L'ultra "aéro-sensibilité" du commerce extérieur français
L'aéronautique est le principal excédent commercial de la France. Mais en trois ans, il a fondu de 12 milliards d’euros, à cause de problèmes d’offres et de demandes, selon l'Insee
Comment expliquer la faiblesse du commerce extérieur français ? L’Insee s’est penché en détail sur le cas de l’aéronautique. Le secteur à lui seul n’explique pas la contre-performance de 2016. Avec 58 milliards d’euros de ventes à l’étranger, le secteur pèse environ 11 % des exportations françaises. Les ventes d’avions représentent aussi toujours le premier excédent commercial du pays. Mais depuis le pic de 32,5 milliards de dollars d’excédent atteint en 2013, celui-ci s’est fortement érodé. En trois ans, il a perdu près de 11,7 milliards de dollars. En 2015, il n’atteint plus que 20,8 milliards d’euros. L’évolution est notable car elle est rebours des autres principaux pays producteurs. Sur la même période, les Etats-Unis comme l’Allemagne ont renforcé leurs excédents commerciaux.
Pour l’Insee, l’érosion de l’excédent commercial tient à plusieurs facteurs. Avec la baisse des prix du pétrole, le marché des avions d’affaires et des hélicoptères, pour lesquels la France dispose de deux grands fabricants Airbus helicopter et Dassault, connait un trou d’air et a vu ses exportations fléchir.
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Dans l’aviation civile, l’industrie aéronautique a aussi cumulé des problèmes d’offre et de demande. Les importations de pièces et d’équipements ont progressé très fortement (+14 % en 2016), principalement pour les moteurs d’avions dus aux choix technologiques réalisés par Airbus. L’Insee souligne que 85 % des avions livrés par Airbus en 2015 étaient équipés d’un moteur fabriqué à l’étranger, contre 75 % en 2007. A cela s’ajoute une baisse des exportations aéronautiques françaises pour cause de retards de livraisons et de difficultés à suivre la montée en cadence.
Pour l’an prochain en revanche, la résorption partielle des goulots d’étranglement dans les capacités de production devrait permettre d’accélérer à nouveau les livraisons à l’étranger. Elles devraient progresser de 5,7 % d’ici l’été, après avoir stagné en 2016. Résultat : l’aéronautique devrait participer à l’amélioration des perspectives du commerce extérieur. En 2016, il avait amputé de 0,7 % la croissance. L’effet devrait être neutre l’an prochain.
L’Insee souligne aussi que la France est le pays le plus dépendant de ses exportations d’avions. Lorsque la demande mondiale d’avions progresse de 10 %, l’économie française gagne un surplus de 0,1 point de croissance de son PIB. Aux Etats-Unis, l’effet serait plus faible de 30 % environ, estiment les statisticiens. Une dépendance qui ne tient pas qu’à la seule force du secteur.
Mais reflète aussi a contrario à l’affaiblissement du reste de l’industrie française. Alors que l’aéronautique a maintenu sa part de marché mondial entre 2001 et 2014, les autres secteurs industriels ont vu leur part de marché s’éroder de près de près de 1,7 points.
L'ultra "aéro-sensibilité" du commerce extérieur français
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