Le chimiste Solvay poursuit le recentrage de ses activités
Engagé dans une "transformation" en chimiste de spécialités suite au rachat du français Rhodia, le groupe belge Solvay poursuit cessions et acquisitions stratégiques.
Se renforcer dans la chimie de spécialité, abandonner progressivement la chimie de base. La transformation du groupe belge Solvay, entamée avec le rachat de son concurrent français Rhodia, se poursuit. Avec l’ambition d’en faire un "fournisseur de solutions high tech" pour ses différents marchés, assure Jean-Pierre Clamadieu, son PDG, qui présentait jeudi 26 février à Bruxelles les résultats 2014 du groupe. Plusieurs leviers sont actionnés : optimisation du portefeuille d’activités, innovation décentralisée au sein des multiples business units du groupe et programmes d’excellence menés du commercial à la supply-chain. En 2014, cette stratégie a plutôt porté ses fruits : malgré un taux de change défavorable, le chimiste a connu une croissance de son chiffre d'affaires de 5,1% à 10,21 milliards d’euros.
Il a certes été aidé par les 2,4% de croissance apportés par Chemlogics, un spécialiste américain des produits chimiques destinés à l’extraction du pétrole et du gaz racheté fin 2013. Solvay a vu son résultat d’exploitation augmenter de 11% à 1,78 milliard mais son bénéfice net a été plus que divisé par deux, à 156 millions d’euros, en raison d’éléments exceptionnels liés à la gestion du portefeuille. Le groupe a en effet décidé de se désengager de secteurs en difficulté, comme le PVC. Il a ainsi cédé l’an dernier Benvic et placé ses activités chlorovinyles en Europe au sein d’Inovyn, une JV commune avec le pétrochimiste Ineos, dont il se désengagera d’ici quatre ans… "Un long et douloureux process", reconnait Jean-Pierre Clamadieu, qui attend encore le feu vert de Bruxelles pour finaliser cette opération, dans laquelle plusieurs usines françaises sont impliquées.
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L’activité Acetow sur la sellette
Au sein du portefeuille, "nous allons continuer à faire du nettoyage", poursuit le patron, qui a notamment stoppé l’an dernier l’exploitation de sa mine de fluorine en Namibie. Sont concernées les deux grandes divisions les moins rentables du groupe : "Functional polymers" (les polyamides), dont le chiffre d’affaires a chuté l’an dernier, et "Performance Chemicals". Au sein de cette dernière, Acetow, qui fabrique du câble en acétate de cellulose pour les filtres à cigarettes, est sur la sellette. Ce business est "générateur de cash chaque année, nous n’avons pas pris de décision", précise Jean-Pierre Clamadieu. Qui rappelle néanmoins le pragmatisme du groupe : "Nous avons vendu l’an dernier Eco Services car il y avait l’opportunité de le faire dans de bonnes conditions." Le groupe avait ainsi obtenu 890 millions de dollars pour cette activité de régénération et de production d’acide sulfurique.
Pas d’investissement d’envergure à venir en Europe
Les acquisitions devraient se poursuivre au sein des deux "moteurs de croissance du groupe", dont l’innovation tire le volume et les marges : les divisions "Advanced formulations" - portée par Chemlogics - et "Advanced materials", ces produits de très haute performance pour la grande industrie, dans lequel le groupe s’est renforcé l’an dernier en s’emparant de l’activité américaine de polymères de spécialité Ryton PPS. Acquisition ou nouvelle usine, comme cette unité de production de résine de polymères de spécialité annoncée en début de semaine, les investissements se multiplient depuis deux ans aux Etats-Unis, favorisés par un "nouvel environnement énergétique" reconnaît le dirigeant. A contrario, aucun nouvel investissement d’envergure n’est prévu en Europe. Le PDG de Solvay se veut tout de même rassurant : ses usines européennes, qui exportent encore, "ont vocation à défendre leur compétitivité à long terme si elles travaillent efficacement". Le Vieux Continent, la France en particulier, reste un terreau fertile pour l’innovation du groupe.
Gaëlle Fleitour
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