La filière des engrais monte au créneau

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Jusqu'ici, tout ne va pas trop mal. Mais jusqu'à quand ? L'industrie des engrais en France s'inquiète de son avenir face au poids des réglementations et à la concurrence internationale. Pourtant, le secteur bénéficie d'une conjoncture plutôt favorable. La croissance du marché mondial est rassurante. Avec le passage du cap des 7 milliards d'humains, les besoins alimentaires s'accroissent sans cesse et nécessitent donc une agriculture plus productive et plus d'engrais. D'autres relais de croissance comme la demande énergétique et les matériaux bio-sourcés se développent. En 2011, les industriels des engrais en France ont ainsi vu leur chiffre d'affaires bondir de 28% sur un an, à 2,8 Mrds € selon l'Union des industries de la fertilisation (Unifa). Cette performance masque deux bémols. D'une part, le secteur n'a pas retrouvé le niveau record de 2008 (3,6 Mrds €). De l'autre, si l'effet prix a été bénéfique, les livraisons ont baissé sur la campagne 2011-2012. 8,4 millions de tonnes d'engrais ont été livrés, soit une baisse de 13% en un an. Les principaux segments, comme l'azote (-14%, 2,01 Mt), le phosphore (-15%, 427 000 t) et le potassium (-20%, 478 000 t) ont souffert des effets de déstockage, en raison de la sécheresse du printemps 2011. En revanche, les livraisons d'amendements minéraux basiques, pour corriger l'acidité des sols, ont atteint 2,1 Mt, soit une progression de 8,4%.

"Un prix du gaz naturel quatre fois moindre en Amérique"

Au-delà des chiffres, l'Unifa s'inquiète du double facteur réglementation et concurrence internationale. Sur le premier point, les acteurs du secteur se plaignent surtout de la réglementation environnementale déjà dure en Europe et qui l'est encore plus en France. L'inquiétude provient aussi de l'entrée au 1er janvier dans la 3e phase du système des échanges de quotas de CO2 (ETS). L'Unifa estime que 15% de la valeur ajoutée dégagée par les entreprises du secteur pourrait être engloutie. Une perspective lourde et qui manque de clarté. Car à quelques mois de l'échéance, « on ne connait pas encore le nombre de quotas alloués par entreprise et ceux à acheter. Certaines entreprises sont incapables de faire leur budget », se plaint Gilles Poidevin, délégué général de l'Unifa. Le secteur est d'autant plus amer que depuis 2005 et le démarrage des ETS, il a investi 50 M€ pour réduire de 5 Mt/an ses équivalents de CO2 rejetés, et qu'il a réduit de 65% ses émissions depuis 1990. Ce poids des réglementations est d'autant plus pénalisant que les concurrents non-européens en sont exemptés. Pire, les acteurs internationaux bénéficiant de ressources naturelles, en premier lieu de gaz naturel, disposent d'un second avantage de choix. A ceux du Moyen-Orient ou du Maghreb viennent de s'ajouter les concurrents implantés en Amérique du Nord et qui jouissent d'un prix du gaz naturel quatre fois moindre qu'en Europe grâce à la révolution des gaz non conventionnels. Gilles Poidevin note ainsi qu'il ne faudrait pas « laisser l'hypothèse des gaz de schiste de côté en Europe ».

Pour protéger la compétitivité du secteur, l'Unifa vient de publier une série de revendications. Sur le front intérieur, elle réclame la simplification des réglementations et un gel de la fiscalité. Elle demande aussi une procédure plus simple d'homologation des produits nouveaux. Sur le front externe, elle propose d'instituer une taxe carbone aux frontières de l'Europe, qui obligerait un importateur à acheter 4 t de CO2 pour 1 t d'ammonitrate importée. Reste à se faire entendre.

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