Les quatre points à retenir de l'accord entre les Etats-Unis et l'Europe
L'Union européenne et les Etats-Unis ont convenu de lancer des négociations pour réduire entre les deux zones les droits de douanes dans le secteur industriel, hors automobile, et mettre fin aux tensions commerciales entre eux.
Peu d’observateurs s’avançaient à prédire avant la rencontre entre Donald Trump et Jean-Claude Juncker à Washington le 25 juillet que celle-ci déboucherait sur une possible désescalade des tensions commerciales débutées depuis le printemps. Mais leur accord ne lève pas tous les doutes.
1 - Que contient l’accord ?
En l’état, le texte commun entre Européens et Américains est très succinct. Les deux parties s’engagent à entamer des négociations afin d’aboutir à la suppression des droits de douanes dans les secteurs industriels, hors automobile. Elles reprennent la proposition de l’Union européenne, arrêtée par les 28 Etats-membres en mai au sommet européen de Sofia, et qui avait jusque-là été rejetée.
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Des négociations doivent être ouvertes sur les barrières non tarifaires dans le domaine de la chimie, des produits pharmaceutiques et les dispositifs médicaux. Des domaines où a priori, ce sont plutôt les Européens qui ont des intérêts offensifs. L’accord en négociation ressemblerait à une sorte de traité transatlantique light. En réalité, les barrières tarifaires sont déjà très faibles.
Les Européens se sont par ailleurs engagés à importer davantage de soja et de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des Etats-Unis. C’est la seule mesure qui pourrait être mise en œuvre de façon quasi immédiate.
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2 - Est-ce un bon deal pour les Européens ?
Les Américains ont accepté de ne pas taxer les importations automobiles en provenance d’Europe. L’enquête en cours sur le sujet et menée par le département du Commerce devrait conclure dans les prochains mois et pourrait déboucher sur des droits de douane de 20 % sur les importations de véhicules. L’industrie automobile est aussi exclue formellement des négociations de baisse de droits de douane.
Mais les Européens ont fait une concession majeure. Ils affirmaient jusque-là "ne pas vouloir négocier avec un pistolet sur la trempe" et réclamaient comme préalable à toute discussion la levée des taxes sur l’acier et l’aluminium. Le communiqué commun mentionne seulement que l’Europe et les Etats-Unis "veulent résoudre" la question. En attendant, les taxes et les mesures de rétorsions européennes restent en vigueur.
3 - Pourquoi la France n’est pas très enthousiaste ?
La France avait moins à perdre que l’Allemagne de taxes sur les importations automobiles. Ses constructeurs y exportent très peu même si les équipementiers français sont très présents aux Etats-Unis et vendent aussi beaucoup aux constructeurs allemands qui étaient les premiers ciblés par les taxes potentielles. Le gouvernement était donc moins favorable à des concessions.
L’agriculture ne figure pas a priori dans le contenu des négociations des futures baisses de droits de douanes et révision des barrières non tarifaires, limitées au secteur industriel. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a tenu à rappeler qu'il s’agissait d’une ligne rouge à ne pas franchir pour la France, alors que la question des OGM, du poulet au chlore et du boeuf aux hormones est politiquement hyper-sensible.
En revanche, la France aurait aimé inclure dans l’accord la question de l’ouverture des marchés publics américains. Alors que les droits de douanes sont déjà faibles entre les deux pays, il s’agit du domaine où les Européens auraient le plus à gagner. Mais il s’agit là plutôt d’une ligne rouge américaine.
4 - Est-ce la fin de la guerre commerciale ?
Pas sûr. En mai, la Chine et les Etats-Unis avaient déjà annoncé être parvenus à un accord pour enterrer la hache de guerre en matière commerciale. La Chine avait promis d’acheter du bœuf et du GNL américain en échange d’un plus grand accès des investisseurs chinois au marché américain. Cela n’a pas empêché début juillet Donald Trump de menacer de taxer cette fois 200 milliards de dollars, voire 500 milliards de dollars de produits chinois.
Même si l'accord est restreint par rapport au TTIP, il prendra des mois de négociations. Rien ne dit que celles-ci aboutiront ou que Donald Trump ne perdra pas patience en route. Autre difficulté : la pression des opinions publiques européennes, même si l’accord à négocier ferait l’impasse sur le sujet le plus polémique : à savoir l’agriculture.
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