la formation, la question de savoir comment et vers quoi adapter nos formations est restée en suspens.
Interrogé sur les prévisions du Conseil d’orientation pour l’emploi – selon lesquelles un emploi sur dix devrait être supprimé à cause des nouvelles technologies, et un sur deux transformé – Philippe Brun, vice-président du groupe STMicroelectronics, a répondu : "Cela fait cinquante ans que le mix de l’emploi évolue comme cela, il n’y a donc pas de raison que cela s’arrête, le plus probable étant même que cela s’accélère. Nous allons devoir nous adapter. L’anticipation, l’adaptation et la formation sont la clé de l’accompagnement à cette transformation inéluctable." Même discours chez Jean-Claude Heudin, enseignant-chercheur spécialiste de l'intelligence artificielle : "Le vrai problème lié à l’IA et à la robotique n’est pas celui de l’emploi, c’est un problème de compétences", a pointé le directeur du laboratoire de recherche de l'Institut de l'
"Un décalage entre le discours et la réalité"
Face à constat, vers quelle(s) formation(s) doivent s’orienter les salariés et pour apprendre quoi ? Il semblerait que la réponse tarde à venir en France. "La question aujourd’hui est de savoir comment on adapte nos outils de formation : cela demande d’avoir des personnes capables de former et d’orienter les capitaux nécessaires", a pointé Philippe Brun, s’indignant de "trouver encore des machines datées dans les CFA", les Centres de Formation d'Apprentis. "Aujourd’hui dans ma faculté, personne n’est formé à ces technologies, a souligné de son côté Nathalie Nevejans, maître de conférences en droit privé à la faculté de Lille 2 et spécialiste en droit et éthique de la robotique. Il y a un décalage entre le discours et la réalité. Beaucoup de choses sont à faire."
Parmi l’auditoire, un adhérent de la CFE-CGC Chimie souligne : "Les employés doivent rester employables. Pour cela nous pouvons mettre en place des plans de Gestion Prévisionnel de l’Emploi et des Compétences, mais si des efforts sont faits pour réorienter les formations initiales, il y a sur ce point un gros problème du côté de la formation continue." Signe que dans les entreprises, les dirigeants n’ont pas plus de réponses que les experts du sujet.
Après avoir suivi la santé, les cosmétiques et la chimie le temps d’un remplacement, Marion a intégré la rédaction de L’Usine Nouvelle en mai 2017 pour se plonger dans les mécanismes de production, de la machine-outil à la robotique en passant par les logiciels informatiques. Cheffe du service Innovation et industrie du futur depuis septembre 2019, elle scrute l’actualité des nouvelles technologies, observe ceux qui les développent et leur arrivée dans les usines, que ce soit à travers des dossiers ou dans la chronique Science-Friction. Diplômée de masters en sociologie et en journalisme (obtenu au Cuej à Strasbourg), elle est passée par les rédactions web de TF1 et du Monde, puis a collaboré comme pigiste à des titres tels Socialter, M le magazine du Monde, Alternatives économiques, Management ... Ses obsessions du moment : tech for good, diversité et éthique.
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