Les entreprises françaises ne se sont pas préparées au Brexit
Les incertitudes sur le choix final des Britanniques quant à leurs relations futures avec l’Union Européenne incitent les entreprises françaises à repousser leur préparation face au Brexit. Le 15 janvier, les députés britanniques ont massivement rejeté l'accord de divorce négocié par leur Première ministre Theresa May.
Mis à jour
16 janvier 2019
Que se passera-t-il si un Brexit dur a bien lieu le 30 mars ? Alors que les semaines à venir s'annoncent compliquées à Londres, depuis le rejet massif le 15 janvier par les députés britanniques de l’accord de divorce négocié par Theresa May avec Bruxelles, peu d’entreprises françaises se sont posées la question.
"Juste après le référendum en juin 2016, elles se sont intéressées au sujet. Depuis, l’issue étant devenue illisible, la plupart des entreprises ont fait le choix d’attendre d’y voir plus clair avant d’agir", reconnaît-on au Medef, où un comité de suivi du Brexit a été mis en place début 2016. Avec un risque de ne pas être prêt pour le jour J.
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Mis en place en décembre, le guichet unique spécial Brexit de l’organisation patronale n’a pas fait le plein. C'est vrai surtout du côté des PME. "Environ un tiers des entreprises - surtout les grands groupes - sont prêtes. Un tiers est consciente du problème mais fait le pari que le Brexit n’aura pas lieu et un tiers ne regarde même pas le sujet", quantifie Frédéric Sanchez, le président du Medef international et président du directoire de Fives, qui se dit "inquiet".
Le manque de préparation alerte aussi les pouvoirs publics. Devant l’Assemblée nationale, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin s’alarmait que "La mobilisation était déjà bien faible ; mais depuis l’annonce d’un éventuel accord, elle est devenue totalement inexistante : pour le monde des affaires françaises, grosso modo, le Brexit ne peut pas arriver". Et d’ironiser que "pour la première fois, l’administration est prête avant le monde de l’entreprise".
Risque d'engorgement aux frontières
Le gouvernement a lui pris les devants. Le 18 décembre, il a fait adopter un texte d’habilitation permettant d’adapter la réglementation, notamment en cas de sortie sèche du Royaume-Uni pour que les résidents britanniques ne se retrouvent pas du jour au lendemain sans papiers. La Commission a fait de même pour permettre aux avions britanniques et aux trains Eurostar de continuer à circuler.
Pour contrôler les 3,5 millions de camions qui arrivent par ferry et les 1,8 million transitant par tunnel, 20 millions d’euros ont été dédiés au recrutement de 700 douaniers supplémentaires. Le ministère de l’Agriculture a lui créé 40 équivalents temps plein de vétérinaires pour assurer les contrôles sanitaires des denrées alimentaires et agricoles aux frontières.
Un retour des contrôles aux frontières risque d’engendrer à court terme un engorgement des postes de douanes existants, faute de structures adaptées au trafic. Mais les entreprises misent sur un report de l’échéance. En cas de vote positif des parlementaires britanniques à l’accord de divorce, une période de transition de dix-huit mois jusque fin 2020 s’ouvrirait pour s’adapter aux futures règles. En cas de rejet de l’accord, la Première ministre Theresa May pourrait demander un report de trois mois, jusqu’au 30 juin, de la date butoir pour la sortie effective du pays, ce qui semble l’option la plus probable. De quoi gagner un temps précieux pour amortir le choc du Brexit, voire organiser un nouveau référendum, hypothèse jugée encore improbable il y a quelques mois.
Inertie ailleurs en Europe
Les entreprises françaises ne sont pas les seules à jouer la montre. "Au Pays-Bas, en Allemagne, les entreprises ne sont pas davantage préparées", souligne le Medef, qui a sondé ses partenaires patronaux. Selon le CBI, le patronat britannique, hormis le secteur financier, la préparation des PME et de l’industrie n’est guère plus avancée. Seule la moitié des entreprises industrielles avaient commencé à plancher sur le dossier il y a quelques mois. Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a prévu de se rendre à Londres le 7 février pour rencontrer les autorités britanniques et la communauté française. L'issue du Brexit sera peut-être alors moins incertaine.
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