[L’Odyssée Managériale] Le tour du monde de deux étudiants - Episode n°4 : le Costa Rica
On les avait quittés au Brésil, on les retrouve au Costa Rica. Thibaud Huriez et Romain Thievenaz poursuivent leur tour du monde à la recherche d'innovations managériales, dans ce pays surnommé la Suisse d'Amérique centrale, où 60 % des recettes de l'Etat sont allouées aux salaires des fonctionnaires.
Nous sommes partis le 9 novembre dernier pour dénicher des innovations managériales à travers le monde. Après une première partie en Europe du Nord (Pays-Bas, Danemark et Suède) et une seconde au Brésil, nous décidons de nous envoler pour le Costa Rica afin de contourner le Travel Ban des Etats-Unis. Communément appelé la “Suisse d’Amérique Centrale” ce petit pays de 5 millions d’habitants est l’endroit au monde qui compte le plus de biodiversité au mètre carré. Nous vous rapportons, dans cette chronique, toutes nos découvertes d’Amérique Centrale.
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Une culture atypique
Nous ressentons un mélange vibrant de culture coloniale espagnole, d’héritage indigène, d’influence chinoise, jamaïcaine et américaine. Les ticos sont décontractés, amicaux et accueillants. Démilitarisé depuis 1949 au profit “d’une armée de professeurs” (8% du PIB est consacré à l’éducation), le Costa Rica nous étonne par le poids du secteur public (60% des recettes de l’Etat sont allouées aux salaires des fonctionnaires).
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De nos interviews, nous comprenons que l’expression “Pura Vida”, véritable philosophie de vie positive du pays, est propice à une culture du “oui” en entreprise. Les costaricains sont très disposés et acceptent facilement de nouvelles tâches, sans pour autant les finir toutes dans les délais impartis. Point commun avec le Brésil, nous retrouvons ici, de longues journées de travail (contrat de 48 heures par semaine).
Un pays exemplaire sur l’environnement
“En 2035, mes petits-enfants auront la même empreinte carbone que celle qu’avaient mes grands-parents dans les années 40. Et en 2050, leur empreinte carbone sera nulle” déclare Carlos Manuel Rodríguez, alors ministre de l’Environnement, lors de l’annonce du plan de neutralité carbone à horizon 2050. Le Costa Rica devient le premier pays au monde à proposer un plan aussi ambitieux. Dans nos recherches, nous dénichons, plus rapidement que les précédents pays que nous avons visités, des organisations à but social et environnemental.
Nous avons interviewé Ethel, coordinatrice des pratiques de management responsable de l’alliance AED du Costa Rica. Cette organisation à but lucratif compte 120 entreprises engagées pour le développement durable. AED ne certifie pas les entreprises mais les accompagne à travers des formations de leadership responsable et des moments d’échange où tous se réunissent.
En matière d’environnement, les pouvoirs publics multiplient les projets. En témoigne la création du “blue flag program” en 2004, un programme de certification des plages selon la qualité de l’eau, l’élimination des déchets, l’éducation environnementale et d’autres critères de ce type. Ce programme, à l’origine réservé aux plages, a maintenant été étendu à tous types de communauté et on peut trouver de nombreuses collectivités et écoles qui arborent fièrement le drapeau bleu écologique.
Nos coups de coeur
Nous avons beaucoup apprécié notre visite de l'Université du Costa Rica, au bureau du management de l’innovation et du transfert de connaissances. Mauricio, ingénieur industriel de formation, nous a accueillis et expliqué que son rôle est de veiller à ce que toute découverte des cinquante chercheurs de l’université puisse bénéficier au plus grand nombre, dans un but non lucratif et social.
D’une application pour informer les touristes sur la dangerosité des courants, au changement du menu des cantines scolaires, en passant par le développement d’un produit cosmétique dans une petite ferme de Monteverde, Mauricio veille à réunir et faire travailler ensemble différentes parties prenantes qui ont des intérêts communs et sans que leur finalité soit liée au profit.
Lors de nos échanges avec Cristina, directrice de l’Impact Hub de San José, nous parlons de l’importance de combler les besoins personnels de chacun de ses collaborateurs. “Nous ne sommes pas simplement dans une relation transactionnelle et chacun des employés a des besoins, des envies”. Pour cela, il est important de respecter les trois niveaux de besoins (ou “trois cercles de besoins”) : les besoins personnels de chacun, les besoins interpersonnels et les besoins de l’organisation. Les besoins personnels étant à la base de tout cela. Ils ont alors un principe général qui est que “chaque individu est vu en tant que personne avec des besoins personnels” et pas simplement comme un capital ou une ressource. Pour répondre à cela, à chaque début de réunion, son équipe se demande quels besoins personnels ont été comblés lors de la semaine précédente et quels sont ceux qui vont être comblés par les échéances à venir.
La bonne pratique Covid
Mobius est un cabinet de conseil costaricien qui accompagne les organisations vers des modèles opales, au sens de Frédéric Laloux : raison d’être évolutive, plénitude et auto-gouvernance. David Bullòn est consultant et nous explique la différence (souvent oubliée) entre appréciation et feedback. Pour lui, le feedback possède une dimension objective et constructive et doit être réalisé de manière collective, en revenant par exemple sur un projet et sous la forme d’un REX (retour d’expérience). Il ne doit pas être personnel, à l’inverse de l’appréciation qui est davantage subjective et gratuite. Il identifie alors cinq niveaux d’appréciation : “Il faut savoir apprécier ses collaborateurs pour leur travail, leurs actions, leur relationnel, leur cadeau et leur temps”.
Il encourage les entreprises à disposer d’espaces (un tableau blanc dans un couloir ou une chaîne Slack, plate-forme de communication collaborative) qui permettent à chacun de laisser des messages d’appréciation, courts, parfois anonymes et à tout moment.
Thibaud Huriez & Romain Thievenaz
Notre passage au Costa Rica aura été court et marqué par un changement de dernière minute mais riche d’enseignements (nous prévoyons de nous rendre au Chili avant que le pays se referme). C’est aussi ça, voyager dans cette période. Rendez-vous dans 2 semaines pour découvrir, en exclusivité sur le site de l’Usine Nouvelle, nos deux mois d’aventures en Californie !
Les avis d'experts sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs et n'engagent en rien la responsabilité de L'Usine Nouvelle.
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