Le quoi, le comment et les conséquences de "l'euro monnaie commune" de Marine Le Pen
Etait-ce vraiment mieux avant ? Marine Le Pen, la candidate du Front national semble prôner avec son "euro monnaie commune" le retour d'un système proche de l'ECU déjà expérimenté en Europe. Malgré le flou de la proposition, le directeur des études économique de l'IESEG, tente d'en imaginer les contours avec, dans tous les cas, de lourdes conséquences pour les entreprises, l'Etat et le contribuable.
Euro, ECU, monnaie commune, retour au franc… La candidate du Front national a encore bien des difficultés à préciser son projet en matière monétaire. Marine Le Pen souhaiterait un retour au franc pour les Français, avec la maîtrise du cours de la monnaie nationale au niveau national. Tout en conservant en parallèle une monnaie commune pour les échanges internationaux de l’Etat et des entreprises.
"Ce que le Front national décrit ressemble en fait à un retour à l’ECU, qui n’était pas une monnaie commune mais un panier monétaire qui visait à stabiliser les taux de change entre les différentes monnaies européennes", explique Eric Dor, directeur des études économiques de l’IESEG, une école de management. Chaque monnaie ne pouvait fluctuer à la hausse ou à la baisse qu’en fonction d’un certain pourcentage par rapport à l’ECU (2,25 % au début du Système monétaire européen). Aux banques centrales nationales de veiller au grain.
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Risque pour la compétitivité
Le résultat n’a cependant pas été à la hauteur des attentes. "On subissait sans arrêt des mouvements spéculatifs que le Système monétaire européen n’a pas réussi à enrayer", raconte Eric Dor. Une période noire pour les industriels exposés à la concurrence internationale qui voyaient leur compétitivité par rapport à leurs voisins européens chuter en fonction de la fluctuation de la monnaie.
"Les milieux d’affaires européens, même allemands, étaient donc très favorables à la mise en place d’une monnaie unique", se rappelle l’économiste.
La proposition du Front national pourrait également se rapprocher d’une vraie monnaie commune. L’euro serait alors préservé, mais l’Etat français aurait en plus sa propre monnaie nationale gérée par la Banque de France. Celle-ci aurait une parité fixe par rapport à l’euro qu’il serait possible de dévaluer dès que la France sentirait le besoin de faire un rattrapage de compétitivité par rapport à ses voisins.
Un casse-tête juridique
Les entreprises devraient alors gérer deux comptes, l’un en euros monnaie commune l’autre en francs.
La solution serait-elle meilleure ? Probablement pas. D’abord à cause de l’énorme casse-tête juridique que la transition vers ce système engendrerait. Chaque dette d’entreprise ou d’agent économique en général devrait être revue pour savoir si elle doit être remboursée en franc, en euro… voire dans une autre monnaie européenne.
"Surtout, il est illusoire de penser que l’on s’affranchirait des lois du marché", assure Eric Dor. Pour s’endetter en francs sur les marchés internationaux, la prime de risque réclamée serait bien supérieure que pour une dette en euros. Notamment à cause du risque de dévaluation monétaire. Emettre en euros serait plus sûr. Mais avec des comptes en francs, si le franc est trop faible par rapport à l’euro, le risque serait alors de se retrouver face à une dette que l’on ne pourrait plus rembourser…
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