"La crise de 2020 marque la fin des Trente Glorieuses de la mondialisation", selon Philippe Chalmin
Lorsque la pandémie de Covid-19 a surgi, le rapport Cyclope 2020 (dévoilé ce 9 juin) sur les marchés mondiaux était pratiquement bouclé. Philippe Chalmin, fondateur du Cercle Cyclope, qui édite chaque année le rapport éponyme, analyse la crise qui s’annonce à l’aune des crises précédentes, et son impact modéré sur les marchés de commodités.
L’Usine Nouvelle - Où en étiez-vous dans la rédaction du rapport Cyclope, publié ce 9 juin, lorsque survient le Covid-19 ?
Philippe Chalmin - Nous venions de faire le bilan d'une année 2019 marquée par un lent déclin des prix mondiaux, sans crise importante sur les marchés, mais marquée par des tensions géopolitiques majeures. On s'apprêtait à vivre une année 2020 assez calme. Le FMI prévoyait une croissance mondiale de 3 %, je faisais partie de ceux qui pensaient qu'il n'y aurait pas de récession aux États-Unis parce que Donald Trump mettrait les moyens, et la grande question était de savoir si la Chine ferait plus ou moins 6 % de croissance...
Les prix des matières premières étaient en baisse, marqués au coin des excédents, aux risques climatiques et géopolitiques près… Mais même ces risques n'allaient pas changer la face du pétrole, puisqu'un drone américain tuant le général Soleimani fin décembre n’avait fait monter le baril qu'à 70 dollars. Ce qui était bien peu, au vu du risque de blocage du détroit d'Ormuz. L'année 2020 promettait surtout, en termes géopolitiques, une interrogation centrale qu’était l'élection américaine.
J’étais donc parti, pour Cyclope 2020, sur le thème "Le grand désordre du monde". Yves Jégourel, qui sera probablement mon successeur, avait attiré mon attention sur une fresque peinte par Ambrogio Lorenzetti en 1338 pour la salle du gouvernement du Palazzo Publico de Sienne (Italie), qui représente une allégorie des effets du bon et du mauvais gouvernement. Pour sous-titrer le Cyclope cette année, nous avons choisi "Allegoria ed effetti del cattivo governo" (allégorie des effets du mauvais gouvernement).
L'illusion de la mondialisation heureuse dépassée
Qui est le mauvais gouvernant ?
Sur cette fresque, on voit la tyrannie qui préside entre l'avarice et la mauvaise foi. Si vous lui ajoutiez une mèche de cheveux, la tyrannie aurait de faux airs de Donald Trump. Les marchés ont été largement bouleversés par les guerres commerciales entre la Chine et les États-Unis, entre les États-Unis et l’Europe… Qui affectaient en première ligne les marchés de matières premières, de l'acier au soja.
Comment réagissez-vous lorsque vous comprenez l’ampleur de la crise que provoque le Covid-19 ?
Plutôt que de refaire complètement le rapport, nous faisons le choix d’ajouter un chapitre introductif d'une centaine de pages, remis à l'éditeur le 14 mai. Ce qui permet de faire la première analyse de cette crise de 2020, et de ses effets à la fois sur l'économie et les marchés mondiaux. Le titre correspondait relativement bien, et il se trouve que le malheureux Ambrogio Lorenzetti est mort dix ans après avoir peint cette fresque, victime de la peste noire. C'est plus qu'un clin d'œil, c’est la grande pandémie de référence.
Vous avez comparé les grandes pandémies et leurs effets ?
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