Les candidats à l’élection présidentielle se sont succédé pendant deux jours au Salon des entrepreneurs, sous le regard de ceux qui n’attendent pas grand-chose des politiques.
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"Ici, c’est le salon de l’agriculture des entrepreneurs ! Tous les politiques s’y montrent… ", plaisante le patron d’une startup. "Mais seulement les années électorales, parce que l’année dernière, on ne les a pas vus !" ajoute une chef d’entreprise qui s’invite dans la conversation. La bousculade qui entoure la visite d’Emmanuel Macron au Salon des entrepreneurs, à Paris, jeudi midi, vaut bien celle qui a accompagné, la veille, celle de François Fillon.
Jeudi en fin de journée, Benoît Hamon clôt le défilé des candidats à la présidentielle. "Arnaud !" lui crie un photographe juché sur un stand, qui n’a pas bien suivi la primaire de la gauche. Marine Le Pen est venue la veille. Nicolas Dupont-Aignan est passé jeudi matin. Daniel Pardo, patron d’une entreprise de portage salarial, s’est pris en photo avec lui. Et avec Jacques Cheminade, apportant enfin la preuve que le doyen de la course présidentielle est bien passé – faute de forêt de caméras pour l’accompagner, sa visite est passée inaperçue… Valérie Pécresse aussi, a été vue. Mais elle n’est pas candidate à l’élection présidentielle. Paraît-il. Le seul qui a déambulé tranquillement, signale le représentant des maisons Pierre, stratégiquement installé à l’arrivée de l’escalator, c’est François Hollande…
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Macron s'attarde auprès des startups
"Oh non ! Encore un… ", râle un visiteur qui ne peut plus avancer dans les travées du salon. Les candidats intéressent plus les médias que les indépendants, créateurs d’entreprise, auto-entrepreneurs qui se pressent dans les stands, à la recherche d’idées, d’accompagnement, de partenaires. Emmanuel Macron s’attarde dans l’espace dédié aux start-up, en territoire conquis, échangeant un long moment avec le patron du Boncoin. "On l’a rencontré il y a un an, car il aime beaucoup les entreprises du numérique", raconte Antoine Jouteau, qui a aussi reçu la visite, sur son stand, de François Fillon et François Hollande. "A tous les candidats, on parle d’équité fiscale et de patriotisme numérique, l’idée fait son chemin. Il faut aussi une stabilité réglementaire, pour entreprendre. Les politiques manifestent beaucoup de bonne volonté et de compréhension, mais il faut qu’ils appliquent ce qu’ils nous disent." Il aimerait convaincre Benoît Hamon que le numérique est une opportunité, et non une menace.
Un peu plus loin, Emmanuel Macron se fait interpeller par des représentants du Syndicat des chauffeurs privés et VTC, affilié à l’UNSA. Ces indépendants qui travaillent pour Uber reprochent à Emmanuel Macron de soutenir Uber. L’ancien ministre se défend avec conviction, longuement. Sans convaincre ses contradicteurs. Elisabeth, 33 ans et fan de longue date, lui demande de dédicacer son livre "Révolution", qu’elle a dans son sac à main. Infirmière indépendante, elle envisage d’ouvrir une boulangerie. "Il me plait parce qu’il représente le changement, celui du personnel politique, celui des idées."
"Les politiques ne parlent que du chômage et des salariés, oubliant le marché caché important des indépendants, regrette Stéphanie Asscher, 47 ans, autoentrepreneur dans la communication. Le changement viendra d’eux, du bas… " Elle reconnaît que certains candidats s’en préoccupent: "Il y avait Fillon, qui en parlait, il y a Macron". Avec cet imparfait, sans s’en rendre compte, elle a déjà éliminé l’actuel candidat LR de son horizon…
Des politiques éloignés de la réalité
Les politiques questionnent beaucoup. François Fillon a demandé au représentant de Randstat s’il avait créé sa société…- une entreprise néerlandaise créée en 1960. "C’est ça, le problème, avec les politiques, ils sont trop éloignés de la réalité", s’énerve Philippe Soleillant, conseiller en communication. "Je suis très pessimiste, quel que soit le président, il sera élu par défaut." Marine Le Pen, elle, a posé des questions sur le logement social au représentant des maisons Pierre, qui vendent des maisons neuves… Le cofondateur de la start-up Lunc, n’arrive pas à croire que ses discours puissent convaincre des entrepreneurs : "Le patriotisme économique, je suis pour, mais fermer nos frontières alors que notre marché, c’est le monde, ce n’est pas possible… "
Benoît Hamon, comme Emmanuel Macron, choisit de passer du temps auprès des start-up. Beaucoup de jeunes, auprès de qui il a une cote évidente, le prennent en photo. Il écoute et questionne Maxime, représentant de WeWork, qui s’apprête à ouvrir un grand espace de coworking au cœur de Paris. "Il m’a demandé s’il y aurait une crèche d’entreprise. La réponse est oui, vingt berceaux." Mais quand il voit le candidat du parti socialiste, Farez, jeune créateur d’une entreprise d’import-export de cheveux venus d’Inde, lance un "C’est pas le mieux, pour le business... " Si son cœur penche à gauche pour toutes les autres questions, pour le business, il préfère le libéralisme. "Alors Macron, ça me va, même si on ne connaît pas bien son programme, ce qui est pratique pour lui… Mais sa personnalité et ce qu’il pense des entrepreneurs, ça me va."
Le revenu universel ne fait pas recette
Le revenu universel de Benoît Hamon ne fait pas du tout recette. "Uniquement si c’est sur une courte durée, pour aider quelqu’un à créer son entreprise ou à se réorienter professionnellement", estime Nouha, "future dirigeante" selon son badge. Sandrine, 40 ans, ne veut pas entendre parler du RSA pour les 18-25 ans : "ça ne poussera pas les jeunes à poursuivre des études, mieux vaudrait élargir les bourses d’études, pour les encourager".
Les entrepreneurs ou futurs créateurs d’entreprise demandent surtout aux politiques un environnement favorable à l’entrepreneuriat. Plusieurs d’entre eux réclament des charges hyper réduites durant les premières années de la vie d’une entreprise, pour lui laisser une chance de croître. Et surtout, le cri est unanime : "qu’ils fassent ce qu’ils ont promis de faire pendant la campagne".
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Diplômée du Centre de formation des journalistes (CFJ) en 1989, Cécile suit depuis 2010 pour L’Usine nouvelle les questions sociales (droit du travail, relations sociales en entreprises, partenaires sociaux…), les ressources humaines et la formation. Avec un œil sur l’actualité industrielle en régions, en lien avec le réseau de correspondants de L’Usine nouvelle et un intérêt particulier pour le secteur des biens de consommation. Elle a travaillé auparavant en urbanisme, environnement, éducation, pour l’Evénement du Jeudi, le Nouvel observateur, France Soir, Le Monde, Le Monde de l’éducation, Géo.
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