Quel impact pourraient avoir les véhicules autonomes sur l'accidentologie routière ?

Les véhicules autonomes sont souvent décrits comme pouvant fortement réduire les accidents de la route, et par extension le nombre de morts qui en résultent. Une étude de l'Insurance Institute for Highway Safety (IIHS) vient nuancer ces affirmations. Elle affirme que seul un tiers des accidents pourrait être évité grâce aux véhicules autonomes. Mais ces conclusions sont elles-mêmes remises en cause par l'industrie du véhicule autonome.

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Quel impact pourraient avoir les véhicules autonomes sur l'accidentologie routière ?
Si le nombre d'essais se multiplie, le temps de la recherche est encore long avant qu'un véhicule autonome soit commercialisé.

Et si les véhicules autonomes n'apportaient finalement pas la sécurité rêvée ? L'Insurance Institute for Highway Safety (IIHS), une organisation américaine financée par des compagnies d'assurances automobiles, a publié jeudi 4 juin 2020 une étude allant dans ce sens. Les véhicules autonomes permettraient d'éviter seulement un tiers des accidents. Les autres résulteraient d'erreurs que les systèmes de conduites autonomes ne peuvent pas forcément mieux gérer que les humains.

Des systèmes de perception plus sûrs

Un propos rapidement nuancé par l'Automated Vehicle Education, un consortium de sociétés et de chercheurs travaillant sur le véhicule autonome, rapporte Reuters. L'étude suppose à tort que les véhicules autonomes pourront uniquement éviter les accidents dus à une erreur de perception ou une incapacité du conducteur, selon ce consortium. Or, près de 72% des accidents pourraient être évités par les véhicules autonomes si les collisions dues à une mauvaise vitesse ou au non-respect des règles de circulation étaient aussi prises en compte, ajoute le consortium en se basant sur les chiffres de l'étude.

Pour estimer le nombre d'accidents qui pourraient survenir avec l'avènement des véhicules autonomes, l'IIHS a examiné plus de 5 000 rapports réalisés par la police. Un échantillon représentatif des accidents aux Etats-Unis lors desquels au moins un véhicule est remorqué et les services médicaux appelés à intervenir. Les accidents qui sont uniquement dus à une erreur de détection et de perception du conducteur (distraction du conducteur, visibilité entravée, impossibilité à détecter un danger avant qu'il ne soit trop tard) ne représentent que 24% de l'ensemble des accidents et ceux dus à une incapacité du conducteur (alcoolémie, drogue, etc. ) 10%. L'IIHS se base sur ces deux statistiques pour dire que seul un tiers des accidents pourra être évité par les véhicules autonomes grâce aux nombreux capteurs fixés sur la voiture.

Un manque d'anticipation

Les autres accidents résultent d'erreurs dans la prise de décision, de mauvaises hypothèses sur les actions des autres usagers de la route, d'une conduite trop rapide ou lente en raison du contexte, etc. Surtout, la plupart résultent d'un enchaînement d'erreurs multiples et certains semblent même inévitables puisque provenant d'une défaillance technique de la voiture. L'IIHS pense donc que ces accidents ne pourront pas être évités par les systèmes de conduite autonome.

Les décisions prises par les conducteurs, comme la vitesse ou une manœuvre illégale, sont des facteurs contribuant à un accident dans 40% des cas, ajoute l'IIHS. C'est pourquoi, il est nécessaire de développer des systèmes de conduite autonome mettant la sécurité comme critère premier. «Notre analyse montre qu'il sera crucial pour les concepteurs de prioriser la sécurité sur les préférences des conducteurs pour que les véhicules autonomes tiennent leur promesse d'être plus sûrs que les conducteurs humains», abonde Alexandra Mueller, l'auteure principale de l'étude.

«Les véhicules autonomes identifieront mieux les dangers que les personnes, mais nous avons constaté que cela, à lui seul, ne suffit pas pour éviter la plupart des accidents», affirme Jessica Cicchino, vice-présidente de l'IIHS pour la recherche et co-autrice de cette étude. L'IIHS prend l'exemple de l'accident mortel causé par un véhicule autonome d'Uber en mars 2018. Le système embarqué a détecté la piétonne traversant 5,6 secondes avant l'impact mais il n'a pas freiné car le logiciel continuait à la considérer comme un «objet» inoffensif et a été incapable d'anticiper le fait que la personne traverserait en dehors d'un passage piéton. Toutefois, les véhicules autonomes souffrent encore de nombreuses limites. Si le nombre d'essais de systèmes de conduite autonome se multiplient, le temps de la recherche est encore long avant qu'un véhicule autonome soit commercialisé auprès du grand public.

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