Les Mines ParisTech refusent de participer à l’IDEX Saclay

Tous les établissements d’enseignement supérieur et de recherche se battent pour bénéficier de la manne des Investissements d’avenir, l’Ecole des Mines de Paris les boude… Son conseil d’administration a en effet décidé, jeudi 3 novembre, de ne pas participer au deuxième projet d’Idex (Initiative d’excellence, 7,7 milliards d’euros sur 5 à 10 campus) de Saclay.

Une décision intervenue tardivement, la veille de la présentation du dossier de candidature de Saclay devant le jury international des Investissements d’avenir, ce vendredi. Pas sûr que la décision des Mines n'arrange les affaires des acteurs du plateau, qui s’étaient vu retoquer leur premier projet d’Idex pour problèmes de gouvernance…

De gouvernance et de pouvoir, il est pourtant bien question. Officiellement, la décision des Mines n’a rien à voir avec son hostilité à son déménagement à Saclay, que lui impose le président de la République. Mais l’Ecole est au cœur du bras de fer engagé entre la mairie de Paris et le gouvernement sur cette question : Paris ne souhaite pas voir ses pépites de l’enseignement supérieur quitter la capitale, tandis que le président de la République a fait du campus de Saclay son grand projet personnel, et souhaite y concentrer tout ce que l’enseignement supérieur compte de talents.

Ce conflit a une autre conséquence : Benoît Legait, directeur de l’Ecole dont le mandat est arrivé à échéance début octobre, n’a toujours pas été remplacé, le gouvernement cherchant vraisemblablement une personnalité non opposée au déménagement.

Le projet de Graduate School en cause

Officiellement, c’est un autre argument que met en avant l’Ecole pour justifier son refus de participer à l’Initiative d’excellence. "Le nouveau dossier d’Idex de Saclay ne mentionne pas ParisTech (NDLR : regroupement de 11 écoles d’ingénieurs et HEC auquel appartient l’Ecole des Mines) et n'apparait pas compatible, contrairement au premier, avec son grand projet de devenir une université scientifique et technique de rang mondial, et de Graduate School, explique Benoît Legait, directeur par interim de Mines ParisTech. Or cet objectif de ParisTech est central pour la stratégie des Mines. Dans les conditions actuelles, le conseil d’administration n’a pas souhaité s’associer au deuxième projet d’Idex à Saclay."

Il faut dire que la présence de ParisTech, un PRES regroupant des établissements dont certains ne sont pas physiquement sur le plateau puisque parisiens, au sein d’un ensemble (la Fédération de coopération scientifique) rassemblant entre autres des écoles et universités faisant parfois partie d’un autre PRES, ne rendait pas la gouvernance très lisible. Le jury international ne s’était pas privé de le souligner.

La Fédération de coopération scientifique a donc demandé aux établissements d’enseignement supérieur de Saclay de s’engager à titre individuel dans le projet d’Idex. Ce qu’ont d’ailleurs fait les 7 écoles de ParisTech présentes à Saclay (Telecom, Institut d’optique, ENSAE, ENSTA, Polytechnique, AgroParistech, HEC).

Logique, finalement : l’Ecole des mines, qui espère toujours éviter une installation à Saclay, n’a pas trop de raison de s’engager dans une "Initiative d’excellence" qui lui lierait les mains pour plusieurs années sur ce territoire. Pour une fois, l’appât du gain, mais surtout de labels et participations à des projets partagés avec des tiers, n’a pas suffi.

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