Peur et manque de confiance, les principaux freins à l’innovation participative
Contrairement aux idées reçues, la France est un pays de créateurs, sauf qu'ils ne sont pas assez reconnus et encouragés dans notre pays. Un constat partagé le 24 novembre par Innov’Acteurs lors du Carrefour de l’innovation participative, journée de réflexion autour des enjeux de l’innovation et de la créativité dans les entreprises.
La confiance, ça ne se décrète pas !
Les salariés désengagés au travail ? Pour la troisième année consécutive, Innov’Acteurs et Capitalcom ont réalisé une grande enquête auprès de la population active française afin d’évaluer la maturité de l’innovation participative dans notre pays.
27% des personnes interrogées n’éprouvent pas l’envie de proposer de nouvelles idées. Première raison mentionnée, la peur de la réaction de son manager (20%). Mais dans le détail, il y a une forte disparité. Les jeunes manifestent d’abord un manque de confiance dans leurs idées (25%) alors que les seniors placent cette réponse en dernière position (6%).
Pourtant dans l’entreprise, on a besoin des idées de tout le monde ! Une idée "insignifiante" sur le moment peut s’avérer par la suite une véritable source d’innovation ou de créativité. Pour Eric Albert, psychiatre et fondateur de l’Institut Français d’Action sur le Stress, il faut faire attention à ne pas dissocier l’innovation participative des initiatives que prennent les salariés au quotidien et ne surtout pas chercher à la mesurer sur la durée. Il faut imaginer de nouvelles formes de reconnaissance qui prennent en compte l’audace. L’innovation induit nécessairement une prise de risque et la reconnaissance d’un droit à l’échec, car une idée considérée initialement comme innovante peut aussi s’avérer infructueuse.
Les réseaux sociaux, la "préhistoire" de ce qui va se passer demain
Les actifs interrogés sont peu au fait des nouvelles pratiques de recueil d’idées. Moins d’un salarié sur cinq a entendu parler de l’open innovation (des partenariats entre les grandes entreprises, les startups et les laboratoires de recherche) et moins d’un sur dix connaît le concept du "hackathon" (un évènement de programmation informatique collaborative autour d’un projet).
D’après eux, ces outils sont d’ailleurs très peu utilisés dans leurs entreprises. En fait, les moyens mis à leur disposition dans les entreprises pour favoriser leur capacité d’innovation sont très réduits : il s’agit pour l’essentiel de réunions de partage en comité restreint, des boîtes-à-idées et des formations aux techniques de créativité.
Les outils numériques sont encore rares alors que les salariés sont demandeurs de plateformes collaboratives dédiées au partage et à l’expérimentation d’idées nouvelles.
Se sentir libre et oser la bienveillance dans l’entreprise
Les salariés doivent pouvoir stimuler leur créativité, mais prendre du recul est difficile dans un environnement professionnel tourné vers la production et la rentabilité immédiate. C’est sans doute la raison pour laquelle près de 40% des salariés déclarent trouver leur inspiration dans la sphère privée. Corollaire de ce constat, 60% des salariés ont le sentiment d’être plus créatifs en dehors de leur temps de travail ; la première raison invoquée est le fait de se sentir libéré de toute pression (30% des réponses), suivie par le fait de disposer de plus de temps (21%).
De fait, l’innovation participative est avant tout comme un processus horizontal, et non hiérarchique, au sein duquel les salariés doivent se sentir sur un pied d’égalité et en confiance avec leur manager. Les salariés attendent des entreprises qu’elles mettent des moyens à leur disposition pour les aider à innover, mais aussi qu’elles leur accordent du temps de qualité, dégagé de toute pression, pour libérer leur capacité d’innovation.
Une étude qu’illustrait Cyrille de Lasteyrie, aussi connu sous le nom de Vinvin, lors du TedX Paris 2014 : les Français utilisent l'expression "prendre un risque" alors que les Anglo-saxons disent "to take a chance". L’innovation participative nous exhorte a faire fi du risque et à saisir une opportunité en se basant sur notre propre expérience de vie.
Yann-Maël Larher, doctorant en droit social sur les technologies de l'information et de la communication dans l'entreprise (Université Paris 2 - Assas)
@yannmael
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