Linde va redevenir n°1 mondial
Près de trois ans après s'être fait damer le pion par Air Liquide, devenu roi en s'emparant d'Airgas, Linde va retrouver son trône. Le géant allemand des gaz industriels a annoncé, le 22 octobre, avoir réuni toutes les conditions pour fusionner avec l'Américain Praxair. Le dernier écueil, mais de taille, relevait du feu vert de la Federal Trade Commission (FTC), désormais accordé. La fusion entre égaux entame enfin la dernière ligne droite. Elle devrait se finaliser au 31 octobre et constituer le n°1 mondial des gaz industriels. Un géant de 80 000 salariés, d'une capitalisation boursière de 90 milliards de dollars (environ 78 Mrds €) et d'un chiffre d'affaires de l'ordre de 24 Mrds E, soit une « poignée » de plus qu'Air Liquide (20,35 Mrds € en 2017).
Le futur géant sera nommé Linde plc. La cotation de Linde AG devait cesser à la Bourse de Francfort au 26 octobre, avant la cotation de Linde plc, à partir du 29. Outre-Atlantique, la cotation Praxair cessera au 30 octobre à la Bourse de New York, et sera remplacée par celle de Linde plc dès le lendemain. Chaque actionnaire de Praxair recevra une action du nouvel ensemble par titre détenu. Ceux de Linde obtiendront 1,54 action par titre. Des synergies de 1,1 à 1,2 Mrd $ sont attendues à un horizon de trois ans. En termes de gouvernance, le comité directeur disposera de 12 sièges, également répartis. Wolfgang Reitzle, le patron de Linde deviendra président du comité directeur tandis que Steve Angel, à la tête de Praxair serait nommé p-dg de Linde. Les activités de gouvernance seront, dans un premier temps, établies au Royaume-Uni.
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Linde et Praxair, en concurrence frontale en termes d'activités, savaient dès le départ que leur union ne serait pas simple. En se mettant d'accord dès la fin 2016 (CPH n°786), ils ne s'attendaient sans doute pas à s'engager dans un marathon de près de trois ans. Surtout, ils s'étaient entendus pour ne pas céder un chiffre d'affaires de plus de 3,7 Mrds $, et plus de 1,1 Mrd $ d'Ebitda. Impossible de savoir si la limite a été franchie. Cet été, ils ont annoncé la cession de la majorité des actifs de Praxair en Europe (1,3 Mrd € de ventes en 2017) au Japonais Taiyo Nippon Sanso (CPH n°850). Outre-Atlantique, Linde s'est engagé à céder la majorité de ses activités en Amérique du Nord (1,4 Mrd € de ventes en 2017) à un consortium CVC et Messer (CPH n°852). Les deux protagonistes n'ont toutefois pas dévoilé les exigences supplémentaires américaines. La TFC s'en est chargée. Le 22 octobre, elle a précisé que les cessions à Messer et CVC comprennent les actifs du Linde actuel dans les productions d'oxygène, d'azote et d'argon liquides, soit la totalité des 32 unités de séparation des gaz de l'air installées, ainsi que 16 unités de dioxyde de carbone implantées aux États-Unis, des contrats d'approvisionnement équivalents à la totalité des contrats de Praxair pour la fourniture d'hélium, l'activité américaine de laser excimère, ainsi que l'unité nord-américaine de Linde pour la production d'hydrogène liquide. Les exigences supplémentaires comprennent d'abord la cession à Matheson Tri-Gas de cinq usines d'hydrogène de Linde localisées en dehors du Golfe du Mexique et du pipeline d'hydrogène du groupe allemand dans le Golfe du Mexique. Enfin, la FTC exige la cession des usines d'hydrogène de Linde à Clear Lake (Texas), qui reviendrait à Celanese, et à La Porte (Texas), qui serait reprise par LyondellBasell. Si la finalisation de la fusion est prévue pour la fin octobre, elle ne sera que pleinement effective une fois ces cessions achevées. Le délai maximum accordé est de quatre mois, soit au 29 janvier 2019. En attendant, Praxair et Linde poursuivront leurs activités de manière indépendante.