Le dispositif Carnot pérennisé mais avec un label plus exigeant
La Commission "Carnot 3.0" a remis son rapport le 21 janvier à Geneviève Fioraso. Sans concession, il préconise de maintenir le dispositif mais en le professionnalisant. Seules 3 des 10 principales recommandations devraient être retenues.
La remise du rapport de la commission "Carnot 3.0", ce mercredi 21 janvier, a dû laisser une étrange impression aux personnes présentes. Passons sur la salle du Ministère de la Recherche, trop petite.
Passons aussi sur les classiques témoignages de trois duos entreprise-laboratoire, pour démontrer la pertinence de dispositif. Alors que clairement, depuis le lancement en 2006 du label Carnot, le dispositif a déjà fait ses preuves, avec 7 500 contrats signés par an avec plus de 2 000 entreprises dont 900 PME-PMI, et quelque 60 entreprises essaimées.
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Le chiffre d’affaires 2014, 455 millions d’euros, rapprocherait même les Carnot des Franhöfer allemands (462 millions d euros) !
Une évaluation par le privé
Mais le flou des discours et leur approximation donnaient clairement l’impression que les recommandations du rapport n’étaient pas forcément celles attendues. La commission, chargée d’évaluer le dispositif un an avant la fin de sa deuxième phase de labellisation prévue fin en 2015, et présentée comme exemplaire en terme de parité public-privé, était en fait judicieusement composée de 6 managers d’entreprises innovantes (EADS, EOS imaging, Areva, Robopolis, Fluoptics et Biomérieux) sur ses 8 membres !
Bien vu, pourtant, que de demander à des usagers d’un dispositif public leur avis pour l’améliorer. Mais pourquoi vanter son équilibre ?
Un rapport concis
La présentation des conclusions du rapport par Jean-Luc Belingard, président de la commission, président du comité Carnot et PDG de BioMérieux avec Laurent Malier, ex-président de l’association des instituts Carnot, ex directeur du CEA-Leti et nouveau directeur R&T de STMicro, a aussi laissé plus de questions en suspens qu’apporté de réponses.
Pourtant, là encore, avec un rapport exemplaire en termes de concision (12 pages) censé avancé 10 recommandations claires, cela aurait dû être simple. Mais du discours on ne comprendra que deux choses. Le dispositif Carnot doit être pérennisé. Mais les critères du label doivent être revus pour être plus exigeants en termes d’efficacité. Le rapport demandant en plus une évaluation tous les deux ans, basée notamment sur des indicateurs de performance économique. Les entrées, mais aussi les sorties, devant être accélérées.
Une présentation floue
On comprendra également qu’il faut une gouvernance propre aux laboratoires labellisés Carnot, car leur mode de fonctionnement doit rompre radicalement avec les habitudes de la recherche publique. Un mandataire unique est aussi évoqué, pour des signatures de contrat en un mois !
Du discours de Geneviève Fioraso, Secrétaire d’État de l’Enseignement supérieur et de la recherche, on retiendra surtout qu’elle attend des Carnot qu’ils jouent leur rôle dans la lutte contre le chômage, notamment en augmentant l’attractivité des métiers technologiques et de l’industrie. Côté financement, pas d’augmentation prévue dans l’enveloppe annuelle de 60 millions d’euros, gérée par l’ANR.
L’ANR arbitre ?
Le communiqué à la presse est finalement le plus clair. Des 10 recommandations évoquées (mais qu’il est difficile d’identifier dans le rapport car non numérotées) seuls trois devraient être retenues : pérennité du dispositif sans limitation de durée, mise en place d’un nouveau label Carnot avec des critères de qualité et instauration de gouvernance propre à chaque institut.
Le détail du nouveau label et des modalités de soutien financier doivent être rendus publics par l’ANR en juin 2015. La machine à lobbying va commencer à fonctionner.
Aurélie Barbaux
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