Testées en mer durant deux ans, les éoliennes verticales et l’aile de traction embarquées sur Energy Observer, le catamaran laboratoire d’une navigation zéro émission, vont céder leur place à deux ailes pilotées par une Intelligence artificielle.
Ne pas valider des technologies lorsqu’elles ne sont pas adaptées à un usage, cela sert aussi à ça un bateau laboratoire. Et c’est exactement ce qui vient de se passer à bord de l’Energy Observer, le catamaran démonstrateur d’une navigation 100% zéro carbone. Après un tour de France en 2017, un tour de Méditerranée en 2018 et 10 326 miles nautiques parcourus (près de 20 000 km), le capitaine Victorien Erussard et son équipe ont décidé d’écarter deux des technologies d’autonomie énergétique qui avaient été embarquées sur leur catamaran à hydrogène.
La première, le kite de traction piloté électroniquement, "n’est pas adapté à ce type de bateau, l’installation à l’avant peut être dangereuse, mais la technologie est prometteuse pour d’autres types de navires et va continuer à être testée", explique Victorien Erussard.
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Deux technologies inadaptées à remplacer
La seconde technologie qui va être débarquée du bateau était pourtant un marqueur visuel fort de ce catamaran blanc et bleu navigant à 100% aux énergies renouvelables et à l’hydrogène vert produit à bord : les deux éoliennes à axe vertical. Malgré leur design élégant et "leur fonctionnement silencieux, le bilan n’est pas bon pour un usage dynamique, Il y a trop de traîne", analyse le capitaine de l’Energy Observer.
Résultats, en Méditerranée, le bateau a fonctionné à 40% grâce à ses 140 mètres carrés de panneaux photovoltaïques, et à 60% à l’hydrogène produit à bord à partir d’eau de mer lors des escales grâce à l’électricité stockée dans des batteries. Mais lors du retour vers Saint-Malo, en octobre dernier, l’énergie solaire a montré ses limites et réduit ses performances de moitié.
Pour la prochaine saison de navigation, qui doit emmener l’Energy Observer en Europe du Nord, il fallait donc trouver une solution. La surface de panneaux photovoltaïques sera encore augmentée et un moyen de stockage thermique par récupération de la chaleur sera installé sur la chaîne hydrogène afin de disposer d’eau chaude et de chaleur en continu et pas uniquement lorsque la pile à combustible fonctionne.
Des ailes non rigides automatisées ultra innovantes
Restait à optimiser la propulsion et l’autonomie du bateau. Pour cela, les éoliennes et le kite vont être remplacés par deux ailes Oceanwings, rotatives, autoportées et 100% automatisées grâce à une intelligence artificielle réagissant à la force et la direction du vent. Une IA skipper, en quelque sorte. Inspirées des ailes rigides des bateaux de l’America's Cup, ces ailes de 12 mètres de hauteur, aussi appelées propulseurs éoliens intelligents, seront installées sur chacun des flotteurs. Elles comportent deux volets de toiles de 31,5 m2, affalables et arrisables, comme une voile.
Conçues et développées par Marc Van Peteghem, architecte naval et co-fondateur du cabinet VPLP design avec la CNIM, elles n’ont pour l’instant été testées que dans un format de 8 mètres. Elles doivent augmenter la vitesse du bateau de 33 % et réduire ses dépenses énergétiques jusqu’à 48%. Elles devraient surtout lui permettre de produire de l’hydrogène en mer, et non plus seulement lors des escales.
"L’idée est de préparer en 2019 les voyages transatlantique et transpacifique qu’il nous faudra réaliser en 2020", explique le capitaine du bateau qui doit réaliser son tour du monde en six ans. Les ailes, fabriquées à Toulon, seront installées sur le bateau à Saint-Malo fin février. L’Energy Observer reprendra ensuite la mer en mars vers Anvers, sa première escale.
Aurélie est grand reporter, responsable des sujets énergie et industrie durable. Elle a été rédactrice en chef adjointe de L'Usine Digitale après avoir été chef du service innovation, numérique et design de L’Usine Nouvelle, pour lequel elle suivait les sujets high-tech depuis son entrée dans la rédaction en 2000. Elle est auditrice de l’Institut des hautes études scientifiques et techniques (IHEST), promotion Lévi-Strauss en 2010.
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