[L’industrie c’est fou] Effrayantes mais serviables, ces blattes vivantes sont téléguidables
La blatte va-t-elle devenir votre prochain périphérique audio ou robot de compagnie ? Une équipe de chercheurs japonais a dévoilé un dispositif permettant de contrôler ces insectes alors qu'ils sont toujours en vie.
N'appelez pas les exterminateurs ! Ces blattes veulent votre bien. Une équipe d’ingénieurs japonais a peut-être trouvé la solution pour réconcilier l’humanité avec ces insectes souvent considérés comme nuisibles. Présenté en octobre, l’étonnant projet propose de piloter les animaux pour accomplir des petites tâches dans votre maison.
Les blattes téléopérées ont été dévoilées par Digital Nature Group, un écosystème rattaché à l’université de Tsukuba (Japon). Les chercheurs veulent créer des ponts entre le monde virtuel et le monde matériel, entre les êtres humains et les machines. Leur nouveau travail, intitulé Calmbots, est défini comme une “interface utilisateur”.
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(Cette blatte téléguidée équipée d'un feutre pourrait écrire à votre place à l'avenir. Crédit : Digital Nature Group)
Des insectes domptés par stimulation électrique
Les dompteurs d’insectes ont jeté leur dévolu sur la blatte de Madagascar, un spécimen qui peut tout de même atteindre jusqu’à sept centimètres. Pour contrôler ces créatures encore vivantes, les ingénieurs ont harnaché sur leur dos des électrodes. Des stimulations électriques permettent ensuite de piloter les mouvements de l’animal.
L’équipe explique aussi s’être inspirée du fonctionnement des colonies de fourmis. “Il y a un certain pourcentage de fourmis qui ne travaillent pas mais elles gèrent des erreurs du système en tant que suppléantes en cas d'urgence. [...] Nous avons mis en place un algorithme qui permet à l'individu suppléant de traiter les erreurs des autres individus, ce qui augmente le taux de réussite de la tâche”, développent les chercheurs.
Un champ d’application effrayant mais varié
De quelles tâches parle-t-on précisément ? Dans la vidéo du Digital Nature Group, les blattes parviennent à pousser des petits objets ou même à tracer des petits dessins sur une feuille. Une façon de réinventer l'art ancestral de la calligraphie.
Selon les chercheurs, cette interface insolite pourrait servir de périphérique audio ou de dispositif haptique, c’est-à-dire un système qui restitue à l’utilisateur la perception du toucher dans un environnement virtuel (les manettes vibrantes représentent un exemple célèbre). Un peu comme des elfes de maison, ces insectes robotiques pourraient sortir “de nulle part, sans que nous les reconnaissions, remplissant leurs tâches et se cachant ensuite”, imaginent les chercheurs. Des perspectives effrayantes mais qui ont l'avantage de renouveler notre curiosité sur le thème de la maison intelligente.
Le projet peut aussi avoir un intérêt artistique. L’un des membres de l’équipe avait d’ailleurs présenté en janvier une expérience baptisée “Cosmeticroach”. Là aussi des cafards étaient pilotés par stimulation électrique. Ils étaient cette fois posés sur le visage d’une personne pour lui servir de maquillage ou d’accessoire de mode.
On peut bien évidemment regretter l’exploitation animale qui sous-tend ce projet. Les chercheurs louent toutefois les capacités des blattes à se dissimuler, à s’auto-entretenir ou à se déplacer. “Nous avons contrôlé les blattes de Madagascar avec une grande mobilité de déplacement sur les murs, les tapis, et du sol avec des câbles, où les robots ne sont pas faciles à utiliser”, affirment les ingénieurs.
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