Quels seront les 10 % d'emplois détruits et les 50 % transformés par l'automatisation ?
Comment l’automatisation va-t-elle impacter les emplois en France ? Le comité d’orientation de l’emploi (COE) tente un nouveau chiffrage en n’identifiant pas des métiers automatisables mais des tâches à l’intérieur des métiers. Plus cette part de tâches est importante, plus l’emploi est à risque. Résultat 10 % des métiers sont très exposés et éventuellement voués à disparaître et 50 % sont appelés à se transformer. Parmi les très exposés on compte de nombreux métiers peu qualifiés de l’industrie mais les plus gros volumes sont dans le service comme les agents d’entretien, les ouvriers de manutention ou les conducteurs de véhicules.
Alors que l’angoisse de la fin du travail monte et que l’idée d’un revenu universel pour maintenir les revenus fait son chemin, le conseil d’orientation de l’emploi (COE) vient quantifier la menace technologique sur l’emploi en France.
Ce n’est pas la première fois que le sujet est abordé. Trois grandes études se sont égrenées depuis 2014 : celle de Roland Berger qui estimait la part des emplois à risque élevé de disparition à 42 %, celle de l’OCDE (Amtz, Gregory, Zierahn) à 9 %, celle de France stratégie (Le Ru) à 15 % . L’approche du COE est différente. Elle n’analyse pas des métiers mais partant des conditions effectives de travail déclarées par des travailleurs (flexibilité, routine, interactions sociales …) en déduit une part de tâches automatisables. A partir de ce recueil, elle détermine non seulement des emplois exposés et pouvant disparaître car comportant une part importante de tâches automatisables mais aussi des emplois susceptibles d’évoluer. Résultat moins de 10 % des emplois ont un indice d’automatisation élevé qui les met en risque face aux mutations technologiques quand 50 % sont susceptibles d’évoluer.
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Les emplois non qualifiés de l'industrie et des services en risque élevé
Les sur-représentés parmi les exposés se trouve en particulier chez les ouvriers non qualifiés ou qualifiés de l’industrie ou du bâtiment, mais ce ne sont pas les plus gros volumes d’emplois actuels. D’autres comme les agents d’entretien, sont un peu moins exposés mais comme ils représentent 5,44 % de l’emploi total en France ils constituent les gros bataillons des emplois éventuellement voués à disparaître (21, 05 %). Les plus gros volumes d’emplois « susceptibles d’évoluer » sont de nouveau en premier rang les agents d’entretien ( 7,62 %) mais on trouve en deuxième rang « les conducteurs de véhicules » ( 5,61 %). Une évolution que l’on a déjà pu noter avec les arrivées de chauffeur Uber qui ne sont rien sans leur applis. Bien entendu, tout dépendra de l’acceptation des technologies, de leur rythme de diffusion. Reste que les familles des métiers peu qualifiés sont en général plus exposés que d’autres.
les limites de l'approche
Les limites de l’étude, comme le COE l’indique lui-même sont que l’analyse est basé sur une enquête de la Dares « conditions de travail » (administré à 23 000 personnes) qui « ne permet que peu de prendre en compte la complexité des tâches exigeant des capacités de perception et de manipulation ».
Ainsi, la famille des coiffeurs-esthéticiens a un coefficient de surexposition élevé alors qu’intuitivement il semble que si leur tâche est routinière, elle nécessite tout de même un niveau de manipulation complexe en fonction de chaque tête. L’autre limite est que l’enquête du COE a pris la mesure des technologies à l’instant T. Les avancées du machine learning, de l’intelligence artificielle qui pourrait prendre en charge des taches cognitives plus complexes n’étant pas encore diffusés largement, on trouve peu de métiers intellectuels parmi les emplois exposés. Nombre de ces métiers figuraient pourtant dans l’étude des deux chercheurs Frey et Osborne dans leur prospective sur le marché du travail américain (The future of employment)
Dans l’évaluation du COE, les enseignants ou les cadres des services administratifs, comptables financiers se classent tout de même dans les 25 premiers les plus impactés en volume par une transformation. Selon le secrétaire général du COE, Hervé Monange, le chiffre de 50 % d’emplois transformés, indique tout de même « une grande transformation à venir à laquelle il faut répondre pour que cela se passe au mieux. Il faudra adapter les actifs.» Ce sera l’objet d’un second rapport du COE auprès des pouvoirs publics attendu pour le printemps.
Ce graphique présente l'indice de surexposition de chaque métier. Plus l'indice est fort, plus les métiers sont exposés. La taille de la bulle représente le nombre d'emplois concernés.
Quels seront les 10 % d'emplois détruits et les 50 % transformés par l'automatisation ?
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