La nouvelle production made in France
Que de mauvaises nouvelles depuis la rentrée pour l'industrie chimique en France ! On a appris que le second vapocraqueur de Carling en Moselle était condamné. Total a annoncé sa fermeture définitive au second semestre 2015, supprimant 320 postes, sans compter les pertes d'emploi, côté sous-traitance. Total les chiffre à 200, pendant que les partenaires sociaux parlent de 400 à 600 emplois menacés. Le glas a également sonné pour le site d'intermédiaires d'Arkema à Chauny dans l'Aisne. Il pourrait être arrêté fin mars 2014, entraînant 71 suppressions de postes. Un sort identique est réservé à l'usine française de PolyOne à Donchery dans les Ardennes. Elle produit des colorants et compounds et sa fermeture toucherait 56 salariés. A cela s'ajoutent des plans sociaux. C'est le cas pour BASF à Huningue dans le Haut-Rhin, où le site de matières premières pour peintures devrait perdre 140 emplois sur 242, dès l'année prochaine, de source syndicale. Dans la Meuse, l'usine d'Hunstman, qui produit des tensioactifs, s'apprête à perdre 65 postes sur un effectif de 195 salariés.
Et puis, il y a ces sites qui vont changer de main. Clariant devrait se séparer de son usine de Lamotte dans l'Oise. Lanxess cherche une option pour La Wantzenau dans le Bas-Rhin. Akzo Nobel va se séparer de son site de Damville dans l'Eure. Au total, cinq grandes régions du Nord et de l'Est de la France seront affectées par les manœuvres de ces groupes internationaux en mal de compétitivité.
Heureusement, le tissu industriel français n'est pas fait que de grands groupes. Quelques ETI sont d'ailleurs en train d'émerger. Coup de chapeau à la société Novacap, dirigée par Pierre Luzeau, qui renforce ses positions dans les intermédiaires pour la pharmacie à travers une seconde implantation en Chine. Le groupe vient de conclure un accord avec Taixing Yangzi Pharm Chemical (Yangzi) pour l'acquisition d'une participation dans le capital de cette société. Un développement à l'international qui n'entache en rien les bases françaises de Novacap.
L'heure des changements a également sonné pour la Société des produits chimiques d'Harmonières (SPCH), pilotée par Jean-Michel Alarcon. L'entreprise familiale française prévoit de redynamiser sa business unit spécialisée dans l'électrolyse chlore-potasse, et surtout de changer sa technologie à cathodes mercure au profit d'une technologie membranes. Quant à Protavic International, elle ne cesse de battre des records de croissance, tant son métier est rare et spécialisé. Active dans la chimie des colles et des résines pour l'électronique, cette société est une filiale de Protex, dirigée depuis presque 60 ans par Robert Moor.
Et pour finir, mention spéciale pour le groupe Axyntis, piloté par David Simonnet. Après la publication de résultats semestriels en forte amélioration, l'annonce de la création d'une société commune dans la chromatographie avec le groupe japonais Fuji Silysia et la signature d'un partenariat avec Provence Technologies, le groupe va mettre la main sur Calaire Chimie qui était en redressement judiciaire depuis le mois de mai. Dans l'immédiat, Axyntis ne pourra reprendre que 80 salariés, mais dès 2015, une vingtaine d'emplois devraient être créés puis une vingtaine supplémentaires début 2016.
Finalement, à l'heure où InfoChimie Magazine fête ses 50 ans, l'industrie chimique en France est peut-être à l'aube d'une renaissance, portée par des dirigeants dynamiques qui croient encore à la production made in France.
Heureusement, le tissu industriel français n'est pas fait que de grands groupes.