Les grands investisseurs peinent à assurer le reporting climat de leur portefeuille
Les investisseurs institutionnels ont commencé à communiquer sur l’impact écologique de leurs portefeuilles d’investissement. Ils appliquent l’article 173 de la loi sur la transition énergétique de 2015. Mais, selon des études de Novethic et du WWF, les rapports sont encore très inégaux, faute de méthodologie commune, et souvent peu lisibles pour les épargnants.
Les portefeuilles d’investissement des assureurs et des banques sont-ils suffisamment verts ? C’est encore difficile à dire, selon deux études réalisées par le centre de recherche Novethic et par le WWF.
Les deux organisations se sont penchées sur la manière dont les investisseurs institutionnels avaient mis en œuvre l’article 173 de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte de 2015. Cette disposition leur impose depuis 2016 de mesurer l’impact du risque climatique sur leurs portefeuilles d’actions et d’obligations, et de mettre en place une trajectoire de gestion de leurs investissements alignée sur les objectifs de l’accord de Paris issu de la Cop 21.
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31 investisseurs n’ont rien publié
Sur les 100 investisseurs institutionnels analysés par Novethic, 15 affichent une stratégie claire en faveur du climat dans leur rapport relatif à l’article 173. Les 20 suivants utilisent l’article 173 pour rendre publiques des actions qu’ils avaient déjà engagées, et 34 commencent à se mettre au reporting sur le climat. Reste les 31 derniers qui n’ont pas publié de rapport sur leurs actions malgré la loi.
Les investisseurs se retrouvent toutefois confrontés à des problèmes de méthodologie dans la mise en place de leur reporting climat. "Les trois quarts des rapports mentionnent une empreinte carbone des portefeuilles, même si tous ne l’ont pas rendue publique, remarque Dominique Blanc, le directeur des recherches de Novethic. Mais beaucoup remettent en question l'intérêt de cet indicateur." Ils pointent notamment du doigt la difficulté d’agréger des données qui ne portent pas toujours sur les mêmes périmètres.
Même constat sur l’analyse des risques climatiques pesant sur leurs portefeuilles, encore très peu abordée faute de méthode reconnue. Une trentaine d’investisseurs ont néanmoins entamé une réflexion sur la question.
15,1 milliards d’euros investis dans l’économie verte
Une trentaine d’entre eux également inscrivent dans leur rapport leurs objectifs pour que la gestion de leur portefeuille s’oriente vers une limitation à 2 degré du réchauffement climatique. Seuls deux d’entre eux l’ont chiffré. Et pour ce qui concerne ces deux investisseurs, les portefeuilles atteignent un réchauffement de 3,6 degrés et 4 degrés…
Ces 100 investisseurs institutionnels commencent néanmoins à mettre en œuvre des actions. Ils allouent 15,1 milliards d’euros à l’économie verte soit… 1,05 % en moyenne de leurs actifs totaux (3160 milliards d’euros). C’est un début. Leurs principaux véhicules d’investissement sont les Green Bonds, dont le montant d’émission vient de dépasser les 100 milliards d’euros sur les premiers mois 2017 et devrait atteindre 120 à 130 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année.
Par ailleurs, 28 investisseurs institutionnels ont entamé une stratégie de désinvestissement des actifs trop émetteurs de gaz à effet de serre. La plupart s’est positionnée sur le désinvestissement du charbon et deux inspectent toutes les entreprises les plus intensives en carbone.
"Les investisseurs doivent mieux définir leur stratégie à 2 degrés et l’assortir d’objectifs, souligne Anne-Catherine Husson-Traoré, la directrice générale de Novethic. Il y a encore du travail à faire et il ne faut pas attendre que les méthodologies soient au point car il sera alors trop tard."
Peu d’efforts d’explication
Ces travaux manquent toutefois de lisibilité pour les épargnants, selon le WWF. "Aucun d’entre eux n’a fait le travail de rendre son rapport compréhensible pour les particuliers", remarque Pascal Canfin, le directeur général du WWF.
L’Organisation non gouvernementale cite néanmoins trois assureurs comme étant les plus transparents, AG2R La Mondiale, Axa France et CNP Assurances. "L’année prochaine, tous les assureurs doivent publier un document spécifique pour dire comment ils appliquent la loi et quels sont leurs objectifs", soutient Pascal Canfin.
Pour appuyer ses revendications, le WWF dégaine un sondage réalisé avec l’Ifop sur les épargnants français. Près de 57 % d’entre eux souhaitent que leur épargne soit utilisée pour lutter contre le réchauffement climatique. Et 89 % estiment que leur banque ou leur compagnie d’assurance ne leur donne pas d’information en la matière.
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