Nippon Paint lorgne sur Axalta
C'est un chassé-croisé. Le 21 novembre, AkzoNobel et Axalta annonçaient renoncer à leur projet de fusion. Dans la foulée, Reuters révélait que le géant japonais des peintures et revêtements, Nippon Paint Holdings, avait déposé une offre sur Axalta, confirmée le lendemain. Ceci expliquant peut-être cela. Dévoilé le 30 octobre, le projet d'Axalta et d'AkzoNobel concernait la fusion de l'Américain avec les divisions Peintures et Revêtements du groupe néerlandais (CPH n°821). La transaction entrevue n'incluait pas la division Specialty chemicals d'AkzoNobel, toujours vouée à évoluer de manière indépendante à l'avenir. Le chimiste américain a indiqué que les « deux entreprises ne sont pas parvenues à finaliser des termes mutuellement acceptables ». Charles Shaver, le patron d'Axalta, est allé un petit peu plus loin en précisant que « toute transaction que nous pourrions accepter nécessiterait de générer pour les actionnaires d'Axalta une création de valeur à long terme supérieure à celle entrevue dans le cadre de notre stratégie actuelle ». Or l'offre de Nippon Paint semble bien intéressante. Là où AkzoNobel proposait une fusion entre égaux, le Japonais a fait une offre d'acquisition en cash, sans doute plus séduisante pour les principaux actionnaires, les fonds comme Berkshire Hathaway, Blackrock ou Vanguard qui détiennent à eux trois presque le quart du capital d'Axalta. Le fonds Carlyle, qui avait fondé Axalta en reprenant la division Performance Coatings de DuPont en 2013 (CPH n°622), est, lui, sorti définitivement du capital en 2016.
« Un solide numéro 4 mondial »
VOS INDICES
source
123 -4.65
Janvier 2023
PP Copolymère
Base 100 en décembre 2014
163.1 +0.87
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.30 − Peintures Industries
Base 100 en 2015
172.7 -2.15
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
L'offre n'a pas encore été détaillée. Selon Nippon Paint, le groupe japonais compterait pour 4 % du marché mondial des peintures, et Axalta 3 %. Soit un total combiné de 7 % qui se poserait comme un solide n° 4 mondial derrière AkzoNobel (9 %), et les Américains PPG (12 %) et Sherwin-Williams (13 %). Des positions de leader particulièrement intéressantes sur un marché mondial encore extrêmement fragmenté. Selon Nippon Paint, la moitié du marché mondial se répartirait entre près de 7 500 entreprises ! L'acquisition d'Axalta fait grandement sens pour le groupe japonais qui a généré, l'an passé, un chiffre d'affaires d'environ 4,6 Mrds $ contre 4,07 Mrds $ pour sa cible. Sur le plan géographique, Nippon Paint est très dépendant de l'Asie qui a compté pour plus de 90 % de ses ventes, dont 33 % pour le seul Japon. Les Amériques n'ont pesé que pour 6 %, le reste du monde moins de 3 %. Axalta présente un profil propre à un net rééquilibrage, sachant que les zones Amérique du Nord et EMEA ont représenté environ 35 % chacune de ses ventes en 2016. Sa part en Asie-Pacifique, de près de 18 %, prendrait nettement de la hauteur de son côté. Par segments d'activité, l'acteur américain est très concentré sur l'automobile, 41 % des ventes provenant de sa division Revêtements pour transports, tandis que la finition automobile surpasse franchement les revêtements industriels dans sa seconde division, Revêtements de performance. Nippon Paint dispose d'un profil plus équilibré : 46 % pour la décoration, 27 % pour l'automobile et 13 % pour les revêtements industriels.
Pour AkzoNobel, cette fin des tractations avec Axalta n'est peut-être pas une très bonne nouvelle. Après avoir passé le premier semestre à échapper aux griffes de PPG et à essayer de convaincre que le spin-off de ses spécialités chimiques valait de l'or, le revoici à la merci d'une attaque. Une fusion avec Axalta lui aurait sans doute conféré un soulagement certain. Conformément au droit néerlandais, PPG ne peut plus revenir à la charge avant décembre, suite à ses offres rejetées au printemps. Pas sûr que l'Américain reprenne le combat. Reste que décembre, c'est demain...