Les professionnels des travaux publics réclament davantage de visibilité sur les futures infrastructures
A l’approche de l’élection présidentielle, la Fédération des travaux publics pousse l’idée d’une planification renforcée des investissements, et alerte sur l’impact de la baisse des dotations aux collectivités. Le mode de financement des nouveaux projets fait toujours débat.
Selon un adage bien connu, "quand le bâtiment va, tout va". Or, le taux d'utilisation des capacités de production (87%) est inférieur à sa moyenne de long terme (88,2%) depuis janvier 2012, rappelle l’Insee. "Seul un entrepreneur sur quatre signale des goulots de production, contre un sur trois en moyenne depuis 1993", complète l’institut statistique. La commande publique n’y est pas étrangère, baisse des dotations aux collectivités oblige – "fin 2016, l’investissement public a atteint son niveau le plus bas depuis 1952, soit 3,35% du PIB", rappelait récemment l’économiste Mathieu Plane. Dans ce contexte, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) compte bien profiter de l’élection présidentielle pour convaincre les candidats de replacer les infrastructures au cœur de leurs priorités.
"Sans infrastructures, point de salut. La situation est très compliquée, on a perdu beaucoup d’activité. On construit beaucoup d’infrastructures au fil de l’eau. Or il nous faut une politique, se mettre d’accord sur un projet et, à partir de là, se mettre d’accord sur les modes de financement", a plaidé le président de la FNTP, Bruno Cavagné, lors d’un forum organisé jeudi 23 février à Paris en présence de plusieurs présidentiables. D’après le World economic forum, la France est passée du quatrième rang mondial pour la qualité de ses infrastructures en 2008-09 au dixième rang en 2015-16… Or, les dotations aux collectivités territoriales ont reculé de 3,7 milliards d'euros en 2015 et 2016. "On essaie de faire de la pédagogie auprès de beaucoup d’élus, afin de leur expliquer l’importance des infrastructures dans ce pays", indique Bruno Cavagné.
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Une volonté de programmation des investissements
Pour obtenir davantage de visibilité sur l’activité de ses adhérents, la FNTP a soumis 12 propositions aux candidats afin de "créer une véritable gouvernance des infrastructures" et de "favoriser l’investissement public local, faciliter les investissements privés et sécuriser les parties prenantes". Parmi ces mesures, la création d’un Conseil de programmation et d’orientation des infrastructures de long terme (approuvée par Emmanuel Macron mais déclinée par François Fillon au profit d’une loi programmatique), le renforcement des compétences des régions en matière d’infrastructures, la refonte du fonctionnement de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France, la modernisation du cadre budgétaire et comptable des collectivités, la possibilité donnée aux collectivités de créer des péages routiers, l’augmentation des garanties financières apportées par les donneurs d’ordre publics lors de commandes et la rationalisation des voies de recours juridiques. L’idée, sur ce dernier point, étant d’éviter que s'enlisent de nouveaux dossiers, tel celui de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Le financement des infrastructures, sujet à controverse
Les candidats à l’élection présidentielle interrogés par la FNTP (François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon) sont tous d’accord pour redonner un cap à l’investissement dans les infrastructures, notamment en s’attaquant aux dépenses de fonctionnement des collectivités. "Je suis pour un plan pluriannuel des investissements publics. Cela nécessite aussi, peut-être, une loi de programmation des investissements économiques. Je crois qu’il faut un grand ministère de l’Aménagement du territoire, des Transports et du Logement. Si on n’a qu’une vision sur les trois, on commet des erreurs", a ainsi indiqué Marine Le Pen, dénonçant une nouvelle fois les contraintes budgétaires fixées à l’échelle européenne.
Pour François Fillon, il convient de distinguer les collectivités qui font de réels efforts de rationalisation, des autres. L’augmentation de la part du financement des routes ou des voies ferrées par les usagers fait aussi partie de ses priorités : "l’usager devra financer une bonne partie des travaux. Je veux également qu’on reprenne l’effort de privatisation. Je veux que l’Etat sorte du capital des entreprises dans lesquelles il n’a rien à faire, et réinvestir ces sommes, à travers un fonds d’investissement, dans les infrastructures", a annoncé le candidat des Républicains. Qui compte également s’attaquer au versement transport effectué par les entreprises.
Emmanuel Macron, pour sa part, souhaite réaliser 60 milliards d’euros d’économies durant le quinquennat, dont 10 milliards sur les collectivités, mais compte contrebalancer les effets de ces coupes budgétaires au moyen d’un plan d’investissement de 50 milliards d’euros, "en plus du soutien à l’investissement privé", dont 20 milliards d’euros fléchés en direction du bâtiment et des infrastructures numériques, parallèlement aux initiatives prises par les collectivités. A la différence de François Fillon, il se prononce pour un financement des infrastructures toujours réparti entre l’impôt et la notion d’usage : "on a essayé dans beaucoup de cas de faire payer l’usager, l’écotaxe en est la parfaite illustration. Je ne suis pas favorable à une mobilité libérée totalement payée par l’usager", a-t-il précisé. "On a des infrastructures qui vieillissent à vitesse grand V", a par ailleurs rappelé Bruno Cavagné. Une fois les projets réalisés, encore faut-il les entretenir…
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