La sous-traitance retrouve des forces
L’an passé, l’activité a progressé de 3 % dans le secteur. La tendance devrait se maintenir en 2016, malgré des tensions sur les prix. La bonne santé du secteur de l'industrie automobile participe à cette tendance.
L’embellie se confirme pour la sous-traitance française. Après quatre années de recul de la production, l’activité a rebondi de 3 % l’an passé, selon les chiffres compilés pour le salon Midest. La production du secteur est bien partie pour croître au même rythme en 2016, selon les dernières estimations. Le redémarrage reste en dents de scie. "Le début d’année a été médiocre. Depuis septembre, l’activité a redémarré et le niveau des commandes est plus prometteur pour la fin de l’année", se rassure Luc-Éric Krief, le patron de SD2M, installé à Asnières (Hauts-de-Seine), qui emploie 81 personnes sur ses quatre sites français. Les perspectives sont plus roses que celles de l’industrie manufacturière dans son ensemble.
L’Insee table sur une timide progression de 0,6 % de la production manufacturière pour 2016. "Vu la croissance molle en France, l’activité des sous-traitants est plutôt bonne", reconnaît Désiré Raharivohitra, le chef du service statistique de la Fédération des industries mécaniques (FIM), qui prévoit une hausse de 1,6 % pour les seuls sous-traitants de la mécanique.
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Meilleure santé du marché domestique
Les entreprises du secteur ont repris des couleurs sur leur marché domestique. La bonne santé retrouvée de l’industrie automobile, qui pèse près de 31 % du chiffre d’affaires de la sous-traitance, rejaillit sur ses fournisseurs. En 2015, les volumes absorbés par l’automobile ont augmenté de 6 %. En revanche, les commandes de l’aéronautique, l’autre grand secteur client (20 % du chiffre d’affaires), se sont tassées après plusieurs années fastes, notamment à la suite des difficultés de la filière hélicoptère et de l’aviation d’affaires. Globalement, les débouchés un peu plus florissants ont des répercussions positives sur l’emploi. Pour la première fois depuis 2007-2008, les sous-traitants français ont recommencé à embaucher. Le secteur, qui emploie 384 000 salariés, a augmenté de 1,5 % ses effectifs en 2015, sans compter l’intérim.
Tout n’est pas rose pour autant. Même si les volumes augmentent, les pressions exercées par les donneurs d’ordres pour obtenir des baisses de prix préoccupent les sous-traitants. D’autant que les relations tendues entre grands groupes et fournisseurs ne sont plus l’apanage du seul secteur automobile, mais ont essaimé dans toutes les filières. Bruno de Chaisemartin, le président du Centre national de la sous-traitance (Cenast), s’inquiète des "baisses de prix significatives demandées aux sous-traitants de l’aéronautique". À l’inverse, Bruno Grandjean, le président de la FIM, reconnaît que "grâce aux actions de médiation mises en place, les relations dans l’automobile se sont apaisées et les négociations de prix sont moins tendues".
Les sous-traitants ont augmenté leur niveau de rentabilité en 2015, grâce à l’amélioration des plans de charge de leurs usines et au Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice). Mais les marges restent à un niveau chroniquement faible, un petit 0,8 % du chiffre d’affaires en moyenne. Une partie de la bouffée d’oxygène apportée par le Cice a aidé certains industriels à diminuer leurs prix dans l’espoir d’augmenter leurs volumes. Chez SD2M, le Cice a permis de baisser les prix de 2 %. Les sous-traitants français se retrouvent pris dans un cercle infernal. Contraints par des marges faibles, ils peinent à moderniser leurs lignes de production. Investir dans de nouvelles machines est pourtant la condition indispensable pour rester compétitifs face à la concurrence étrangère.
Rebond des investissements
Cette année, le Midest, qui se tient du 6 au 9 décembre à Paris-Nord Villepinte, s’adosse au salon Confluence industrie du futur. "Les industriels ont les yeux qui brillent devant l’usine du futur. Ils voudraient investir dans des robots, mais il faut pour cela dégager suffisamment de marges", résume Bruno de Chaisemartin, qui réclame un vrai choc de compétitivité pour aider les sous-traitants à prendre le virage. "Pour automatiser, il faut des volumes. Or ceux-ci restent faibles en France. Quand les grands donneurs d’ordres ouvrent des usines à l’étranger pour se rapprocher de leurs clients, l’activité potentielle des sous-traitants implantés en France se réduit", analyse Luc-Éric Krief, qui vient de délocaliser son siège social à Berlin pour se rapprocher de l’industrie allemande, plus dynamique.
Tous ne partagent pas ce pessimisme. "Il y a un réveil de l’investissement. En un an, le nombre de robots vendus en France a bondi de 20 %", se félicite Bruno Grandjean. Le suramortissement fiscal, prolongé jusqu’en avril 2017, a incité les industriels à sauter le pas, d’autant que les conditions de crédit n’ont jamais été aussi avantageuses. Tous secteurs confondus, les investissements se sont redressés de 5 % dans l’industrie française, selon l’Insee. L’espoir repose aussi sur le changement des relations entre donneurs d’ordres et fournisseurs, impulsé par la loi Hamon depuis 2014. Depuis le 1er octobre, la réforme du droit des contrats vient sanctionner le déséquilibre significatif dans les rapports entre grands groupes et sous-traitants. "Les évolutions législatives vont dans le bon sens. Il faut les utiliser", insiste Bruno de Chaisemartin. De quoi regonfler les marges et investir encore davantage.
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