La planète Paris-Saclay aura deux pôles d’enseignement et de recherche
Le projet d’université unique Paris-Saclay donne finalement naissance à deux entités séparées avec d’un côté l’Université Paris-Saclay composé essentiellement d’universités et de quelques grandes écoles et de l’autre, une alliance exclusive de grandes écoles emmenée par Polytechnique.
Emmanuel Macron a donc tranché : le futur ensemble universitaire et scientifique de Paris-Saclay, qui devait réunir sous un même chapeau une vingtaine d’universités et d’écoles, sera séparé en deux sous-ensembles distincts. En déplacement le 25 octobre sur le plateau de Saclay, le président de la République a annoncé la création de « deux pôles complémentaires » lors d’un discours prononcé sur le nouveau campus de CentraleSupélec, à Gif-sur-Yvette (Essone). "Quand nous mettons trop d’énergie dans les guerres intestines, nous perdons du temps et laissons à d’autres l’initiative de construire ces pôles d’excellence dont nous avons tant besoin", a lancé Emmanuel Macron, faisant référence aux difficultés récurrentes depuis 10 ans pour qu’universités et grandes écoles (dont Polytechnique) s’entendent sur l’organisation de la future université Paris-Saclay.
Le Pôle "grandes écoles" se rêve en MIT à la française
Un premier pôle est donc créé, baptisé Université Paris-Saclay, qui regroupe Paris-Sud (UPSud), Evry Val d’Essone (UEVE), Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), l’école d’ingénieurs CentraleSupélec, ENS Cachan (qui s’installe en 2018 en face de CentraleSupélec), l’Institut d’Optique. L’autre pôle, « une alliance de grandes écoles », regroupera l’Ecole Polytechnique, l’ENSTA, l’ENSAE, Telecom Paristech et Telecom ParisSud. Sa feuille de route : intégrer leurs outils pédagogiques pour "évoluer vers un MIT ou un EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, ndr) à la française". Les grands organismes de recherche déjà présents sur le plateau, CNRS, CEA notamment "seront connectés à ces différents acteurs", ajouté le Président.
Les "X"sont satisfaits. Le président de Polytechnique, Jacques Biot, qui a tout fait pour ne pas être fondu dans un trop grand ensemble, n’a pas souhaité faire de commentaires. Mais d’anciens élèves influents ne s’en privent pas sous couvert d’anonymat. "Ces deux pôles sont tout à fait complémentaires et cela n’empêchera pas les coopérations", estime cet X-Mines, président du conseil d’administration d’un groupe du CAC 40. Cet autre, qui dirige une grande entreprise, estime que le projet initial était "beaucoup trop vaste et lourd car il aurait agrégé trop d’établissements et atteint une taille ingérable". Avec un peu plus de 10 000 étudiants, le pôle "grandes écoles" sera comparable au MIT (11 000 étudiants) ou Cambridge (18 000) avec lesquels il veut se comparer.
Les outils législatifs pour organiser la gouvernance de ces deux pôles sont en cours de préparation et devrait être prêt d’ici le début de 2018. Au total, ces deux pôles regrouperont 76 000 étudiants et 11 000 enseignants-chercheurs.
CentraleSupelec ARRIMé au pôle Université paris-Saclay
Ces annonces clôturent (provisoirement ?) dix années de batailles feutrées entre grandes écoles et universités. Pas moins de 5,3 milliards d’euros d’argent public ont été investis dans les différentes infrastructures (y compris immobilières et de transports) qui ont poussé sur le plateau ou aux alentours. Emmanuel Macron a notamment inauguré l’Institut de Mathématique, qui regroupe la fine fleur des « matheux » sur le campus d’Orsay de l’UPSud et qui a coûté 35 millions d’euros. Le nouveau campus de CentraleSupélec, issue de la fusion entre Centrale Paris et Supélec, a nécessité 250 millions d’investissements. Cette école –qui revendique fièrement son appartenance au petit club très sélect des « grandes écoles »- est donc l’une des rares à avoir choisi d’adhérer au nouveau pôle Université Paris-Saclay. "Nous avons toujours été sur cette ligne, dès les débuts du projet. Le périmètre qui vient d’être décidé est certes un peu moins ambitieux, mais pour nous, l’adhésion à ce pôle va nous faire progresser car nous sommes très complémentaires avec les universités", lance Hervé Biausser, directeur général de CentraleSupélec. Le patron de l’école met en avant son réseau partenariale avec les entreprises, ses formations professionnalisantes et son ouverture internationale. Tandis que les universités lui apporteront leur expertise en matière de recherche fondamentale. "Tout le monde va y gagner", ajoute-t-il.
GL-B
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