Les biosimilaires continuent à faire la différence
Les médicaments biosimilaires continuent d'arriver sur le marché et la lutte entre les laboratoires fait rage sur ce secteur. Alors que des freins persistent, une récente conférence faisait le point sur les stratégies mises en place par les hôpitaux pour favoriser la substitution des médicaments princeps.
Annoncés comme une révolution pour l'accès aux traitements et la pérennité des systèmes de santé, les biosimilaires continuent d'arriver en France et de prendre pied sur le tant convoité marché hospitalier.
Une étude baptisée « Le marché des biosimilaires à l'horizon 2022 - Évolution des pipelines, nouveaux entrants, mises sur le marché : quels leviers et perspectives de croissance ?», publiée par Xerfi-Precepta, chiffre l'ampleur du phénomène. Pas moins de 12 nouveaux traitements bioéquivalents ont ainsi été commercialisés en France en l'espace de deux ans.
VOS INDICES
source
212 -3.2
Décembre 2022
PVC
Base 100 en décembre 2014
96.8 -0.1
Novembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
181.6 +1.91
Novembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Et le marché est porteur : d'ici fin 2019, les ventes de biosimilaires s'établiront à 795 millions d'euros, soit une hausse de 50 % par rapport à 2018, pour représenter 34 % des médicaments biologiques. Une croissance à mettre à l'actif des hôpitaux dont la demande a bondi de 40 % et qui pèsent désormais 60 % des ventes de biosimilaires, selon Xerfi-Precepta.
Lors du congrès de la SFPO (Société française de pharmacie oncologique), organisé à Avignon du 8 au 10 octobre, un retour d'expérience sur cette bascule vers le biosimilaire à l'hôpital a été présenté. Dans le cadre du symposium Pfizer, deux pharmaciens hospitaliers étaient présents : Bertrand Pourroy de l'APHM et Françoise de Crozals, de l'Institut Sainte-Catherine à Avignon. Bertrand Pourroy a évoqué le double gain économique réalisé grâce au prix de vente inférieur du biosimilaire et à la baisse mécanique du médicament princeps qui accompagne l'arrivée d'un produit concurrent sur le marché. Le praticien a cependant rappelé l'ampleur des actions à mettre en oeuvre pour accompagner la substitution : évolution dans les logiciels de prescription, modifications éventuelles des données de stabilité et nécessité de procéder à une gestion des stocks adaptée pour réaliser la transition.
Avec des stocks de princeps qui peuvent être conséquents, la bascule sur certains établissements peut ainsi prendre du temps. Une mission qui n'a cependant rien d'impossible.
Le prix agit comme le principal moteur
À l'Institut Sainte Catherine, établissement privé, le recours au biosimilaire du trastuzumab, dicté par le résultat d'un appel d'offre, a abouti à un taux de substitution de 100 % en trois mois selon Françoise de Crozals. Avec des économies engendrées qui constituent le principal moteur pour la substitution, le marché progresse et les laboratoires sont parfois nombreux à se lancer sur un même princeps.
« La mise sur le marché s'apparente à un véritable sprint dont beaucoup n'hésitent pas à se retirer. La prime au premier entrant est en effet très élevée. À titre d'exemple, de nombreux laboratoires pharmaceutiques sont d'ores et déjà dans les starting-blocks pour commercialiser à partir de 2022 en Europe les bioéquivalents d'Avastin et de Lucentis. », estime Rémy Vicente de Xerfi-Precepta.
Si cette volonté d'être le premier sur le marché est primordiale, d'autres leviers permettent aux laboratoires de se distinguer pour l'usage hospitalier. En jouant sur le conditionnement ou la quantité de principe actif présent dans une dose du biosimilaire, les laboratoires visent à se démarquer.
C'est ainsi que sont arrivés des produits proposant des dosages plus importants que le princeps, destinés à faciliter le travail du pharmacien hospitalier dans la préparation. Pour le seul trastuzumab (Herceptin de Roche), 5 laboratoires le proposent ainsi en dosage 150 mg tandis que 2 laboratoires offrent un dosage à 420 mg.
Une politique appréciée des praticiens hospitaliers. « Cela entraîne un gain de temps dans la préparation mais aussi une réduction du volume des déchets et des coûts de stockage allégés », souligne Françoise de Crozals. Autres façons de se démarquer : le conditionnement et la conservation du produit. C'est la stratégie poursuivie notamment par Pfizer pour son Trazimera, biosimilaire de trastuzumab et premier anticorps monoclonal biosimilaire en oncologie pour le géant américain.
Disponibles depuis 2018 sur le marché français, les fioles non ouvertes de Trazimera peuvent être retirées du réfrigérateur et conservées à une température pouvant atteindre 30°C, pendant une seule période, d'un maximum de 3 mois. Alors que la logistique et la chaîne du froid constituent un poste de dépense conséquent et un risque qualité pour l'hôpital, le laboratoire espère ainsi trouver un argument supplémentaire pour se démarquer de la concurrence.
Car sur le seul trastuzumab, 5 biosimilaires sont déjà sur le marché français, commercialisés par Amgen, Biogaran, Mylan, Pfizer et MSD. Avec près de 4,8 milliards de francs suisses (4,4 Mrds E) de ventes depuis le début de l'année, les chiffres de l'Herceptin font des envieux mais le produit de Roche fait mieux que résister.