Optis, l’innovation cachée de la Coupe de l'America
Defender et challengers de la Coupe de l’America de 2017 se mesurent dès à présent sur un circuit mondial. La moindre innovation peut valoir une poignée de secondes. Optis, spécialiste de la simulation physique de la lumière, travaille avec l’une des équipes.
La Coupe de l’America est un défi autant technologique qu’humain. En attendant les régates qui se dérouleront aux Bermudes en mai et juin 2017 sur des AC 50, catamarans volants de 15 mètres, le defender (le détenteur de la Coupe) et ses cinq challengers participent à un circuit mondial sur des AC 45 de 13,45 mètres. Ces derniers servent de laboratoire pour affiner les solutions techniques, que les équipes gardent jalousement secrètes. C’est ainsi que la PME Optis a parmi ses clients une équipe de la Coupe de l’America. Impossible de savoir laquelle. "Elle considère que c’est un avantage compétitif", explique Jacques Delacour, PDG fondateur d’Optis, présent lors de l'étape toulounaise les 10 et 11 septembre 2016. Il venait en voisin, puisque l'entreprise est née à Toulon (Var).
Le spécialiste de la simulation physique de la lumière a pu mettre son expérience pour travailler sur les afficheurs présents à bord de l’AC 45, sur leur ergonomie et sur leur lisibilité, même au soleil. Optis, créé en 1989 par Jacques Delacour alors qu’il n’avait que 25 ans, emploie aujourd’hui 220 personnes et a ouvert des filiales au Japon, aux États-Unis, en Chine et en Corée du Sud. 95% de son chiffre d’affaires sont réalisés à l’export. Jacques Delacour se refuse à le divulguer, mais précise que la croissance de ses ventes s’est élevée à 35% entre 2014 et 2015.
Prise en compte de la physique de la lumière et des objets
Le secret de cette réussite, c’est une approche de la simulation en temps réel qui s’appuie sur les phénomènes physiques. Le faisceau d’un phare, le reflet du soleil sur le tableau de bord d’une automobile, etc. sont simulés à partir d’algorithmes qui prennent en compte la physique de la lumière et des objets qu’elle éclaire. Optis propose également de simuler un écran tactile au moment de sa conception. La simulation est reliée à l’ordinateur auquel l’écran sera connecté, avec les données réelles, afin de pouvoir choisir l’ergonomie la plus efficace, les informations les plus importantes à mettre en avant. Un savoir-faire qui aura pu être mis à profit par l’équipe mystère de la Coupe de l’America…
Ce n’est pas la seule incursion d’Optis dans le domaine des bateaux. Le constructeur de voitures de luxe Aston Martin, client d’Optis comme Bentley, Mercedes Benz, Ferrari, Bombardier, Boeing ou Airbus, finalise son projet de bateau de sport, l’AM37. Il a logiquement travaillé avec Optis pour réaliser des simulations réalistes pour définir les matériaux, éviter les reflets, etc. Après l’automobile, l’aviation, l’électroménager ou les fabricants d’appareils photographiques, le marché de la plaisance s’ouvre peut-être à Optis.
Patrice Desmedt