La croissance du crowdfunding tirée par le prêt en ligne
Le financement en ligne poursuit sa croissance, mais à un rythme moins rapide. Les outils de prêts en ligne se démarquent nettement du reste du financement participatif. Le signe d’un début de maturité pour le secteur.
La croissance effrénée de la finance participative commence à ralentir. Entre la faillite d’Unilend, site de prêts en ligne, et l’arrêt de son activité de financement en capital par Smart Angels, le secteur a connu quelques passages à vide en 2018. Les augmentations à trois chiffres des premières années laissent désormais place à une croissance à "seulement" deux chiffres, voire à un recul sur certains segments. "On commence à voir des taux de croissances relatifs à un marché plus mature", veut croire Stéphanie Savel, la présidente de Finance participative France et du site de crowdfunding Wiseed.
Selon l’étude annuelle réalisée par le cabinet KPMG pour FPF, le financement participatif a collecté 402 millions d’euros en 2018, soit 20 % de plus que l’année dernière. C’est le financement en prêt qui tire la croissance. Avec 273 millions de prêts accordés, il croît de 40 %. Le segment du don quant à lui régresse légèrement à 81,5 millions d’euros (-2 %). Et l’investissement en capital continue sa baisse entamée l’année dernière, avec seulement 47,1 millions d’euros investis (-19 %).
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Des acteurs alternatifs
Ces trois segments du crowdfunding, définis par le financement de projets par une foule d’internautes, s’accompagnent depuis quelques années par de nouveaux acteurs inspirés par la finance participative. Fonds de prêts, affacturage, cagnottes ou prêts à la consommation viennent compléter la palette de financements disponibles en ligne. En tout, selon l’étude de KPMG et FPF, ces acteurs alternatifs ont collecté plus de 1 milliard d’euros. En ajoutant ces acteurs alternatifs aux acteurs du crowdfunding, ce sont quelque 1,4 milliard d’euros qui ont été collectés en 2018 en progression de 39 %.
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à avoir recours à ce type d’outils. Près de 689 millions d’euros leur ont été consacrés en 2018, en progression de 31 % par rapport à 2017. Les TPE, PME et ETI ayant obtenu 494 millions d’euros de financement, les start-up 141 millions d’euros et l’économie sociale et solidaire, 54 millions d’euros.
"Les entreprises qui s’adressent aux plates-formes sont aujourd’hui des entreprises normales, ce qui n’était pas du tout le cas il y a quatre ans, assure Stéphanie Savel. On voit que le financement participatif trouve sa place. Ce ne sont pas les canards boiteux qui ne trouvent pas de financement ailleurs qui viennent nous voir."
Une grande diversité de secteurs économiques
L’immobilier représente aujourd’hui la majeure partie des financements en ligne (32 %). "Mais tous les secteurs économiques sont adressables, certifie la présidente de FPF. On voit émerger de nouveaux secteurs comme l’agriculture ou les énergies renouvelables, qui prennent plus de poids." L’environnement et les énergies renouvelables représentent 8 % des financements accordés. L’industrie, quant à elle, attire 14 % des financements en ligne.
Des outils de financement semblent toutefois prendre le pas sur d’autres aujourd’hui. Le financement en prêts gagne du terrain sur les autres outils. Et dans ce segment, les fonds de prêts en ligne - abondés par des investisseurs institutionnels - ont le vent en poupe, avec 319 millions d’euros de prêts accordés en 2018, contre 215 millions d’euros en 2017 (+48 %).
Les prêts participatifs par les internautes connaissent également une forte croissance (+40 %). Mais là aussi, des outils se démarquent. Le prêt traditionnel aux entreprises connaît une légère décroissance de près de 13 % (57,5 millions d’euros de prêts rémunérés accordés en 2018, contre 66 millions d’euros en 2017). Alors que les prêts obligataires en ligne connaissent une croissance toujours plus dynamique, de près de 75 % avec 202,4 millions d’euros d’obligations émises.
"On a du mal à être concurrentiels avec les banques sur le prêt car, pour attirer les particuliers, il faut des taux attractifs", explique Stéphanie Savel. Le financement par obligations est porté notamment par l’essor du secteur immobilier et des énergies renouvelables. Pour financer un projet, les promoteurs mixent la dette bancaire avec les fonds propres et quasi-fonds propres, ils font intervenir le crowdfunding en obligation dans le montage de leurs fonds propres. Et peuvent accepter des taux d’intérêt plus élevés.
Baisse du financement participatif en capital
Le crowdfunding en capital attire quant à lui de moins en moins d’internautes. La collecte n’a atteint que 47,1 millions d’euros en 2018, une chute de 19 % par rapport à 2017. "Certaines plates-formes étaient très orientées sur la réduction fiscale ISF avec des niveaux d’investissements élevés, proche de ceux des business angels, explique Stéphanie Savel. Mais il reste des plates-formes avec des tickets plus faibles, moins sensibles aux mesures fiscales."
Coup de pouce du gouvernement, la loi de finances 2019 prévoit une augmentation de la déduction fiscale sur l’impôt sur le revenu pour l’investissement dans les entreprises. Elle devrait passer de 18 % à 25 % du montant de l’investissement. A condition que la Commission européenne donne son accord.
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