Les candidats à la présidentielle tentent de séduire les PME
La CPME recevait lundi 6 mars au matin plusieurs candidats à l’élection présidentielle. Une occasion pour Marine Le Pen, Emmanuel Macron et François Fillon de présenter leurs mesures en faveur des PME, forcément au cœur de leurs programmes…
"C’est peut-être la dernière fois qu’il présente son programme… " glisse le représentant d’un groupement de PME, à l’arrivée de François Fillon dans les locaux de la Confédération des PME (CPME, ex-CGPME). Il est 11 heures et quelques, ce lundi 6 mars, Alain Juppé vient d’annoncer qu’il ne serait pas le plan B. François Fillon, toujours candidat Les Républicains à l’élection présidentielle, est accueilli par un tonnerre d’applaudissements, dans une salle où tous les petits patrons se sont levés pour lui. "C'est surtout son programme qu'on aime, dommage qu’il ait des problèmes… " poursuit le représentant des PME.
François Fillon déroule comme si de rien n’était ses propositions. Son objectif : "déverrouiller les principaux freins à la croissance des entreprises". Transformation du CICE en baisse de cotisations patronales, allègement de l’impôt sur les sociétés, progressivement ramené à un taux de 25% au terme du quinquennat, impôt sur la fortune supprimé dès 2018… Trois mesures qui allégeraient les prélèvements d'un total de 40 milliards d’euros, avance François Fillon. Il veut supprimer les niches fiscales, même si c’est difficile. "Moi-même, à La Réunion, j’ai promis qu’on ne toucherait pas aux niches de l’Outre-Mer !" reconnaît-il, lors du seul moment souriant de son intervention.
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Allègements des charges et de l’impôt sur les sociétés
Juste avant lui, Emmanuel Macron avait fait des propositions assez proches. Lui aussi veut transformer le CICE en baisse de charges pérenne et ramener l’impôt sur les sociétés à 25% tout en conservant le taux de 15% pour les PME. Mais le candidat d’En Marche conserve l’ISF, en sortant de son assiette tout ce qui finance l’économie. Autre désaccord : Emmanuel Macron veut supprimer toutes les charges au niveau du SMIC, quand François Fillon se dit totalement opposé à l’idée de cibler les bas salaires. "Ca bloque toute hausse de salaire !", acquiesce l’ex-patronne d’une entreprise d’import export de matériel industriel pour les chantiers en Afrique. L’ancien ministre de l’Economie est technique, parfois trop, y compris pour des chefs d’entreprise. "Ca ferait un très bon premier ministre… " commente un industriel.
Stabilité fiscale garantie… après les réformes fiscales
Attentifs, évidemment, aux attentes des PME, tous les candidats garantissent une stabilité fiscale… une fois qu’ils auront réformé l’ensemble des impôts ! Marine Le Pen, qui avait ouvert cette matinée de rencontres entre candidats et patrons de PME, promet d’arrêter la "bougite" fiscale. Et promet de lutter contre le "fardeau administratif" et l’ "inflation normative", bête noire des petits patrons. François Asselin, président de la CPME, dans son discours introductif, a dénoncé "le poids des contraintes qui ne cesse d’augmenter". Parmi leurs attentes prioritaires, beaucoup de patrons de PME citent l'allègement des contraintes. Comme Alain Dulac, PDG de Factem, fabricant de casques acoustiques : "Ce qui nous pénalise le plus, c’est le poids du carcan administratif, regrette-t-il. Et comme les agriculteurs, on aimerait vivre de notre travail sans quémander des aides".
Marine Le Pen propose de réserver une partie des commandes publiques aux entreprises françaises. Quitte à accepter un surcoût. Si les propositions de la présidente du Front national peuvent plaire aux patrons de PME sur la fiscalité, le financement des entreprises, la simplification, elles ne réussissent pas à les convaincre sur la sortie de l’euro ou le protectionnisme. "On a trop besoin de vendre à l’international", explique l’un d’eux, à l’issue des vingt minutes d’argumentaire de la présidente du Front national. Un autre ne craint pas les mesures de rétorsion des autres pays, si une taxe de 3% sur les importations était mise en place, comme le suggère Marine Le Pen. "Beaucoup de pays appliquent déjà des taxes à l’importation sur nos produits, ça ne changerait rien."
Pour Fillon et Macron, un droit du travail défini dans les entreprises
François Fillon et Emmanuel Macron veulent ramener le dialogue social au niveau de l'entreprise, comme le prévoit déjà la loi El Khomri. Et offrir la possibilité aux employeurs d’organiser un référendum pour valider un accord d’entreprises signé par des syndicats représentant 30% des salariés – la loi réserve actuellement cette possibilité aux syndicats signataires de l’accord. François Fillon va plus loin dans la réforme du code du travail, propose de doubler les seuils sociaux dès l’été 2017 et de ne plus réserver le premier tour des élections professionnelles aux syndicats. Marine Le Pen et François Fillon supprimeront le compte pénibilité, qui sera remplacé par un examen au cas par cas des salariés par la médecine du travail. "Ouf !" soupire un industriel.
"Enfin on parle des sujets de fond, ça fait du bien !", se réjouit Xavier Horent, délégué général du CNPA (conseil national des professions de l’automobile). La rencontre se poursuit avec Nicolas Dupont-Aignan, mais beaucoup de patrons ont quitté la salle. Benoît Hamon n’a pas pu venir, Jean-Luc Mélenchon a décliné l’invitation. Les patrons de PME, qui n'aiment pas le manque de visibilité, s'inquiètent des incertitudes de cette campagne. "Une non campagne" a regretté François Asselin.
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