Les affections psychiques professionnelles coûtent 230 millions d’euros par an à l'Assurance maladie
Les accidents et maladies professionnelles débouchant sur des troubles psycho-sociaux sont en constante progression depuis 6 ans, même s’ils se sont stabilisés en 2016. Au-delà du coût pour l’assurance-maladie, le phénomène n’est pas sans conséquences pour les entreprises car ces affections présentent des spécificités en particulier en termes de durée d’arrêt.
"Les affections psychiques au travail ne cessent d’augmenter même si elles ne représentent qu’une faible part par rapport à l’ensemble des accidents et maladies professionnelles", déclare Marine Jeantet, directrice des risques professionnelles de la branche AT/MP.
En 2016, l’Assurance maladie a reconnu 10 000 accidents du travail relevant de troubles psycho-sociaux. Parmi ces affections, la dépression est très majoritaire (77 %). Les chiffres ont progressé de 10 % de 2010 à 2014 puis de 5 % en 2015, pour se stabiliser avec une hausse de 1 % en 2016. En cause, selon la branche AT/MP, une médiatisation du sujet qui favorise les déclarations mais aussi l’évolution des conditions d’exercice du travail.
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A la différence de l’affection psychique reconnue au titre d’une maladie professionnelle (596 cas en 2016) qui intervient après une exposition prolongée au risque, l’accident professionnel s'établit à partir d'un événement déclencheur. Pour affiner la compréhension du phénomène, l’Assurance maladie a tenté de caractériser et de quantifier ces événements qui se partagent à part égale entre des événements exogènes à l’entreprise et ceux qui sont révélateurs d’une situation de travail.
Quand un stress du à une agression, des menaces, un braquage, un attentat relève de l’exogène même s’il est lié au travail ; une crise de larmes en réunion, un entretien d’évaluation qui se passe mal, une altercation entre collègues va plutôt être le marqueur de mauvaises conditions de travail interne. Elles peuvent résulter de l’organisation du travail elle-même, de mésentente avec des managers ou des collègues, de conflits de valeurs, voire de harcèlement. Dans tous les cas, interne ou externe, l’employeur a l’obligation légale de faire une déclaration d’accident. Suite à sa déclaration, la reconnaissance en accident n’est pas automatique. Elle intervient dans 70 % des cas contre une moyenne de 90 % pour l'ensemble des accidents. La chute dans l’escalier étant plus objectivable que la crise de nerf.
112 jours d'arrêt pour une affection psychique en accident du travail
Les secteurs les plus touchés sont dans l'ordre le médico-social, le transport terrestre de personnes et le commerce de détail. Des métiers majoritairement en contact avec le public. Mais ces accidents interviennent dans tous les secteurs. Le coût des affections psychiques (accidents plus maladies) s’établit à 230 millions d’euros par an pour la branche AT/MP qui les indemnise, quand les TMS par exemple coûtent 800 millions d’euros par an et les lombalgies 1 milliard (quoique ces dernières peuvent aussi être liées à des tensions nerveuses).
Mais au-delà du coût pour la collectivité, le phénomène n’est pas sans impact pour les entreprises. Comme tout accident ou maladie, au-delà de 20 salariés une entreprise plus touchée verra son taux de cotisations AT/MP augmenter. Ce sont surtout autant de drames humains lourds qui affectent les collaborateurs et par ricochet leurs collègues. Enfin, spécificité de l’affection psychique, les arrêts sont beaucoup plus longs que la moyenne, ce qui peut désorganiser les services. Alors que la moyenne d’arrêt d’un accident du travail est de 65 jours, elle s’établit à 112 jours pour une affection psychique. Pour ce qui concerne la maladie psychique, les durées moyennes sont aussi très longues à environ 400 jours.
Vers des démarches agiles de prévention
Après avoir passé plusieurs années à inciter les entreprises à objectiver les risques psycho-sociaux les acteurs de la prévention de la branche AT/MP veulent aider les entreprises à passer à l'action. "Il y a eu beaucoup d’audit dans les entreprises. Ils sont assez lourds et n’enclenchent pas forcément sur des plans opérationnels durables pour réduire les risques. L’idée c’est de travailler sur des démarches plus agiles de diagnostics et d'expérimentations dans la foulée pour progresser de manière itérative sur le sujet" explique Hervé Laubertie, responsable du département prévention à l'Assurance maladie-risques professionnels. Les réseaux des Aract, des Carsat et des services de santé au travail sont mobilisés pour intervenir en assistance. Principal signal d’alerte d’un dysfonctionnement dans l’entreprise pouvant mener à des troubles psycho-sociaux : le taux d’absentéisme.
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