[Muse industrielle] "Territoires zéro chômeur", une utopie en bonne voie dans un documentaire sur M6

La documentariste Marie-Monique Robin a suivi pendant trois ans l’expérience "Territoires zéro chômeur de longue durée" à Mauléon, dans les Deux-Sèvres. Diffusion dimanche 17 mars à 21 heures sur M6.

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[Muse industrielle]
Des salariées de l'expérimentation Territoire zéro chômeur de Mauléon (Deux-Sèvres).

Les hommes et femmes suivis par la documentariste Marie-Monique Robin se transforment mois par mois sous nos yeux. Le tournage commence en 2015, quelques temps avant le vote de la loi autorisant l’expérimentation "Territoires zéro chômeur de longue durée". Pierrick, 38 ans, est au chômage depuis deux ans. Veuf, cet ancien chauffeur routier doit s’occuper de ses deux filles et cherche un travail à temps partiel, qu’il ne trouve pas. Trois ans plus tard, on le retrouve souriant, comptable dans l'entreprise née de l'expérimentation, et ponctuellement chauffeur.

Des joies, des doutes

Mauléon (Deux-Sèvres), sa ville, est un des dix territoires que la loi a permis d'expérimenter le dispositif "Territoires zéro chômeur". L’agglomération compte 8 800 habitants, dont 230 chômeurs de longue durée en 2015. L’argent public dépensé pour aider ces populations en rupture - 18 000 euros par an et par personne selon ATD Quart Monde, à l’origine de l’expérimentation - est reversé à une "entreprise à but d’emploi" (EBE) qui les embauche en CDI. Charge à cette structure de trouver des activités, rémunérées, pour compléter ses ressources et leur verser un SMIC – 22 000 euros avec les charges par an.

La réalisatrice suit d’autres salariés, souvent cabossés par la vie, et nous confie leurs joies, leurs doutes. L’une, licenciée après un burn out, ne veut plus "recevoir d’argent sans rien faire". Un ancien DRH ne supportait plus son travail, à l'époque il refusait d'embaucher des personnes handicapées une fois son quota atteint. Aujourd'hui, cela ne lui viendrait plus à l'idée. "Je suis bien avec vous" dit-il à ses nouveaux collègues. Pauline a dû fermer son salon de coiffure : "j’étais plus rien". Sylvie rit de ce qu’elle a osé faire avec son premier salaire : "je suis allée chez le coiffeur et me suis acheté un petit frigo… " Beaucoup de salariés ont plus de 50 ans, un tiers sont des personnes en situation de handicap.

Une des chômeuses désormais en emploi (crédit : Laurie Bignonnet)

Activités répondant à des besoins fractionnés

Un ancien entrepôt est rénové, des bureaux sont repeints, l’ESIAM, nom de l'entreprise à but d'emploi de Mauléon, cherche des clients. Une usine de chemises lui donne ses chutes de tissu ; recyclées, elles se transforment en sacs et objets de décoration vendus sur internet. Un atelier menuiserie récupère des palettes chez les industriels et un salarié se lance dans la conception d’un lombric-composteur.

Toute la collectivité se mobilise pour confier du travail aux salariés de l’ESIAM. Dans un hameau, les habitants géraient seuls un dépôt de pain. Ils le confient à une salariée de l’ESIAM, qui leur facture ce service quelques euros de l’heure. Un habitant leur prête un terrain sur lequel seront cultivés des fruits et légumes bio. Pauline a l’idée de proposer aux nombreuses chambres d’hôte du coin – pas loin du Puy-du-Fou – un service de laverie. Un salarié passionné d’histoire locale organise des visites guidées de la ville. L’offre de services de l’ESIAM répond à des besoins, à des tâches que personne n’effectuait car elles ne peuvent pas occuper un temps plein ou être payées à plein tarif.

Soucis de management et de financement

Les salariés déjeunent ensemble à la cantine pour 4 euros le repas, dont un pour financer l’emploi à temps partiel d’une salariée. Organisent des pique-nique le week-end pour intégrer les nouveaux. En juin 2018, l’entreprise à but d’emploi salariait 72 personnes et dix chômeurs étaient sur liste d’attente pour l’intégrer. Dix anciens salariés ont retrouvé du boulot ailleurs. Un salarié a réussi à acheter une petite maison.

Le documentaire n’occulte pas les nombreuses difficultés de l’expérimentation : des soucis de management, des baisses de motivation pour des personnes dont les parcours ont été difficiles, mais surtout des financements insuffisants. "On a besoin d’argent pour investir", note un des responsables de l’opération. Ce n’est pas prévu, l’argent public couvre 70% des salaires, c’est tout.

Avec ses dix territoires, l'’expérimentation emploie aujourd’hui 800 salariés. Elle devrait être étendue à de nouveaux territoires, Emmanuel Macron s'est montré intéressé. Plus de 160 sont candidats.

"Objectif zéro chômeur : l’incroyable histoire d’une entreprise pas comme les autres", réalisé par Marie-Monique Robin. Zone interdite, dimanche 17 mars, M6, 21 heures.

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