Pourquoi il faut absolument que le pétrole remonte

L’Opep est réunie à Vienne pour tenter de sceller un accord sur une limitation de la production de pétrole. Et un accord sur les bases de la réunion d’Alger, en septembre, semble en passe d’être conclu. Une nouvelle cruciale pour le secteur pétrolier, qui a perdu sa capacité d’investissement avec la division par deux des cours. Mais aussi pour les consommateurs, car ce gel de l’investissement annonce un choc pétrolier d’ici quelques années.

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Pourquoi il faut absolument que le pétrole remonte

"Pétrole, le vrai choc de compétitivité", titrions-nous en janvier 2015. La division par deux des cours du pétrole représentait pour la France jusqu’à un demi-point de croissance sur l’année 2015, selon l’Union française des industries pétrolières (Ufip). Avec un baril de pétrole en dessous de 50 dollars, la baisse de la facture pétrolière française est estimée à 20 milliards d’euros, sur une facture énergétique totale de 65,8 milliards de d'euros, dont 51,5 milliards pour le pétrole (chiffres 2013). Pour les entreprises, les économies réalisées sur leur facture énergétique et de transport était alors chiffrée entre 8 et 10 milliards d’euros, autant que le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Le solde étant un gain important de pouvoir d’achat pour les ménages. Pourquoi, alors, faudrait-il se passer d’une telle manne en souhaitant la remontée du pétrole ?

Risque de choc pétrolier

Pour préparer des lendemains meilleurs. Car cet effondrement des cours a produit plusieurs effets secondaires qui, dans la durée, pourraient coûter cher aux consommateurs, qu’ils soient particuliers ou industriels.

  • L’industrie du pétrole, majors et compagnies nationales confondues, a significativement augmenté ses volumes de production pour compenser la baisse de valeur de ses produits. D’où la surproduction actuelle, qui maintient les prix au plancher depuis le krach de fin 2014.
  • Le secteur a investi seulement 539 milliards de dollars en 2015, un recul de 21,1 % par rapport à 2014. Et en 2016, ces investissements sont "tombés en dessous des 400 milliards", affirme Francis Duseux, président de l’Ufip. Or, même avec le ralentissement chinois et l’essor des énergies renouvelables, la demande énergétique mondiale continue à croître, et fera toujours appel aux énergies fossiles (à hauteur de 75% du mix énergétique en 2030, si l’on en croit l’Agence internationale de l’énergie).
  • L’AIE tire donc la sonnette d’alarme sur un risque de rebond brutal des cours dès que le marché aura retrouvé un équilibre entre offre et demande, ce qui devrait se produire courant 2017. Et non, on ne peut pas se permettre d’attendre. Si, d’ici là, les pétroliers n’ont pas retrouvé leur capacité d’investissement, "le déficit pourrait s’élever à 10 millions de barils par jour à l’horizon 2020. Un niveau jamais atteint, que les schistes américains ne pourront pas compenser", prévient Francis Duseux.

C’est un équilibre difficile à trouver, que ces coupes de production en amont d’un retour prévisible à l’équilibre, puis au déficit. Cela explique aussi, en partie, les tergiversations de l’Opep. Le cartel a tenté de sortir les producteurs de schiste américains du marché. Il a compté sur leur point mort plus élevé que celui de ses membres pour les priver de leur compétitivité. Mais cette course aux volumes pour jouer le maintien de ses parts de marché a retardé le retour à l’équilibre entre offre et demande mondiale. Et maintenant, il doit agir. Car pour faire remonter (un peu) les cours, rien de tel qu’un accord limitant la production, d’abord de l’Opep, puis des producteurs majeurs extérieurs au cartel, comme la Russie. Même a minima. Même si chacun sait qu’il ne suffira pas à enrayer la surproduction. Même si le secteur a entamé sa mue vers le lean, et rehaussera ses niveaux de production dès le premier encouragement. Il en va de la survie du cartel pétrolier, mais aussi de la santé de l'économie mondiale, mal armée pour supporter une remontée du baril au-dessus des 100 dollars.

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