La retour de la croissance, une simple question de confiance ? En fait, c'est un peu plus grave que cela...
A chacun de ses sorties télévisées ou non, le chef de l'Etat, François Hollande, appelle les Français à retrouver la confiance. Cette harangue, qu'il adresse aux patrons également, semble cependant vaine. Au-delà des réformes qui restent à faire pour susciter cette foi en l'avenir, la société française vit aussi une crise de l'intérêt général. Chacun semble plus préoccupé par la sauvergarde de ses avantages acquis que par l'intérêt général, fondement du modèle social de notre pays.
Mis à jour
15 novembre 2014
La confiance, on en parle beaucoup en France. Selon nos politiques, ce serait ce qui nous manquerait le plus pour faire redémarrer l'économie, notre pays aurait tout pour se relancer, il ne lui manquerait que ce brin d'optimisme qui fait l'on regarde un peu moins le présent et un peu plus vers l'avenir. Cette idée est intéressante mais ressemble plus à une incantation, à un raisonnement purement intellectuel qu'à la réalité de ce que vivent patrons et salariés au quotidien. Ceux qui brandissent à longueur d'interviews cette idée, à commencer par le président de la République jeudi 6 novembre, oublient une chose majeure : ce n'est pas la confiance qui crée un environnement favorable mais l'environnement dans lequel on évolue qui suscite la confiance.
Chacun se méfie de l'autre
Si l'on prend l'image d'un couple, la confiance entre les deux partenaires est une construction longue, qui se fait par étapes, en affrontant des épreuves et en apportant des preuves de sa bonne volonté. Ce processus, au final, permet à chacun de compter l'un sur l'autre, de se fier l'un à l'autre. Ce travail, notre pays ne semble plus prêt à le faire. Il s'est installé peu à peu dans un état de défiance généralisée où chaque catégorie de la population peine à comprendre ce que vit l'autre. Les familles ou les patrons se méfient du gouvernement socialiste, les salariés du privé suspectent les fonctionnaires d'avantages acquis indus,ceux qui se lèvent tôt voient chez les chômeurs des assistés, les syndicats chez les patrons des femmes et des hommes avides d'argent... Chacun regarde ainsi "l'autre" en pensant qu'il est mieux servi que lui, qu'il dispose de plus d'avantages. Et le suspecte de se plaindre ou de se battre uniquement pour préserver sa position, ses avantages acquis. Sans soucis du bien commun.
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La somme de nos intérêts particuliers ne fait pas l'intérêt général
Au-delà des errements de nos dirigeants politiques, c'est cette suspicion généralisée qui "tue" la confiance. Comme le notait Bruno Frappat dans La Croix, nous avons perdu le sens de l'intérêt général. Nous avons oublié que cet "intérêt général n'est pas l'addition des intérêts particuliers mais quelque chose qui les transcende tous". À ce titre, il est intéressant de voir l'attitude de certains salariés vis à vis de l'assurance chômage. Ils pensent -à tort- que ce système leur permet de faire une pause dans leur carrière arguant du "j'y ai droit, j'ai cotisé !" (* voir note ci-dessous) .
Les mêmes comportements individualistes existent aussi en matière de retraites où quelques secteurs privilégiés, pas seulement la SNCF, renvoient leurs salariés chez eux dès 55 ans (pas que pour des histoires de pénibilité). Tout cela contribue à miner le modèle français en créant d'importantes distorsions dans les traitements, dans les statuts. Ces distorsions (tout à fait légales, soyons clairs) enfantent une France à plusieurs vitesses, une France du chacun pour soi. Et dans un tel contexte, on aura beau souhaité que la confiance revienne, c'est la méfiance a priori qui s'imposera.
Thibaut De Jaegher
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