Pour Nadia Maïzi, coautrice du dernier rapport du Giec, il faut «interroger la place du numérique dans nos vies»
L'empreinte carbone du numérique reste difficile à mesurer, a rappelé Nadia Maïzi lors de l'ouverture du salon Sido, à Lyon. Enseignante aux Mines ParisTech, la coautrice du dernier rapport du Giec appelle les chercheurs à s’emparer de cette question et les individus à modérer leur consommation dans un entretien accordé à L'Usine Nouvelle.
Dès sa première intervention, Nadia Maïzi plante le décor. «Si l'on ne définit pas de quoi on parle, on peut brandir le numérique pour tout.» La mathématicienne, professeure aux Mines ParisTech et coautrice du dernier rapport du Giec, est venue participer à une conférence au Sido, le showroom de l’innovation technologique, qui se tient à Lyon les 14 et 15 septembre. Son thème: «D’un numérique responsable à la transition énergétique - Construire la résilience de votre entreprise».
Des termes que la chercheuse juge beaucoup trop vagues. «Malgré le télétravail, les émissions de CO2 ont augmenté, rappelle-t-elle. Je n'en nie pas l’intérêt, mais la question plus large est celle de la décarbonation. Les mots sont mélangés par les entreprises: "green IT", "sustainable development"… Il faut faire du concret.» Interrogée par L'Usine Nouvelle, Nadia Maïzi revient sur les dangers et les opportunités du numérique dans la crise climatique.
L'Usine Nouvelle. - Le numérique peut-il être considéré comme une solution face à la crise climatique?
Nadia Maïzi - Il est très délicat aujourd’hui d’évaluer la part positive ou négative apportée par le numérique, car il est difficile de quantifier l’ensemble de ses impacts. Si la consommation des équipements et des infrastructures comme les datacenters est plutôt bien évaluée, toute la consommation induite par les calculs - qui n’est pas négligeable - l’est beaucoup moins. Un rapport de l’association de l’industrie des semi-conducteurs publié en 2015 évalue que, pour les seuls aspects calculatoires, on devrait utiliser en 2040 toute la production d’énergie mondiale. [...]
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