Linde cède ses Amériques à Messer et CVC
Les grandes manœuvres de « PraLin », la gigantesque fusion entre l’Américain Praxair et l’Allemand Linde, sont sans doute en passe d’aboutir. Le 16 juillet, l’Allemand Messer et le fonds CVC Capital Partners Fund VII ont annoncé un accord pour l’acquisition de la majorité des activités de Linde en Amérique du Nord et de certaines de ses activités en Amérique du Sud. Cette opération n’est pas une surprise. Les différents acteurs avaient annoncé la semaine précédente avoir bien entamé des discussions exclusives. Seulement la concrétisation est rapide. Et suit de très près le projet de cession, en début de mois, des actifs européens de Praxair en Europe au Japonais Taiyo Nippon Sanso (CPH n°850). Evidemment, ces deux opérations distinctes sont conditionnées à la fusion effective de Linde et Praxair, toujours désireux de devenir les champions du monde des gaz industriels et de ravir le trône au leader mondial, le Français Air Liquide. Lequel s’était lui-même emparé de la place royale en prenant sous sa coupe l’Américain Airgas en 2016 (CPH n°762). Une situation qui semble déplaire depuis le début à l’ancien numéro un mondial, Linde, visiblement prêt à tous les sacrifices pour retrouver sa couronne. Car, alors qu’Air Liquide avait bien joué en s’associant à un acteur complémentaire, évitant de crisper, de fait, les autorités de concurrence, Linde a privilégié la carte du gigantisme en s’associant à un réel homologue, avec de nombreuses activités en concurrence directe sur les deux rives de l’Atlantique. S’exposant inévitablement à de grandes cessions pour éviter des positions trop dominantes.
Reste que Linde et Praxair semblent avoir bien valorisé leurs actifs. Pour le groupe américain, le projet de cession à Taiyo Nippon Sanso valorise à 5 Mrds € des ventes de 1,3 Mrd €. Soit plus du triple. Pour le groupe allemand, il s’agit du double seulement, le projet valorisant à 2,8 Mrds € un ensemble qui a généré des ventes de 1,4 Mrd €, pour un Ebitda de 305 M€. C’est tout de même un grand morceau que s’engage à céder Linde. 5100 de ses employés changeraient d’employeur. La grande majorité de ses activités américaines, notamment de vrac (« bulk ») changerait de pavillon. Comme ses activités au Canada. Sur le front sud-américain, seraient cédées les activités de Linde au Brésil et en Colombie. Avec ces deux projets présentés en deux semaines, Praxair et Linde espèrent obtenir au plus vite l’approbation des autorités de concurrence pour boucler leur fusion au second semestre.
VOS INDICES
source
Pour Messer, cette opération sera presque un retour au pays. En 2004, à la sortie d’un LBO, le groupe allemand avait du céder ses actifs nord-américains, comme ceux en Allemagne et Angleterre, à Air Liquide. Stefan Messer, le patron de Messer se réjouit ainsi de cette « opportunité unique de revenir sur les marchés nord et sud américains ». Une opportunité qui lui offre d’emblée de fortes positions régionales. Le projet avec CVC prévoit la constitution d’une coentreprise dont la répartition capitalistique n’a pas été précisée à ce stade. La coentreprise prendrait le nom de MG Industries. Messer y adjoindra ses activités de gaz industriels en Europe occidentale, soit celles en Espagne, au Portugal, en Suisse, en France, au Benelux, au Danemark et en Allemagne. Ce qui représente un ensemble supplémentaire de 780 salariés pour un chiffre d’affaires de 334 M€ en 2017.