La communauté internationale s'inquiète de la taxation des importations d'acier
La décision de Donald Trump de taxer les importations d’acier et d’aluminium a suscité de très nombreuses réactions. De la France à la Chine, en passant par le Brésil, les principaux exportateurs de métaux n’ont pas hésité à exprimer leur mécontentement.
La décision a été enterinée jeudi 8 Mars au soir par Donald Trump : d'ici à quinze jours, les importations d'acier vers les Etats Unis seront taxées de 25% et celles d'aluminium de 10%. Tous les pays seront concernés à l'exception, pour l'instant, du Canada et du Mexique. La mesure, bien qu'attendue, n'en a pas moins fait réagir la communauté internationale.
Le Brésil, principal pays impacté
Avec 5,7 tonnes d’acier exportées par an aux Etats Unis, le Brésil est le principal pays impacté par les mesures annoncées par le président américain. Selon les calculs établis par le syndicat brésilien de l’acier, c’est un tiers de la production nationale - représentant l'équivalent de 3 milliards de dollars de revenus - qui pourrait être touché par l’augmentation des taxes. D’après le quotidien brésilien G1, les autorités nationales envisagent déja des mesures de représailles. Le pays, qui importe chaque année pour un milliard de dollars de charbon américain, pourrait, par exemple, diminuer ses commandes en attendant que le recours déposé à l’OMC n’aboutisse.
La Chine, onzième exportateur d’acier vers les Etats Unis, a également condamné fermement la décision de Washington. Dans un communiqué, le ministère chinois du Commerce a estimé que "l'abus de la clause de sécurité nationale par les États-Unis constitue une attaque délibérée du système commercial multilatéral incarné par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et aura certainement un impact grave sur l'ordre commercial mondial." Le pays n’a toutefois pas encore indiqué de mesures de représailles spécifiques.
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Concertation avec les aciéries européennes
A travers la voix du ministre de l’Economie, la France a exprimé son regret face à la décision annoncée hier. "La mesure américaine va peser sur le prix de l’acier et sur l’activité de toutes les aciéries en France et en Europe", a déploré Bruno Le Maire vendredi 9 Mars. Il a par ailleurs indiqué son intention de réunir dès lundi 12 Mars à Bruxelles l’ensemble des industriels de l’acier qui opèrent en France, afin de voir les mesures qu'ils attendraient des pouvoirs publics.
En début de semaine, l’Union Européenne, qui exporte pour environ 5 milliards d’euros d’acier et 1 milliard d’euros d’aluminium vers les Etats-Unis, affirmait réfléchir à l’établissement de taxes douanières sur certains produits pour compenser le manque à gagner lié à la décision américaine. Jeans, whisky, beurre de cacahuète, oranges de Floride… La liste de produits n’a toutefois pas encore été arrêtée.
De leurs côtés, les professionnels européens ont également réagi. Eurofer, l’association de l’acier européen, s’est fendue d’un communiqué exprimant sa préoccupation face à la potentielle inondation du marché européen qui pourrait découler du durcissement des importations américaines. "La perte des exportations vers les États-Unis, conjuguée à une poussée massive des importations dans l'Union Européenne, pourrait coûter des dizaines de milliers d'emplois dans l'industrie sidérurgique de l'UE et les secteurs connexes", a souligné Axel Eggert, le directeur général d'Eurofer.
Les industriels américains mécontents
Même sur le marché américain, la décision de Donald Trump est loin de faire l'unanimité. A l’image de la brasserie canadienne Molson Coors, grosse utilisatrice d’aluminium, qui a d’ores et déjà indiqué que cette mesure causerait une augmentation du prix de l’aluminium et se traduirait probablement par la disparition de milliers d’emploi dans l’industrie des canettes.
Une étude menée par le Beer Institute, le syndicat des industriels de la bière aux Etats-Unis, en début de semaine indiquait qu’une augmentation de 10% du tarif de l’aluminium pourrait détruire 20 300 emplois aux Etats Unis. "Ce sont les Américains et les travailleurs américains qui paieront le prix de cette décision" a expliqué l’industriel.
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